Abidjan, Côte d’Ivoire, le 14-6-2024 (crocinfos.net)—Le Burkina Faso est plongé dans une crise politique suite à la disparition d’Ibrahim Traoré, président de la junte au pouvoir. Traoré devait rencontrer Kemi Seba, leader du mouvement Urgences Panafricanistes, le 13 juin, mais le chef de la junte au pouvoir a disparu la veille. Une roquette tombée dans la cour de la télévision nationale a conduit à son exfiltration par sa sécurité rapprochée. Depuis lors, nul ne sait où il se trouve.
Harouna Dicko, un citoyen burkinabè, avait adressé une pétition au Président du Conseil Constitutionnel le 11 juin 2024. Il rappelle que la Constitution de 1991 stipule que toute légitimité découle de celle-ci, et tout pouvoir issu d’un coup d’État est illégal. Dicko critique la légitimité de Traoré, investit président après un coup d’État le 21 octobre 2022, en violation des articles 37, 44 et 152 de la Constitution. Il appelle à rétablir la primauté de la Constitution sur la Charte de transition de mai 2024, qui prolonge le mandat présidentiel de Traoré pour 60 mois.
‘’La médiation semble impossible. Traoré a discrédité tous les acteurs potentiels, y compris les chefferies transitionnelles, qui sont maintenant rejetées pour avoir porté Traoré au pouvoir.’’
La situation actuelle diffère des précédents coups d’État. Contrairement aux régimes précédents, le MPSR-2 de Traoré n’a pas le soutien politique nécessaire et exacerbe les tensions. Les troupes, incluant les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), sont désillusionnées et souffrent dans des conditions déplorables. Des sources indiquent que certains soldats sont poussés au suicide ou subissent des brimades sévères.
Sur le même sujet👉: https://crocinfos.net/crise-militaire-au-burkina-faso-rebellion-des-soldats-et-chaos-a-ouagadougou/
Traoré affiche régulièrement de nouveaux équipements militaires, mais les forces sur le terrain n’en voient jamais la couleur. Leur situation est pire qu’avant, malgré l’apparente abondance de matériel. Les troupes se sentent trahies et abandonnées, exacerbant la crise de confiance envers le régime.
L’attaque récente de Mansila, qui a coûté la vie à environ 112 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) et à 60 civils, a encore aggravé la situation. Les terroristes, au lieu de se replier, traquent désormais les FDS et les VDP. Les troupes sont confrontées à un dilemme mortel : mourir aux mains des groupes armés ou des escadrons de la mort de Traoré. Certains ont choisi de se battre contre ce qu’ils perçoivent comme leur véritable ennemi.
La médiation semble impossible. Traoré a discrédité tous les acteurs potentiels, y compris les chefferies transitionnelles, qui sont maintenant rejetées pour avoir porté Traoré au pouvoir. Ces entités ont désamorcé la première grande manifestation contre le régime le 30 octobre et fermé les yeux sur ses exactions. La situation est d’autant plus compliquée que les deux alliés de Traoré sont désormais disqualifiés, le laissant isolé et caché dans son propre pays.
La crise au Burkina Faso est loin d’être résolue, et la disparition d’Ibrahim Traoré laisse le pays dans une incertitude profonde, accentuant les tensions politiques et sociales.
Bienvenue R.K.