À l’audience du 14 décembre 2017 au Tribunal de Sassandra, le Procureur a requis 6 mois d’emprisonnement avec sursis contre dame Fatmé Lakiss dans l’affaire de faux et usage de faux qui l’oppose à Oudaye Chalhoub.
« Je voudrais vous remercier M. le président de la dextérité avec laquelle vous avez conduit les débats qui ont été certes longs, mais cela valait la peine. Car les échanges ont permis de noter que les chefs d’accusation portés contre les sieurs Adjoumani Koffi Pacôme, Kéita Ali, Sacré Léonce et Fatmé Lakiss sont fondés. Cependant, pour ce qui concerne les trois premiers cités, il y a prescription. Par contre, pour faux et usage de faux, le Parquet requiert 6 mois de prison avec sursis contre Mme Fatmé Lakiss ». Tel est, en substance, le réquisitoire du Procureur du Tribunal de première instance de Sassandra à son audience du jeudi 14 décembre 2017, contre Fatmé Lakiss dans l’affaire qui l’oppose depuis des mois à M. Oudaye Chalhoub, opérateur économique basé à San Pedro.
« Sur la base d’une ordonnance de transport du 30 novembre et du 4 décembre 2017, le Tribunal a mené des enquêtes à la Direction régionale des Impôts de San Pedro, au Ministère de la Justice, au Ministère des Affaires étrangères et à l’Ambassade du Liban en Côte d’Ivoire. De nos investigations, nous avons relevé de flagrantes anomalies et irrégularités dans les documents que Mme Fatmé Lakiss a déposés dans ces différentes structures. Nous avons découvert des documents du Ministère de la Justice qui portent le sceau du Ministère des Affaires étrangères. Des documents qui portent des signatures des personnes qui ne sont pas habilitées à le faire. Aussi, l’autre fait important que je voudrais relever, contrairement aux dires de Mme Fatmé Lakiss à l’audience du 9 novembre, nous avons reçu un courrier de son conseil à travers lequel elle reconnaît que le document annexé aux deux faux procès verbaux sont de son fait », a précisé, d’entrée, M. Ben Yaya, avant de donner la parole aux accusés et à la partie civile.
« M. le président, il y a longtemps, je ne me rappelle plus. J’ai toutes les preuves du remboursement ici dans ma valise. Je ne sais plus combien j’ai remboursé à Oudaye. Ce que j’ai donné est tellement beaucoup. C’est à Léonce que je remettais l’argent pour faire les versements. Souvent, on le faisait main à main. Monsieur le président, mon cahier dans lequel j’ai noté les différents montants est perdu », s’est défendu l’épouse de M. Ali Lakiss.
« C’est à la demande de Mme Lakiss que j’ai établi les deux faux procès-verbaux », a reconnu Adjoumani Pacôme. «C’est Mme Fatmé Lakiss qui m’a demandé d’établir le document. Elle m’a fait croire qu’il servirait à faire un point de comptabilité avec son époux Ali Lakiss. Parce qu’elle aurait fait un manquant dans le stock de cacao. Elle m’a aussi dit que, une fois l’inventaire terminé, le document serait détruit. Ce document je l’ai remis à main propre à son époux Ali Lakiss à son bureau. Je suis désolé de savoir qu’elle l’a utilisé à d’autres fins, surtout pour faire du faux », a affirmé Nabo Léonce.
Mme Fatmé Lakiss s’est donc servie de ces faux documents qu’elle a légalisés aux Ministère de la Justice, Affaires étrangères et à l’Ambassade du Liban en Côte d’Ivoire. Aussi, elle a utilisé ces faux documents pour compulser le compte bancaire de M. Oudaye Chalhoub, obtenu un relevé bancaire qu’elle a aussi légalisé pour servir sa cause.
