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[CAF Corruption] Voile noir sur l’arbitrage ivoirien par Fernand Dédeh

La décision du jury

Six ans de suspension de toute activité liée au football pour l’arbitre Dembelé Denis, deux ans de suspension pour chacun des assistants Tan Marius, Gouho Bi Valère et Coulibaly Abou.

Les meilleurs sifflets ivoiriens plongent un peu plus le football ivoirien dans le noir pour fait de corruption. Piégés par l’infiltration du Ghanéen Anas Anas, ils ont été filmés en train de recevoir de l’argent des inconnus, à la veille d’un match de coupe d’Afrique des clubs à Accra.

Quelques images de la capture du film

Pratiques d’espion et non de journaliste. Les méthodes du journaliste ghanéen empruntent plus aux pratiques des espions et des activistes des réseaux sociaux qu’aux règles déontologiques et éthiques des journalistes. Ses pratiques sont à caution, elles méritent d’être interrogées. Les accusés peuvent même porter plainte contre lui. Le citoyen ghanéen travaille sous anonymat, piège ses interlocuteurs, ne décline pas son identité, envoie des inconnus dont la seule mission est de tendre de l’argent aux personnes rencontrées pour ensuite les filmer en caméra cachée.

D’où vient l’argent ainsi distribué? Avec quelle officine travaille-t-il? Des questions qui interpellent les journalistes mais en même temps, les tétanisent du fait qu’elles tendent à montrer les limites des règles de leur métier. Dénoncer la pratique Anas Anas peut être interprété en effet par l’opinion comme une façon de se braquer contre un homme qui relève les faits de corruption que les journalistes cachent ou sont incapables de d’établir… Et pourtant…

Faillite morale pour l’un, naïveté pour les autres. Dembelé Denis était promu à un bel avenir dans l’arbitrage africain. Les hommes du milieu le comparaient volontiers à Doué Noumandiez, le meilleur sifflet ivoirien des dernières années. Doué Noumandiez a honoré le football ivoirien en officiant avec rigueur et professionnalisme, les matches de coupe d’Afrique des nations et du mondial. Il a rehaussé le niveau de l’arbitrage en Côte d’Ivoire.

Dembelé Denis était sur ses traces. Il était bien noté à la CAF. Malheureusement, il cachait cette faiblesse face à l’argent… Dès l’éclatement de l’affaire, Dembelé Denis s’est muré dans un silence coupable. Il a d’abord nié son implication dans ce qu’il a qualifié par personnes interposées, « de manipulation » avant de changer de ligne de défense devant la commission centrale d’arbitrage. Là, il a évoqué « l’achat d’équipements sportifs à la demande de son collègue ghanéen. »

Contradiction avec les faits. Ses jeunes collègues eux, sont tombés dans le panneau. Naïvement. Ils ont découvert la supercherie à la diffusion du film. Leur chef, Dembelé Denis, informé de la présence d’inconnus accompagnés d’un arbitre ghanéen dans la chambre de Coulibaly Abou n’y a pas trouvé d’inconvénients. « Ils ont voulu me voir, je leur ai demandé de passer plus tard… », dit-il à son assistant. Ce qui motive ce dernier à faire appel aux deux autres arbitres ivoiriens Tan Marius et Gohi Bi Valère à le rejoindre. Quand, après les civilités en pareilles circonstances, un des visiteurs sort de l’argent de son sac en bandoulière et tend à chacun 500 dollars, Dembelé Denis est aussitôt informé. Là, il entre dans une colère noire. « Comment notre collègue peut venir avec des inconnus vous voir et vous remettre de l’argent? Ils sont passés me voir. Je ne les ai pas reçus. Pourquoi viennent-ils vous remettre l’argent? ». Les arbitres assistants, contrariés par les propos de leur chef de délégation, restituent sans attendre les sous aux visiteurs. Pour eux, l’affaire est close…

Le film de la honte…. À la diffusion du film, non seulement les Ivoiriens sont à visages découverts, ils reçoivent de l’argent, la séquence de la restitution des sous n’est pas diffusée mais le coup d’assommoir, Dembelé Denis qui avait fait croire aux jeunes qu’il n’avait pas reçu les fameux visiteurs, est bien filmé en train d’échanger avec eux, en train de prendre des sous et surtout en train de prendre des engagements sur le match. « Suis-je arabe? Ok… ».

Les jeunes arbitres sont morts dans le film…. Les assistants ne savent plus que faire. Solidarité dans le malheur. Volonté de protéger un chef et un aîné. Instinct de corps. Ils se taisent. La Confédération africaine de football vient de frapper. Ils paient cash le prix de leur naïveté. Dans ce dossier, ils avaient les moyens et les arguments de se défendre. Ils ont accepté de couler avec leur chef…

Les sanctions de la CAF couvrent d’un voile noir, l’arbitrage ivoirien.

Fernand Dédeh

 

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