[Côte d’Ivoire] Antoine Assalé Tiémoko dénonce la crise du droit de grève

[Côte d’Ivoire] Antoine Assalé Tiémoko dénonce la crise du droit de grève

La suppression du droit de grève en Côte d'Ivoire suscite une vive controverse. Face aux sanctions infligées aux fonctionnaires grévistes, le député de la Nation Antoine Assalé Tiémoko ouvre le débat sur la légitimité d'une loi de 1992 qui impose des restrictions à ce droit fondamental.

Abidjan, le 1er novembre 2024 (crocinfos.net) – Suite à une récente grève dans la Fonction publique ivoirienne, plusieurs fonctionnaires ont subi des sanctions, et les supposés meneurs se sont vu retirer leurs salaires sans compromis. Cette situation a provoqué un vif débat sur le droit de grève en Côte d’Ivoire, un droit pourtant inscrit dans la Constitution, mais qui semble érodé par des pratiques administratives restrictives, selon Antoine Assalé Tiémoko, le député de la Nation.

Sur les plateaux de télévision, certains commentateurs ont applaudi la fermeté de l’État face aux grévistes. Cependant, cette approbation médiatique masque une question fondamentale : le droit de grève existe-t-il réellement dans le pays ? Pour M. Assalé, les faits récents semblent répondre par la négative, en dépit des dispositions constitutionnelles et des lois du travail qui en assurent la reconnaissance.

Il rappelle que depuis 1992, les lois réglementent le droit de grève dans la Fonction publique imposent en effet des restrictions sévères. Toute grève doit recevoir l’aval du gouvernement pour être considérée comme légale. Cette condition préalable fait douter de l’indépendance des syndicats et met en lumière une ingérence de l’exécutif dans un droit fondamental. « Comment un droit inscrit dans notre Constitution peut-il être soumis à la seule autorisation de l’État ? » s’interroge le député de la Nation, dénonçant cette situation comme un recul pour la démocratie.

‘’Depuis 1992, aucune autorisation n’a été délivrée aux grévistes, mettant en cause la bonne foi du gouvernement en matière de respect des droits des travailleurs, dénonce le député.’’

Antoine Assalé Tiémoko critique également le silence des anciens partis d’opposition face à cette loi. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), pourtant marqué par une histoire de luttes syndicales, n’a pas contesté cette disposition durant ses années au pouvoir. De même, le Rassemblement des Républicains (RDR), actuellement membre du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), semble aujourd’hui ignorer ces préoccupations, malgré ses propres combats pour les libertés syndicales dans le passé.

Un débat public télévisé récent a révélé des aspects méconnus de cette loi de 1992. Les articles imposent, pour toute grève, une autorisation préalable du ministre de la Fonction publique, délivrée uniquement après l’épuisement de toutes les voies de négociation jusqu’au niveau du Premier ministre. En l’absence de cette autorisation, toutes les grèves sont déclarées illégales. Depuis 1992, aucune autorisation n’a été délivrée aux grévistes, mettant en cause la bonne foi du gouvernement en matière de respect des droits des travailleurs, dénonce le député.

‘’Le député de la Nation, Antoine Assalé Tiémoko, figure de la société civile et critique de cette loi, appelle à une réforme pour mettre fin à ce qu’il considère comme une violation des libertés syndicales.’’

« Cette situation remet en question le rôle de la justice et l’équilibre des pouvoirs », révèle-t-il. Pour l’instant, le gouvernement justifie ses sanctions par l’absence de récépissé pour valider la légalité des grèves, alors même que la justice devrait intervenir pour arbitrer de tels conflits. Selon les normes d’un État de droit, il revient aux tribunaux de statuer sur la légalité des grèves dans le cadre d’une procédure équitable où chaque partie, gouvernement et syndicats, peut défendre sa position.

Le député de la Nation, Antoine Assalé Tiémoko, figure de la société civile et critique de cette loi, appelle à une réforme pour mettre fin à ce qu’il considère comme une violation des libertés syndicales. « Il est urgent que cette loi soit amendée afin de respecter la Constitution », déclare-t-il, appelant à restaurer le droit de grève en Côte d’Ivoire et à renforcer la démocratie par des droits syndicaux effectifs.

Charles Kpan


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