[Côte d’Ivoire] La ministre Mariétou Koné se ‘’désolidarise’’ des victimes et les fait convoquer à la Brigade recherche pour ‘’outrage’’ et ‘’diffamation’’

[Côte d’Ivoire] La ministre Mariétou Koné se ‘’désolidarise’’ des victimes et les fait convoquer à la Brigade recherche pour ‘’outrage’’ et ‘’diffamation’’

Le  jeudi 5 avril 2018, les responsables de la Confédération des organisations des victimes des crises ivoiriennes  (Covici) ont été convoqués à la Brigade de recherche de la Gendarmerie nationale. Motif : la ministre de la Solidarité, Mme Mariétou Koné qui s’estime ‘’outragée’’ et ‘’diffamée’’ par la Covici a porté plainte contre la structure. Une autre audition a eu lieu ce lundi 9 avril au même lieu.

Le Pca de la faîtière des organisations de défense des victimes, Ano Chris et ses  collaborateurs auditionnés les  jeudi 5 et lundi 9 avril 2018 par les éléments de la Brigade de recherche de la Gendarmerie nationale, n’en reviennent toujours pas et continuent de s’interroger sur les vrais motifs de ces convocations. Il est vrai que, d’après les gendarmes chargés de l’affaire, ils ont été entendus au motif que la ministre Mariétou Koné  les accuse, entre autres,  de la ‘’diffamer’’. Mais, ils n’ont aucun souvenir d’un tel ‘’manquement’’.  Pour autant, ils ne sont pas loin de croire que leurs ‘’malheurs’’ viennent de leur obstination à réclamer à la tutelle, entre autres, de ‘’publier les listes des 4500 personnes dédommagées lors de la phase-pilote d’indemnisation ; des 316000 victimes validées par la Conariv (Ndlr : Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes) des crises survenues en Côte d’Ivoire; mais aussi le début de la phase de réparation pour ces dernières’’. Mais pas que, puisque la Covici demande également à la ministre Mariétou l’ouverture d’un ‘’contentieux autour du cas des 556000 dossiers rejetés’’ et, enfin, ‘’l’application des résolutions de la Conariv’’. Voilà, présentées, à grands traits, les ‘’attentes’’ de la Covici qui semblent ‘’fâchées’’ la tutelle et qui valent, sans aucun doute,  à leurs auteurs d’être convoqués à la Brigade de recherche pour ‘’diffamation et outrage’’ à l’encontre de la ministre.

La Covici que ne semble pas émouvoir outre mesure cette situation déplore toutefois la voie choisie par la ministre pour régler les points de désaccord entre la tutelle et la faîtière. C’est pourquoi, le Pca Ano Chris et ses collaborateurs ne sont pas loin de penser que cette mesure relève de l’intimidation à l’effet de faire taire la Covici. Toute chose que dénoncent les mis en cause qui auraient souhaité que la ministre se préoccupe davantage du ‘’règlement’’ des problèmes des victimes qui ne savent plus à quel saint se vouer. En outre, ils souhaiteraient que la tutelle engage des discussions constructives avec la Covici plutôt que de choisir la voie de ‘’l’affrontement’’ qui ne peut guère prospérer puisque les accusations de Mariétou Koné ne sont étayées par aucun élément de preuves.

Le Pca Ano Chris et ses collaborateurs ont d’ailleurs mis la Brigade de recherche au défi de leur fournir une seule preuve des allégations de la plaignante qui semble profiter de sa position pour faire diversion, alors que les préoccupations de la Covici sont connues et gagneraient à être satisfaites pour le bonheur des victimes qui s’interrogent sur le flou qui entoure le processus d’indemnisation.

Gbôzê Rachman (Stagiaire)

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