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[Campagne Cacao Octobre 2024] Le PDCI-RDA exige un prix juste pour les producteurs (entretien)

Simon Doho demande une hausse du prix du cacao en Côte d'Ivoire

-Simon Doho : « Le PDCI-RDA demande au Gouvernement le respect de ses engagements »

Abidjan, le 20 septembre 2024 (crocinfos.net) – C’est en octobre prochain que s’ouvre la campagne du cacao. Le PDCI-RDA, comme il l’a fait en mars 2023, a remis le couvert. Simon Doho, président du groupe parlementaire du PDCI-RDA, prend le gouvernement au mot. L’an dernier, il avait annoncé qu’il paierait toujours 60% du prix CAF au producteur. Les élus du parti de Tidjane Thiam demandent au gouvernement de placer cette fois la barre au-delà de 1 500 Fcfa/kg de cacao. Explication.  

En mars 2024 le groupe parlementaire PDCI-RDA a donné de la voix pour une augmentation du prix du kg de Cacao. Six mois après cette prise de position en faveur des producteurs, et avec la campagne qui a suivi, quel bilan peut être fait ?

Il y a longtemps que le PDCI-RDA suit avec un vif intérêt, l’actualité politico-agricole du pays car le sort de nos braves paysans nous préoccupe au plus haut point. Comme vous le savez, le Président Houphouët-Boigny disait, et je cite « L’avenir de ce pays repose sur l’agriculture ».

Je rappelle que notre pays est le premier producteur mondial du cacao avec 43 % de part de marché mais ne reçoit que 5-7 % des gains générés par cette filière.

Le cacao constitue un pilier essentiel de notre économie, générant environ 32 % des recettes d’exportations et contribuant entre 15 et 20 % au PIB national. Cette filière emploie près d’un million de producteurs et assure les moyens de subsistance de plus 6 millions de personnes (1/5 de la population ivoirienne).

Malheureusement, nous constatons avec tristesse que les producteurs agricoles restent encore les parents pauvres, les laissés pour compte de la croissance tant vantée de notre pays par certains acteurs politiques.

Nous avons, jusque-là donné de la voix au niveau de l’Assemblée nationale en interpellant directement et constamment le Ministre de l’Agriculture ainsi que le Gouvernement, notamment à travers les sessions budgétaires.

Cependant, nous constatons que malgré les professions de foi de l’Etat, nos braves producteurs continuent de broyer du noir et de vivre toujours dans la pauvreté, avec des routes dont l’état de gradation ne permet pas d’évacuer leurs produits. Ils subissent de plein fouet la cherté de la vie avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base.

Vous comprenez donc pourquoi, devant l’envolée historique des prix du cacao sur les marchés internationaux, nous avons lancé en mars 2024, au nom des producteurs de la filière, pour faire entendre au Gouvernement l’appel au secours de nos parents.

Pour répondre à votre question, le bilan aujourd’hui reste très mitigé car le prix bord-champ du cacao de 1 500F/kg est encore insuffisant, en deçà du revenu minimum vital pour les producteurs et leurs familles.

Avec une hausse continue des prix internationaux depuis le dernier trimestre de l’année dernière, nous attendons de voir quel sera le prix pour la campagne principale qui s’ouvre en Octobre prochain.

Vous avez également conduit des missions à l’intérieur du pays pour rencontrer les producteurs. Pensez-vous que le constat sur le terrain répond à vos attentes ?

Nos multiples visites de terrain à travers les députés membres de notre Groupe, notamment dans l’Ouest Montagneux et l’Agneby-Tiassa, nous ont permis de rencontrer les producteurs, d’échanger avec eux sur leurs nombreuses difficultés et de confirmer nos préoccupations. Les producteurs sont en colère, se sentent abandonnés et regardent les intermédiaires en réseaux organisés s’enrichir à leurs dépens.

Ces jours-ci, le groupe parlementaire revient à la charge pour exiger une nouvelle augmentation. Pouvez-vous nous donner les raisons qui motivent cela alors que le gouvernement est passé de 1 000 Fcfa à 1 500 Fcfa il y a seulement quelques mois ?

La question n’est pas de dire que parce que le gouvernement est passé de 1 000F à 1 500F il y a seulement quelques mois, que notre combat pour un revenu adéquat pour les paysans et plus particulièrement pour les producteurs de Cacao a abouti.

Rappelez-vous que c’est le gouvernement lui-même qui nous a dit qu’il paierait toujours 60% du prix CAF au producteur. Le PDCI-RDA demande au Gouvernement le respect de ses engagements.

