[Chroniques de la CAN 2023] Le témoignage de Isaac Tapé

-De Isaac Tapé, un squatter, compte-rendu de la lecture de « Chroniques de can »

Abidjan, le 29 septembre 2024 (crocinfos.net) – Une œuvre, c’est toujours un arbre offert à la communauté et dont tout le monde peut user selon ses besoins. Et si personnellement, je trouve une utilité au livre « *CHRONIQUE DE CAN! Revivre la CAN 2023» de notre frère Fernand Dédé*, c’est celui du témoignage pour l’Histoire. C’est une œuvre journalistique faite sous la forme d’un recueil de courriers ou de cartes postales envoyées jour après jour à son ami Barthélemy Inabo pour lui faire vivre l’ambiance de la CAN dans toutes ses phases : des tressaillements plus ou moins vifs de son approche à son apothéose en passant par sa phase active.

Dans un style simple, direct et clair qui lui est propre, sans jamais se mettre en avant, il fait des tableaux quotidiens d’un pays qui vit de mille faits dont la CAN n’est que le centre, mais le centre tout de même. C’est certes beaucoup mais le centre n’est pas tout. Ainsi dans l’allégresse de la CAN on verra par exemple la peine des Fondateurs d’École privées qui gravitent et qui grondent tant et si fort qu’après les centaines de milliards pour réussir la plus belle CAN d’Afrique, l’État a quand même dû en trouver quelques-uns pour payer 10% des 120 milliards qu’il devait pour l’École.

Chacun peut en penser ce qu’il veut, mais l’auteur se contente de rendre les faits : sans commentaires ou presque.

Et les faits dans ce qu’ils peuvent avoir de mouvants n’échappent pas à ce livre, et en cela il rappelle que l’Histoire, ce sont les faits rapportés et pas forcément les faits qui ont eu lieu.

‘’Chacun peut en penser ce qu’il veut, mais l’auteur se contente de rendre les faits : sans commentaires ou presque.’’

Jugez-en vous-mêmes :

Un moment, les ivoiriens avaient appris qu’il y avait une interdiction faite aux Maquis d’utiliser l’événement de la CAN sans payer certains droits. Le Président des PME avait fait un communiqué pour dire que c’était des rumeurs et que l’interdiction était levée. Vous avez bien lu : une interdiction levée sur une rumeur. Pour Fernand Dédé, ce n’était effectivement rien de plus qu’une rumeur sans aller, comme le Président des PME, jusqu’à dire que la rumeur avait été levée.

C’est pareil pour l’épisode Hervé Renard. Pour Fernand Dédé, Hervé Renard et les autorités de la Fédération Française de Football se sont fait un film tout seul, comme des grands garçons. Ni la FIF, ni des membres du gouvernement n’ont jamais rien su ou fait de ce qui se racontait et que la FIF a nommé un successeur à Gasset, rien de plus. Tout ce que racontait Hervé Renard relevait de l’imaginaire de Hervé Renard lui-même. Il a discuté seul et il a échoué seul.

C’est là la magie des faits, et c’est pour cela que chacun doit donner sa version des faits. Un passé peut se corriger. C’est ainsi que se construit l’Histoire. L’Histoire, c’est-à-dire les faits sont un compromis et un consens sur le passé. Et j’avais dit plus haut que si je trouvais un intérêt à ce livre, ce serait d’abord celui-là : témoigner pour l’Histoire.

Dans quelques dizaines d’années, si quelqu’un rouvrait ce livre, il pourra revivre les émotions qui ont accompagné la CAN et comprendra peut-être mieux que nous que la fin de choses n’est pas toujours écrite dans ses débuts : et c’est une grande leçon de vie.

De Isaac Tapé