Grande Enquête/Zones aurifères de la région du Hambol/Nouvel Eldorado des immigrés de la CEDEAO

Grande Enquête/Zones aurifères de la région du Hambol/Nouvel Eldorado des immigrés de la CEDEAO

In lepointsur.com 15 décembre 2014-La recherche de l’or attire les migrants vers les zones aurifères de la région du Hambol, malgré l’interdiction de l’exploitation clandestine par le gouvernement ivoirien.

Des réseaux entretenus en complicité avec des autorités coutumières, administratives et politiques locales, favorisent cette pratique. Les conflits se multiplient avec les populations locales, du fait des atteintes à l’environnement et à la santé des populations qui  risquent d’en pâtir.

L’atelier de renforcement des capacités des journalistes ivoiriens sur les migrations en Afrique de l’Ouest, tenu du 25 au 29 août 2014, en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest dans le cadre de son projet « Reporters des frontières-Vers un réseau africain de journalistes, professionnels et citoyens, spécialisés sur les questions migratoires», soutenu par l’Union européenne nous a permis de faire cette deuxième publication.

À Kafiné, votre collaborateur (en gilet) en compagnie de quelques enfants de migrants (Ph: S.K.)

Dans la  forêt du Kobo qui s’étend sur 16.000 hectares, tout comme dans plusieurs autres forêts de la région du Hambol, il se déroule des activités illégales au nez et à la barbe des autorités administratives, élus, cadres et garants de la tradition de cette contrée. Des zones détruites par des producteurs de charbon, à partir des sciages artisanaux de bois, l’emploi des mineurs dans l’orpaillage, etc. Un véritable royaume d’activités illégales où des migrants, de nationalité malienne, burkinabé, ont installé des campements pêle-mêle.

‘’Nous sommes ici depuis plus de dix ans et nous n’avons pas de problèmes avec nos tuteurs’’, soutient notre interlocuteur, le chef de la communauté malienne, Camara Mohamed vivant à Lofiênan, l’un des campements d’orpailleurs perdu en pleine forêt de la région du Hambol. En effet, l’homme, d’une soixante d’années, vit avec sa famille, ses trois enfants et d’autres peuples des communautés des pays voisins de la Côte d’Ivoire. Ils ont pu s’y installer grâce à l’hospitalité des autochtones, garants de la tradition. A Kafiné, sur les traces des orpailleurs clandestins, nous découvrons un village envahi par des constructions anarchiques. Des habitations en baraques couvertes de bâches noires  jouxtent des maisons construites en dur.  ‘’Ce sont des habitations construites par des étrangers qui sont venus dans ce village à la faveur de la longue crise qu’a connue  le pays’’, nous révèle le porte-parole du chef du village, Coulibaly Lanciné. Diallo Sylla, l’un des occupants des baraques qui s’est ouvert un petit commerce de vente de cigarettes en provenance de certains pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, nous édifie : ‘’Je vis très bien ici. Je suis venu du Mali depuis 2005, grâce à mon frère qui travaille où on extrait l’or de l’autre côté’’. Pour atteindre le village de Kafiné situé à une dizaine de kilomètres de la zone aurifère où le métal précieux est extrait de façon artisanale et dans des conditions clandestines, il nous aura fallu parcourir environ 40 minutes à moto, sur une piste tortueuse, perfide et pleine d’embuches. Dans cette savane arborée, une forte communauté des populations de la CEDEAO vit en parfaite harmonie.

Ce n’est pas le chef de la communauté, le sexagénaire Doumbia Bakary  de nationalité burkinabé qui dira le contraire. “Cela fait plus de vingt ans que je vis ici. Les autres m’ont choisi pour être leur chef parce que je travaillais comme métayer dans les plantations d’anacardes, mais cela ne rapporte pas grand-chose”, a fait savoir Doumbia Bakary qui, en plus de sa famille de huit enfants dont six garçons, s’est reconverti au métier d’orpailleur.

