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[Après deux jours de manifestations] La Guinée s’enfonce dans l’instabilité

À l’appel d’un collectif d’opposition et de la société civile, des milliers de Guinéens sont descendus dans les rues de la capitale, Conakry, pour manifester contre un éventuel troisième mandat de l’actuel président Alpha Condé lundi et mardi.

Deux journées émaillées de heurts et de violence qui, selon l’AFP a fait au moins, cinq manifestants et un gendarme tués.

Dans la capital de la moyenne Guinée, Labé, le député Cellou Baldé était à la tête d’une forte mobilisation ce mardi pour dire ‘’non au pouvoir sanguinaire’’.

Le député Cellou Baldé était à la tête d’une forte mobilisation ce mardi pour dire ‘’non au pouvoir sanguinaire’’.

Les autorités font état de deux morts, dont un gendarme, là où l’Agence France-Presse révèle qu’il y a eu « cinq manifestants tués après la mort d’un chauffeur de 27 ans, atteint par balle à l’abdomen, selon le médecin qui l’a traité et son père ».

« Comme d’habitude, des forces de sécurité ont débarqué à Conakry en partance de Kindia pour aller réprimer les manifestants à Conakry, plus particulièrement dans la banlieue de la commune de Ratoma, Hambdallaye, Bambéto, Cosa, Sonfonia, etc. Il faut également souligner que les acteurs politiques sont confinés chez eux par la police et la gendarmerie ; des acteurs de la société civile (membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dont Abdourahmane Sano (coordinateur de la PCUD et du FNDC) ; Sékou Koundouno (coordinateur du Balai Citoyen), Alpha Soumah (Bill de Sam, membre de l’UFR), Ibrahima Diallo, Badra Koné (2e vice-maire de la commune de Matam, Malal Diallo (l’un des responsables du mouvement politique MoDeL, Élie Kamano (artiste) ont été arrêtés manu militari dans leurs domiciles pour certains, et d’autres lors des manifestations. Tout cela, sans compter les jeunes manifestants arrêtés à Conakry et à l’intérieur du pays », explique au Point Afrique Bah Oumar Rafiou, un agent administratif membre actif de la société civile actuellement basé en Belgique.

Ce que dit la Constitution

L’article 27 de la Constitution guinéenne indique que « la durée du mandat présidentiel est de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non. » Alpha Condé a été élu une première fois en 2010 puis réélu en 2015. Il achèvera son deuxième et dernier mandat en 2020. Il lui est impossible de modifier l’article 27 en cas de révision constitutionnelle, car « le nombre et la durée des mandats du président ne peuvent faire l’objet d’une révision » (article 154).

La tension n’a cessé de monter depuis l’appel à la manifestation lancé il y a une semaine par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).

Les résidences de certains opposants encerclées par les forces de l’ordre

Dans un communiqué, l’ONG Human Rights Watch interpelle les autorités: « Étant donné leur bilan désastreux [en termes de respect des libertés, NDLR], les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour briser le cycle de la violence avant qu’il n’échappe à tout contrôle. »

Parmi les réactions à l’international, il y a celle du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui « suit la situation avec une inquiétude grandissante », selon son porte-parole Stéphane Dujarric à New York. Il exhorte tous les acteurs au dialogue et appelle les forces de sécurité à une « retenue maximale.»

Le président de la République, Alpha Condé s’est adressé aux Guinéens à travers un communiqué dans lequel il appelle à l’apaisement, regrette aussi le manque de dialogue avec toutes les parties. Il avance aussi quelques pistes pour rétablir la confiance de l’opposition. Il a notamment proposé de revoir le chronogramme des élections législatives promises pour la fin décembre 2019 – et qui pourraient être reportées afin d’être plus inclusives.

Hier, lundi, le directeur général de la police judiciaire a été limogé de ses fonctions. Cependant, les résidences des opposants, Sidya Touré dans la commune de Dixxin à la minière et celle de Cellou Dalein Diallo sont encerclées par les forces de l’ordre depuis ce mardi.

La tension monte et la crise s’exacerbe.

Kpan Charles

 

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