”Le PDCI-RDA propose une autre approche dans laquelle c’est le producteur qui est rémunéré en premier pour ses efforts…”

Tout ce que nous savons au PDCI-RDA, c’est qu’en Mars 2024, lorsque le marché était à son niveau historiquement élevé et que nous réclamions 2 500F/kg pour le producteur, le gouvernement nous a répondu que le système de vente anticipé ne le permettait pas car l’essentiel des ventes avait été réalisé avant la hausse historique des prix internationaux. Les autorités nous avaient même indiqué qu’avec 1 500F/kg, elles se donnaient une marge pour une autre augmentation en Octobre prochain. Or, entre avril et août 2024, les prix internationaux sont restés plutôt élevés. Si le gouvernement ne respecte pas le prix proposé par le PDCI-RDA pour la campagne principale, qu’il explique donc en toute transparence à quel prix il a vendu notre cacao entre avril et août 2024. Nous savons par exemple que le prix du contrat à terme pour livraison en septembre 2024 a clôturé à plus de 9 000 dollars à New York le 30 août dernier et que la barre des 10 000 dollars a été dépassée six fois en avril dernier et une fois en juin 2024.

Dans une déclaration récente, vous avez épinglé la problématique du système de commercialisation des matières premières agricoles dans notre pays. Pourriez-vous donner des détails sur ce système qui ne semble pas convenir au PDCI ?

Nous dénonçons avec véhémence, ce système de commercialisation dans lequel le Gouvernement essentiellement regarde les producteurs s’échiner sous le soleil, la pluie, les vents et autres intempéries, en clair laisse les producteurs affronter seuls tous les risques pour sortir leurs produits agricoles à la seule sueur de leurs fronts, ensuite ce Gouvernement, les organes de régulations et autres organisations censées représenter les producteurs, se réunissent pour décider de quels prélèvements ils vont s’octroyer et enfin combien le producteur va percevoir comme reliquat. Cette approche est fondamentalement injuste et inéquitable.

Le PDCI-RDA propose une autre approche dans laquelle c’est le producteur qui est rémunéré en premier pour ses efforts car c’est lui qui a créé la richesse, ensuite ce qui reste est distribué entre l’Etat et les autres intervenants dans la filière. Quand vous prenez le barème de répartition du prix international pour le cacao, l’hévéa, le palmier à huile, l’anacarde, etc., vous avez mal au cœur. Il faut qu’on arrête de gruger les producteurs agricoles dans ce pays.

Certains Observateurs reprochent au PDCI-RDA de se saisir de la situation des producteurs de Cacao comme arme politique contre le RHDP et le pouvoir en place à l’approche de la présidentielle de 2025.

Contrairement à ce que certains pourraient croire, il y a longtemps que le PDCI-RDA suit avec un vif intérêt, l’actualité politico-agricole du pays.

Le PDCI-RDA, au plan historique, tire sa source du sigle RDA, c’est-à-dire Le Rassemblement Démocratique Africain, créé en 1946. Avant la naissance du RDA en 1946, il y avait, en 1944, la naissance du Syndicat Agricole Africain, dont le RDA est l’émanation. Ce Syndicat avait pour vocation de lutter pour les droits des paysans africains.

Souvenez-vous de l’interpellation historique du SAA : « on nous a trop volés ». Le PDCI-RDA dans son engagement pour le bien-être des producteurs agricoles, des populations démunies, n’a pas changé. Notre combat doit aboutir à un juste prix pour nos paysans pour assurer le minimum vital pour leurs familles pour préparer l’avenir de leurs enfants. L’envolée des prix internationaux doit absolument leur profiter en priorité.

Le combat pour le progrès pour tous et le bonheur pour chacun est un combat permanent pour le PDCI-RDA.

En dehors du Cacao, d’autres produits d’exportations tels que l’anacarde, le coton bénéficient difficilement d’une hausse du prix du kg. Est-ce que les producteurs pourraient s’attendre à un soutien retentissant des élus PDCI ?

Absolument ! En dehors du cacao, nous suivons de très près les autres produits agricoles, pas seulement le coton ou l’anacarde, mais également l’hévéa, le palmier à huile, le café, etc. Le PDCI-RDA est le parti de TOUS les paysans et de TOUS les produits agricoles, et nous allons nous employer à défendre leurs intérêts de manière de plus en plus vigoureuse. Nous nous préparons dans ce sens et vous aurez de nos nouvelles très bientôt.

Source : Soir Info du jeudi 19 Septembre 2024

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