Dans cette savane arborée, une forte communauté des populations de la CEDEAO vit en parfaite harmonie (Ph:S.K.)

Vu que le sexagénaire ‘’s’en sort’’, il a fait venir certains de ses parents restés au Burkina-Faso. Il en est de même pour Mamadi Koné, de nationalité malienne qui fait office de chef du site qui, en plus de ses deux épouses et onze enfants, a accueilli plusieurs de ses compatriotes. A une vingtaine de kilomètres, le village de Lôfiénan abrite la plus importante des mines d’extraction d’or de la région du Hambol. Plus de trois cents personnes vivent de cette activité. Elles travaillent sur le site depuis des années, dans des conditions précaires. La localité de Lôfiénan, située à une quarantaine de kilomètres de Katiola n’est pas seulement un site de transit ou de passage. Des communautés de diverses origines y habitent et  travaillent.  L’extraction de l’or est leur principale activité. Il y a une forte concentration de la communauté malienne, dont le pays est le troisième plus grand producteur d’or d’Afrique. ‘’C’est vrai que la plus grande population ici, est malienne, mais, nous travaillons aussi avec des filles et fils de la région’’, a révélé Cissé Bakary, le responsable du comité des orpailleurs du village. À côté de ces hommes robustes, de nombreux enfants, au corps frêle, travaillent et côtoient le  mercure, cette substance toxique utilisée pour séparer l’or du minerai.  Or, selon des experts, ‘’le mercure attaque le système nerveux central et s’avère particulièrement nocif pour les enfants’’.  Toute chose qui ‘’met en péril la vie des orpailleurs, en général, et celle des enfants, en particulier’’. La plupart des migrants intra-régionaux sont des migrants économiques effectuant des migrations circulaires et transnationales. C’est le cas de Kaboré Adama qui, depuis 2002, s’est installé dans la zone aurifère grâce à son frère aîné.

Le dynamisme de l’accueil par la Côte d’Ivoire en la matière en 2010 est estimé à 2.406.713 immigrés, selon Dr Konan Silvère, maître-assistant, UFR des Sciences Economiques et de Gestion, Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES) de l’Université Félix Houphouët-Boigny, soit 29 % du total des immigrés dans la zone. Suivent respectivement le Ghana (22%), le Nigeria (14%) et le Burkina Faso (13%).

Des migrants  « perdus » en zone clandestine

Faire fortune de façon artisanale dans une mine d’or clandestine n’est pas chose aisée. Il s’agit plutôt d’un véritable parcours du combattant. Les orpailleurs travaillent dans des conditions difficiles. Si certains d’entre eux désespèrent et tentent de rentrer dans leur pays d’origine, comme Mamadi Tiendrébéogo, originaire du Burkina Faso, ce n’est pas le cas pour dame Korotoum Sally de nationalité malienne. Selon elle, l’exploitation de l’or, bien que difficile et risquée, permet de subvenir à ses besoins. ‘’Nous sommes arrivées ici, ma famille et moi dans des conditions très difficiles. Si cette activité n’existait pas, nous ne saurions quoi faire’’, se défend-elle avec, à ses côtés, sa sœur cadette Sally Sally. L’exploitation de cette mine d’or, bien qu’artisanale, profite surtout aux acheteurs de gros calibre et au chef de terre. Ce dernier perçoit chaque semaine, la somme de 25.000 FCFA. Le gramme d’or extrait est acheté à 12.000 FCFA. Madame Sory Boukary et Singo Lama sont des acheteurs que nous avons rencontrés sur le terrain. Singo Lama, lui, exerce le métier depuis 1987. ‘’J’achète l’or avec les clandestins et je le revends, soit aux bijoutiers, soit à d’autres personnes plus offrantes’’. Concernant le prix du gramme, l’acheteur clandestin a indiqué que “le prix du gramme d’or varie selon les périodes et oscille entre 17.500 FCFA et 21.000 FCFA“. Cette assertion a été rejetée du revers de la main par Ouédraogo Oussou, âgé d’environ 30 ans, qui a exercé le métier de chercheur d’or et qui ne veut plus entreprendre une telle aventure. ‘’Le prix du gramme d’or varie entre 1.2000 FCFA et 12.500 FCFA’’, a-t-il précisé. ‘’Après avoir fait les zones de  Lofiênan, Kafiné et Daga, je n’ai pas eu gain de cause, malgré les conditions difficiles dans lesquelles nous cherchons  l’or. J’ai tenté cette aventure dans l’espoir d’économiser 1 à 2 millions de FCFA afin de réaliser mon rêve de commerçant grossiste, mais je n’ai eu aucune chance. Au bout, c’était ‘’une vie d’enfer’’, a-t-il ajouté.

