-L’affaire de détournement des 80 millions FCFA refait surface
-Des seconds couteaux arrêtés
Abidjan, 28-11-22 (crocinfos.net) Depuis le vendredi 25, le personnel observe un mouvement d’humeur. Au centre de cette contestation, il a pris deux grandes résolutions lundi 28 novembre, conditions préalables, selon eux, à la reprise de travail.
Il s’agit du départ du DG et de l’exigence de la libération de leurs camarades incarcérés, Mme Kangro Amoin Solange épse Boh et Yao Konan Roland, tous deux, adjoint administratifs. Et, il encouragent des ”enquêtes saines qui situeront les vraies responsabilités”.
Pour les différents responsables des syndicats de la santé (SYNADES, SYNAMCI et SYNACS-CI), c’est une cabale montée de toute pièce, par le Directeur général de cet établissement sanitaire public. C’est la suite d’une affaire révélée dans un rapport de la mission d’inspection conjointe, menée par des inspecteurs du ministère de la Santé et ceux du Trésor du 27 juillet au 10 août 2020, sur laquelle nous avons enquêté le 24 avril 2021.
À l’issue du rapprochement des états des bordereaux de versements mensuels relatifs aux trois unités (hospitalisation, consultation et urgences), la mission a relevé des discordances entre les données du bureau des entrées et celles de l’agence comptable.
Au niveau des recettes d’hospitalisation, l’écart en moins constaté chez l’agent comptable se chiffre à 82 322 467 FCFA dont 79 589 332 FCFA en 2019 et 2 733 135 FCFA en 2020.
Quant aux recettes de consultation, l’écart en plus de 1 010 175 FCFA chez l’agent comptable, représente un encaissement de décembre 2019 qui a été pris en compte en janvier 2020 par le bureau des entrées.
Enfin, au niveau des recettes des urgences, « Cet écart global constitue des encaissements effectués au bureau des entrées, qui n’ont pas été reversés dans la caisse de l’agence comptable », conclut le rapport d’inspection conjoint.
Les investigations menées par les inspecteurs ont révélé un écart global de 82 322 467 FCFA, soit 3 677 533 de moins sur les 86 millions FCFA découverts par le contrôleur de la direction du CHU. Au bout doigt accusateur, Dr Djoussoufou Meité, DG du CHU de Cocody.
Approché dans notre enquête publiée le 24 avril 2021, il précisait d’entrée qu’« il y avait une procédure qui était bel et bien connue et suivie de tous avec le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable ».
En revanche, a reconnu n’avoir pas répondu positivement au projet d’interconnexion, qui devrait donner plus de transparence dans la gestion financière ‘’car il nécessitait un investissement supplémentaire et la direction générale du CHU de Cocody ne disposait pas de fonds y afférent. Il fallait faire le sacrifice de l’état de rapprochement entre la facturation et l’encaissement’’.
Par ailleurs, à la caisse des urgences, par exemple, il y a le logiciel e-voire et, à la pharmacie, le logiciel Aser 2000, mais vu que le logiciel Aser 2000 ne garantissait pas la sécurité des informations financières et de vente, il a été remplacé par le logiciel e-ivoire. Le doute sur la gestion était implacable. « La vérification de l’équipe de mission a révélé une variabilité des données de vente », justifient les enquêteurs.
À en croire les différents syndicats, le DG du CHU de Cocody a monté les documents avec des dates falsifiées pour trouver des boucs émissaires à ‘’sa gestion financière désastreuse truffée de détournements énormes’’. « Il commandite après avoir tout préparé minutieusement une enquête juste sur une période de six mois durée sur laquelle il a pris le soin de tout nettoyer », martèlent les syndicalistes.
L’affaire avait été portée devant la police économique pour entendre les différentes parties impliquées dans la gestion opaque des fonds portant sur 82 322 467 FCFA.
Le bras droit du DG l’accuse
Le superviseur nommé par le DG du CHU, Kouakou Massatié Kouadio Yves Éric, affirme qu’il n’a jamais volé de l’argent. Pis, il l’accuse d’avoir toujours agi sous les ordres de celui-ci, qui lui demandait de retirer des montants, et à reverser une bonne partie au chef du service autonome du contrôle et de l’évaluation (SACE). Mais, avant même qu’il soit entendu par la police économique, il a pris la clé des champs.
Une demande d’explication qui accable le DG du CHU
Pourtant, c’est cet agent contractuel qui était le responsable des caissiers et des régisseurs. C’est aussi qui, selon plusieurs sources, était chargé de contrôler et de valider les points journaliers des caissiers et des régisseurs concernant les recettes. « L’audit du DG avait un objectif principal : le départ de l’ancien agent comptable (AC), avec qui il n’était plus en odeur de sainteté », révèlent les syndicalistes.
Le personnel de l’administration du CHU de Cocody crie à l’insécurité et invite le ministre de Santé à mettre de l’ordre.
La direction générale observe un mutisme, se barricade entre ses quatre murs. Le mouvement d’humeur enfle, la santé des patients…
Nous y reviendrons