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À la 23e journée nationale de la Paix, la ministre Mariatou Koné dit ce que les autres pensent bas (Par Fernand Dédêh)

À Barthelemy Zouzoua Inabo: Une hirondelle ne fait pas le printemps. Elle annonce au moins le printemps. Un journaliste a dit de la ministre de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de La lutte contre la Pauvreté, Mariatou Koné, « celle -là, elle prêche dans le désert (…) quand elle appelle les hommes politiques à mettre balle à terre ou, quand elle dit aux Ivoiriens, la politique n’est qu’un jeu. La haine n’est pas un projet de société». Son discours détone.
Sa posture, dans un environnement socio-politique tendu, fortement nourri par les discours partisans, les propos belliqueux, injurieux même, irrévérencieux, les attaques et contre-attaques, les virements et revirements, est pour le moins particulière.

Journée de la Paix, un discours offensif et sans gants

Des diplomates, des représentants du système des Nations unies, des couches socio-professionnelles étaient présents. Ph.Dr

Yopougon, Place FICGAYO, place mythique des manifestations diverses, culturelles, sociales, sportives, économiques, veillées funéraires et politiques. FICGAYO, le cœur de Yopougon. Tous les hommes politiques ivoiriens ou presque, y sont passés, y ont prononcé au moins un discours, y ont dansé. C’est cet Espace qui a abrité la célébration de la 23e journée nationale de la Paix, édition 2019, vendredi 15 novembre 2019. À dessein. Et c’est à FICGAYO, à moins de onze mois de la présidentielle 2020, devant les autorités politiques et administratives de la Commune, devant les membres du gouvernement, les diplomates, les représentants du système des Nations unies, devant les couches socio-professionnelles, que la ministre en charge de la Cohésion sociale a vertement interpellé la classe politique nationale. Sans gants. Et sous les ovations de l’assistance.

« Hommes politiques ivoiriens, qu’est-ce qu’il y a ? pensez-vous à la souffrance des Ivoiriens ? Au lieu de penser des stratégies, des techniques et des stratagèmes pour vous neutraliser au détriment des Ivoiriens, pensez stratégies, techniques et stratagèmes pour apaiser les Ivoiriens, pour cultiver la paix et l’entretenir. Sortez de toutes les formes de violence ! La violence verbale précède souvent la violence physique. Les prémices d’une prochaine crise post-électorale sont déjà là, provoquant des angoisses chez les populations, malgré des discours rassurants qu’on entend par-ci et par-là ».

L’anthropologie appliquée à la politique

Quand on lui demande pourquoi un tel positionnement sur la scène politique? Elle répond le plus sereinement : « Je suis anthropologue. J’observe la société ». Professeure d’Anthropologie à l’université Felix Houphouët-Boigny d’Abidjan, experte et consultante internationale dans plusieurs domaines. Notamment, les problématiques foncières en Afrique, le développement rural, le genre, la santé, éducation, cohésion sociale, la question de la vulnérabilité des femmes … Elle a beaucoup écrit. Elle est plus connue dans les instituts de recherches et dans le milieu universitaire. Elle continue d’encadrer les étudiants et de diriger les thèses.
Les Ivoiriens la découvrent véritablement en 2012, quand elle est chargée de coordonner le programme national de la Cohésion sociale.

Nommée ministre par la radio

C’est le Premier ministre, Amadou Gon qui l’a révélé: « Le président de la République m’a demandé, alors que j’étais Secrétaire général de la présidence, de contacter une dame qu’il a écoutée à la radio sur les questions de la cohésion sociale et la réconciliation. C’est ainsi que je l’ai vue pour la première fois. »
En 2015, elle devient directrice générale du Programme national de la Cohésion sociale, puis le 12 janvier 2016, elle entre au gouvernement.

L’Universitaire méthodique

Elle ne fait jamais rien au hasard. Tous ses actes sont soumis aux questionnements de l’universitaire qui vit en elle, conceptualisés, exécutés et assumés. Elle convainc ainsi, dès sa prise de fonction, le gouvernement à donner un coup d’accélérateur à la réconciliation nationale. Elle se déplace alors à Accra pour rencontrer ses compatriotes en exil et leur donner les garanties nécessaires pour leur retour sécurisé au pays. Beaucoup sont rentrés. Certains ont hésité. Elle se bat dans le champ des vents contraires pour faire avancer la Cohésion sociale et réconciliation nationale.

Elle n’est pas toujours comprise, même dans son propre camp, mais cette ancienne handballeuse demeure droite dans ses baskets…

2020, année de la tolérance

À Yopougon, Mariatou Koné a demandé aux politiques, aux jeunes et aux femmes de promouvoir la tolérance, le bon ton et de créer un environnement social apaisé pour favoriser les actions de développement.

Le message a-t-il des chances d’être entendu et mis en pratique? Elle a le mérite de l’avoir dit…

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