En effet, outre le travail pénible, le cours d’eau qui sert à laver l’or est le même que les populations utilisent pour la consommation. Conséquence : ces populations sont exposées à des maladies hydriques. Quant à la nourriture, ‘’nous mangeons pour survivre’’, s’est-il confié à nous sans rentrer dans les détails. ‘’Le métier d’orpaillage clandestin est très dangereux. Je ne le conseillerai jamais à mes proches’’,  a conclu Ouédraogo Oussou.

Le travail des migrants, très harassant

Tableau du Bilan des migrations

C’est connu de tous. Le travail des enfants dans l’orpaillage est fréquent dans de nombreux pays à travers le monde, en particulier dans la ceinture aurifère de l’Afrique de l’Ouest. Il s’étend aux pays suivants : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Niger, le Nigeria et le Sénégal. La communauté la plus importante à Lofiênan, dans la forêt du Kobo, vient du Mali. C’est ce qui nous a été révélé par Cissé Bakary, responsable du comité des orpailleurs de ce village. ‘’C’est vrai qu’ici, la plus grande population est malienne, mais nous travaillons aussi avec des filles et fils de la région’’, a-t-il indiqué. L’Organisation internationale du travail (OIT) devrait réactiver l’initiative mondiale ‘’Minors out of Mining’’ (Les mineurs d’âge hors des mines). Le  programme avait  été lancé en 2005 pour éradiquer le travail des enfants dans  l’industrie minière. Mais, en Côte d’Ivoire, le gouvernement ferme les yeux sur la situation.

Une école pour les enfants des orpailleurs délaissée dans la forêt

Kafiné est un campement situé à 17 km de Ouréguékaha, village-noyau situé à 1 km de l’ancien village ainsi que du barrage sur le fleuve Nion. Nous y avons  découvert une école primaire complètement abandonnée. C’est dans cet établissement de six (6) classes que les enfants des orpailleurs vont à l’école. La 6ème classe, selon un enseignant rencontré sur place, était à l’origine un magasin. Malgré tous ces efforts, l’école a été abandonnée par l’Etat de Côte d’Ivoire. Les enseignants affectés par l’Etat sont confrontés à de nombreuses difficultés, entre autres, des problèmes de logements. Seulement quatre habitations sont disponibles pour six enseignants. Des bâtisses dont la peinture date des années mathusalem. Conséquence : les  résultats sont catastrophiques. Pas plus de  quatre (4) admis  à l’entrée en 6e en 2013. ‘’Nos enfants n’ont même pas de cantine et l’IEP la plus proche est à Niakara, à 18 km d’ici’’, a déploré l’instituteur de la classe préparatoire 1ère année (Cp1), Coulibaly Bamory.  ‘’En plus de voir l’avenir de leurs progénitures compromis, les  villageois sont troublés par le  curage des digues du barrage. Bien que le village soit légèrement en hauteur, ils vivent au quotidien dans la crainte.  Nous craignons  une inondation du village en cas de crue’’, a révélé Silué Mamadou. Pourtant, l’État, à travers  le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), en visite, dans cette localité, leur avait fait des promesses en vue d’apporter une solution aux préoccupations des villageois. Pouvait-on en arriver là si l’exploitation de la zone aurifère était faite par une société ?