Quand Mme Fatmé Lakiss abuse de l’administration ivoirienne et de l’Ambassade du Liban. Le plaignant, Oudaye Chalhoub, à la barre, a demandé à Mme Fatmé et à son conseil si la loi les autorise à légaliser son relevé bancaire. Une question pertinente qui n’eut pas de réponse précise. L’accusée est restée muette. Quant à son conseil, Me Soro, il a été dubitatif. Et là, Me Adongon Ayékpa, l’avocat de M. Oudaye Chalhoub, très incisif, a mis en évidence la mauvaise intention de dame Fatmé Lakiss. « M. le président, depuis le début du processus, la volonté manifeste de Mme Fatmé Lakiss de faire du faux est évidente. Elle a utilisé deux personnes différentes pour établir de faux documents qu’elle a, par la suite, mis ensemble et transformés en un seul pour le besoin de sa cause. Avec ses faux documents, elle a abusé de l’administration ivoirienne et de l’Ambassade du Liban en Côte d’Ivoire. Le faux et usage de faux dont elle fait l’objet de poursuite, est établi. Avec ses faux documents, elle a obtenu des gains. Ce sont des faits extrêmement graves. Nous demandons que les articles 110 et 450 du Code pénal lui soient appliqués », a indiqué Me Adongon Ayékpa dans sa plaidoirie. Il a été partiellement suivi par le Parquet qui a requis 6 mois d’emprisonnement avec sursis contre dame Fatme Lakiss. Après avoir écouté la défense, le président du Tribunal a renvoyé le verdict final de cette affaire au 28 décembre 2017. Il convient de rappeler que dame Fatmé Lakiss et ses complices, Adjoumani Koffi Ben Pacôme, 38 ans, Sacré Nabo Léonce, 36 ans et Kéita Ali, 43 ans, sont accusés de faux et usage de faux en écritures publiques et authentiques et usurpation de titre, et complicité de faux en écritures publiques et authentiques, selon les articles 27, 30, 282, 283, et 305 du Code pénal. C’est en mai 2016 que Oudaye Chalahoub a porté plainte au Tribunal de Daloa contre ces personnes. Un an après, le Tribunal de Daloa s’est déclaré incompétent pour juger cette affaire. Ainsi, le 19 juin 2017, M. Oudaye Chalhoub porte plainte à nouveau contre Fatmé Lakiss et autres au Tribunal de Sassandra.
Les complices de dame Fatmé Lakiss (Adjoumani Koffi Ben Pacôme, Sacré Nabo Léonce) ont tous reconnu avoir fait du faux et ce, à la demande de l’épouse du Directeur général de Safcacao. A l’audience du 20 juillet 2017, Adjoumani Koffi Ben Pacôme a avoué : « Mme Lakiss est venue me voir pour me demander de lui établir des procès-verbaux pour servir de preuves de remboursement de la somme due à M. Oudaye Chalhoub. Je lui ai donc établi deux procès-verbaux devant faire foi ». Le second complice de dame Lakiss, Sacré Nabo Léonce, a aussi fait un aveu : « Mme Lakiss m’a fait croire que le document servirait à faire un point avec son époux Ali Lakiss. Parce qu’elle aurait fait un manquant dans le stock de cacao. Elle m’a aussi dit que, une fois l’inventaire terminé, le document serait détruit. Elle a gardé ce document pendant 1 an 6 mois. Je suis désolé de savoir qu’elle l’a utilisé à d’autres fins, surtout pour faire du faux », a régulièrement déclaré Nabo Léonce lors des différentes audiences auxquelles, l’accusée principale, Fatmé Lakiss était absente pour cause de maladie. Finalement présente à la barre le 9 novembre, elle a contesté certaines preuves brandies par son adversaire.
Notamment, un document récapitulant les sommes qu’elle aurait remboursées à M. Oudaye Chalhoub et qu’elle aurait annexé aux deux faux procès verbaux qu’elle a fait établir par Adjoumani Pacôme. Par la suite, elle a légalisé tous ces faux documents et déposé dans des ministères et à l’Ambassade du Liban en Côte d’Ivoire. Dans le document de Mme Fatmé Lakiss, il est clairement fait mention de ce que la somme due s’élève à 2.700.000 F Cfa. A travers ce document qui a été annexé aux faux Pv, Mme Fatmé Lakiss atteste qu’elle a remboursé sa dette. A l’audience du 9 novembre, elle a contesté l’authenticité des preuves du faux qu’a brandies Me Adongon Ayékpa, l’avocat de M. Oudaye Chalhoub. Toute chose qui a emmené le Tribunal à demander un complément d’informations. Pendant un mois, de nouvelles investigations ont été menées et des preuves plus tangibles ont été encore trouvées. A présent, il revient au président du Tribunal de Sassandra de dire le droit.
Une correspondance particulière de Kpandji Kéhé envoyée spéciale à Sassandra