-Elle dénonce une atteinte à la liberté de la presse
Abidjan, le lundi 5 juin 2023 (crocinfos.net) – La Société des éditeurs de la presse privée (SEP) a annoncé dimanche 4 juin 2023, avec une tristesse profonde la fermeture du journal d’investigation L’Événement suscitant des inquiétudes concernant la liberté de la presse et l’utilisation abusive des impôts pour réprimer les médias.
Les locaux de ce bimensuel d’enquête ont été mis sous scellés par les services des impôts. Cette décision regrettable est motivée par le non-paiement des impôts du journal. Bien que le bureau exécutif national de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) comprenne la nécessité pour les services des impôts de remplir leurs obligations de collecte de fonds, il est difficile de ne pas établir un lien entre les activités du journal d’investigation et sa fermeture soudaine par les autorités fiscales. Le communiqué souligne que le journal n’a jamais refusé de s’acquitter de ses obligations fiscales et qu’il était en discussion avec les impôts pour régler progressivement ses dettes.
La SEP note que de nombreuses entreprises de presse accumulent fréquemment des dettes fiscales en raison de la réalité économique du secteur. Cependant, ces entreprises ont toujours trouvé des moyens de les rembourser grâce à un dialogue constructif avec les autorités fiscales. Sans remettre en question le débat sur la fiscalité des entreprises de presse, il est essentiel de rappeler que des discussions sont en cours depuis plusieurs années en vue d’élaborer une fiscalité adaptée à ce secteur. La Direction générale des impôts (DGI) participe à ces réflexions au sein du Conseil supérieur de la communication (CSC).
La presse joue un rôle essentiel dans la société en tant que bien de consommation spécifique et en assurant un service public. Les entreprises de presse consentent souvent d’énormes concessions, voire des sacrifices, sans nécessairement rechercher une contrepartie financière. À titre d’exemple, l’État burkinabè lui-même doit depuis plusieurs années des millions de francs CFA à la presse privée. Malheureusement, nos démarches auprès des ministres des Finances successifs sont restées vaines. Cependant, il est intéressant de noter que L’Événement, qui compte plusieurs années d’abonnements impayés de la part de services publics et même de la Présidence du Faso, n’a pas été soumis à des mesures similaires, telles que la suspension de la couverture des activités de ces institutions ou la résiliation de leurs abonnements.
Le signataire du communiqué ne cherche pas à encourager l’évasion fiscale, mais la mise sous scellés d’un journal pour des raisons fiscales constitue non seulement une mauvaise solution à un problème réel, mais aussi une entrave à la liberté de la presse. Ces décisions semblent souvent être des représailles lorsque le travail des médias dérange certains intérêts. La SEP se demande si cette décision vise à discréditer et à réduire au silence un journal qui, malgré tout, se distingue par son professionnalisme depuis plusieurs mois.
Elle en appelle à la Direction générale des impôts pour maintenir un esprit de collaboration et de compréhension, qui a toujours prévalu dans ses relations avec les entreprises de presse, afin de leur permettre de se mettre progressivement à jour dans leurs obligations fiscales, sans devoir mettre la clé sous la porte. Et demande également les autorités au pouvoir à ne pas utiliser les impôts comme moyen de régler des comptes avec les médias qui leur sont reprochés. L’instrumentalisation du fisc et des services publics pour faire taire les voix dissidentes ou pour contrôler les médias est une entreprise dangereuse et contreproductive, à laquelle il faut renoncer.
Le bureau exécutif de la SEP estime d’autant plus regrettable que de telles actions soient entreprises à un moment où le gouvernement vient d’adopter une loi sur la dépolitisation ou la neutralité de l’administration publique. Nous exhortons les autorités à respecter les principes fondamentaux de la liberté de la presse et à promouvoir un environnement propice à un journalisme indépendant et responsable.
Depuis l’avènement du capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso, il y a une volonté manifeste de museler les journalistes et les organes qui veulent faire du journalisme.
Le Montagnard