Plusieurs constructions en baraques

De plus, le campement est envahi par des constructions anarchiques. Des habitations en baraques couvertes de bâches noires,  qui jouxtent des maisons construites en dur, à Kafiné. ‘’Ce sont des habitations construites par des étrangers venus dans ce village à la faveur de la longue crise qu’a connue  le pays’’, nous a indiqué le porte-parole du chef du village. En effet, selon Diallo Sylla, l’un des occupants qui s’est ouvert un petit commerce de vente de cigarettes de contrebande, nous édifie. ‘’Je vis très bien ici. Je suis venu du Mali depuis 2005, grâce à mon frère qui travaille où on extrait l’or de l’autre côté.’’ Le campement de Kafiné est situé à une dizaine de kilomètres de la zone où le métal précieux est extrait de façon artisanale et dans des conditions clandestines. Il nous a fallu environ quarante minutes pour constater qu’il y a une forte concentration de populations de la CEDEAO dans cette forêt de l’ancien village d’Ouréguékaha.

À quelque 5 km de Lofiênan, le campement où l’or est extrait clandestinement, l’on peut apercevoir des puits profonds un peu partout. Signe que le lieu de l’extraction de l’or n’est pas loin. A première vue, ces endroits ressemblent trait pour trait à des tombes délaissées. De  véritables profondeurs à ciel ouvert qui représentent un véritable danger pour les hommes et les animaux. En effet, au fur et à mesure que nous avançons à moto dans cette forêt, mon guide, l’un des fils du chef de terre d’Ouréguékaha a du mal à se retrouver parmi les innombrables pistes, toutes perfides les unes que les autres.

La peur commence à nous envahir. Laquelle des différentes pistes va-t-elle nous conduire directement à la zone la plus proche ? La question trottait encore dans nos esprits quand nous sommes tombés sur un groupe de chasseurs traditionnels, plus connus sous l’appellation ‘’dozos’’.  Une dizaine de dozos, dans une posture assez inhabituelle, ils étaient en train d’extraire eux aussi de l’or. A  notre vue, ils ont brandi leurs armes. Tout tremblotant, j’ai levé mon mouchoir de poche en guise de paix, sur instruction de mon guide. C’est ainsi que le guide a pu échanger avec les dozos-chercheurs d’or en malinké (principale langue parlée dans la partie Nord de la Côte d’Ivoire et dans les pays limitrophes), non sans laisser la somme de 5.000 FCFA. Notre générosité s’est avérée payante. Les dozos  nous confient à leur tour, à un  guide qui nous conduit directement à Lofiênan. Ici, toujours la peur au ventre, nous faisons la connaissance du maître des lieux, Yéo Tim. Après quelques échanges avec notre guide, nous sommes autorisés  à prendre quelques images. ‘’Vous pouvez prendre des images, mais personne ne peut vous donner des informations ici. Nous avons notre grand chef au village’’, a-t-il indiqué.

Le capitaine des eaux et forêts de Niakara, Zikobouo Cécile (Ph:S.K)

Dans le village de Daga, situé à  environ 44 km de Katiola en passant par Ouanadiekaha, pour une population estimée à plus de 7.000 habitants, selon la chefferie, de nouvelles arrivées sont fréquentes. Elles sont de toutes les nationalités. Il s’agit des Ivoiriens, Burkinabès, Maliens, Guinéens, Ghanéens,…‘’Vu notre hospitalité légendaire, après présentation des nouveaux venus par ceux qui les accueillent, nous accueillons à bras ouverts’’, a précisé  le chef du village, Touré Gnefan, pour faciliter l’insertion de ces derniers.

La zone aurifère de Daga est dotée d’un forage muni d’un réservoir de 10m3 et d’un bidon de 20 litres. L’électricité (produit à l’aide de générateur)  y est commercialisée à 1.000 F par semaine. Les taxis-motos sont les moyens prisés pour se rendre de Katiola, capitale de la région du Hambol. À Daga, le prix du transport est de 6.000 FCFA.  D’Ouanandiekaha à Daga, le prix du transport est négociable entre 3.000 et 2.500 F. C’est de là que la majorité des migrants partent pour les différentes zones aurifères, une fois arrivés dans la région du Hambol.

C’est un groupe bien organisé qui est présent sur les six sous-préfectures de la région du Hambol, à savoir, Tafiré, Badikaha, Haricokaha, Niédiékaha, Tortiya et  Niakara.

Pour combattre cette activité illégale, le capitaine des Eaux et Forêts de Niakara,  Zikobouo Cécile et ses éléments multiplient des actions de sensibilisation. Et pour cause. ‘’À la faveur de la crise, il y a eu la dégradation de la forêt, révèle-t-elle avant d’ajouter, quand un domaine est décrété forêt classée, tout ce qui est illégal concernant l’extraction clandestine de l’or, le déboisement ne doit pas se faire’’. Selon elle, en 2012, ce sont 32 hectares de reboisement qui ont  pu être réalisés en milieu rural. Ce qui a valu à ce cantonnement les ”félicitations” du ministre de l’Environnement. ‘’Cette année, nous sommes en train de prendre des dispositions pour faire mieux que l’année dernière’’, assure-t-elle. Pour cela, le cantonnement  a lancé un projet ‘’une école, 5 ha’’, soit environ une superficie de 60 hectares“, révèle l’officier avec un brin d’optimisme. Une mission que Zikobouo Cécile et ses hommes souhaitent mener à bien grâce à l’appui du ministre de tutelle. En attendant, ce qui choque dans ces forêts éloignées, c’est  le nombre d’enfants de moins de dix ans qui travaillent aux côtés de leurs mères, et des  hommes, dans ces mines aurifères.

Le village de Lôfiénan abrite la plus importante des mines d’extraction d’or de la région du Hambol (Ph:S.K)

Les décès liés à l’orpaillage illicite préoccupent de plus en plus les autorités ivoiriennes qui affichent leur détermination à endiguer le phénomène si récurrent dans plusieurs régions du pays.

Des dispositions prises par le gouvernement ivoirien, mais…

La problématique de l’orpaillage non réglementaire se pose avec acuité. Des milliers d’orpailleurs, qui ont fait leur apparition depuis quelques années, exploitent illicitement l’or dans des dizaines de mines artisanales à travers le pays.

Affrontement entre allogènes et autochtones

Plusieurs cas de violences ont été signalés dans les périphéries des sites miniers dans diverses localités. Un affrontement sanglant en juillet 2014, entre orpailleurs artisanaux allogènes et autochtones à Angovia (Centre-ouest, département de Bouaflé) avait fait trois morts. Suite au drame, le Ministre en charge de la Défense, Paul Koffi Koffi s’était rendu sur les lieux dans l’optique de mettre un coup d’arrêt aux pratiques anormales.

Le ministre avait rappelé l’existence d’un code minier en Côte-d’Ivoire, qui régit l’exploitation de l’or et a demandé aux orpailleurs clandestins de suivre la procédure en se faisant enregistrer au ministère en charge des Mines. “On ne vous empêche pas d’exploiter l’or, mais celui qui ne suit pas la procédure s’expose à la loi et à des sanctions pécuniaires, pénales et j’en passe“, avait-t-il prévenu. Ajoutant que les sociétés minières installées dans les régions peuvent également déposer plainte contre tous ceux qui exploitent illicitement leurs périmètres.

Sériba Koné, envoyé spécial dans le Hambol

Encadré 1

Des éboulements fréquents

Des pertes en vie humaine sont également liées aux éboulements enregistrés parfois sur les sites. En Octobre 2014, cinq mineurs dont des enfants ont été tués et quatre autres blessés grièvement dans l’effondrement d’une mine d’or clandestine à Sakassou, dans le centre du pays. ‘’Les victimes exploitaient une mine clandestine, à travers l’activité de l’orpaillage’’,  a expliqué le préfet de Sakassou, Ange Tchikaya Kouakou, déplorant la fréquence de ce genre d’accidents sur le site.

Par ailleurs, à plusieurs occasions, les autorités ont dénoncé l’utilisation de produits toxiques et polluants utilisés dans l’exercice de ce métier.

Lors d’une visite de terrain début mai 2014, le ministre ivoirien des Mines, Jean Claude Brou, a dénoncé un orpaillage qui s’exerce de manière illicite et en dehors des règles du métier, avec l’utilisation de produits toxiques et polluants tels que le mercure et le cyanure.

Malgré ces appels et ses mises en gardes, ces mineurs illégaux continuent d’utiliser ces produits détériorant chaque jour davantage l’environnement. Les chefs des populations bénéficient de quelques avantages, très insignifiants d’ailleurs, fermant les yeux sur cette pratique, ignorant qu’ils préparent une véritable calamité environnementale pour leurs progénitures et les générations futures.

L’Etat de Côte d’Ivoire doit cesser de se contenter de pondre des communiqués; il doit sévir pour éradiquer ce phénomène afin de sauver la vie des populations présentes et celle des générations à venir. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir?

Sériba Koné, envoyé spécial dans le Hambol

Encadré 2

Un plan de rationalisation adopté

Selon Monsieur Jean Claude Brou, le Gouvernement a adopté un plan de rationalisation de l’orpaillage dont l’objectif principal est d’assainir, organiser et encadrer l’activité. ‘’L’orpaillage est une activité qui est prévue par le Code minier ivoirien. Lorsqu’il est mené de manière légale et pratiquée dans les règles de l’art, il peut être source de revenus pour les populations. Cependant, s’il est illégal et non autorisé, il est d’une nuisance extrêmement dangereuse pour la région et le pays tout entier’’, a-t-il noté.

Pour celui-ci, il est question de passer d’une activité d’exploitation minière clandestine, illégale et non maîtrisée, à une activité minière artisanale légale, autorisée et respectueuse des règles du métier. Face à la situation qui perdure, le Gouvernement ivoirien a décidé d’engager une véritable “guerre” contre l’orpaillage illicite.

Sériba Koné, envoyé spécial dans le Hambol

Encadré 3

La répression en marche

Sous l’impulsion des autorités sécuritaires et minières, des opérations de répression ont été mises en marche. Récemment, les Forces de Sécurité ont procédé à l’interpellation de plusieurs orpailleurs clandestins à Ferkessédougou (Nord) et dans plusieurs autres zones du pays. Selon un officier des Frci (Forces républicaines de Côte d’ivoire), la traque aux clandestins, qui pullulent de plus en plus, se fera ‘’sans état d’âme’’. Lors d’un Conseil des Ministres, le Gouvernement ivoirien avait ordonné la fermeture de tous les sites d’exploitation artisanale d’or non autorisés, en vue d’en ‘’assurer la maîtrise et les conséquences’’.

La Côte d’Ivoire a inauguré, en début d’année 2014, sa quatrième mine d’or dans le Sud-ouest du pays, censée faire passer la production aurifère nationale, actuellement de 13 à 16 tonnes par an. L’activité minière ne représente pas plus de 5 % du PIB, selon le ministère des Mines. Faut-il le noter, le sous-sol ivoirien contient de l’or, du diamant, du fer, du nickel, du manganèse, de la bauxite et du cuivre. Seuls l’or et le manganèse sont exploités industriellement.

Sériba Koné, envoyé spécial dans le Hambol

 

 

 

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