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[Côte d’Ivoire] L’éléphantiasis, la bilharziose, l’onchocercose… : ces maladies de ‘’la pauvreté’’ qui s’invitent dans les quartiers ‘’des riches’’ #santé

Une vue de la population à risque de la Schistosomiase ou la bilharziose. Au premier plan le vecteur de transmission

– Près de 6 millions d’enfants exposés à la bilharziose dans 81 districts sanitaires

– Les vers intestinaux transmissibles par le sol présents dans la commune huppée de Cocody

Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, à travers la direction de  coordination du Programme national de Lutte contre les Maladies tropicales négligées À chimiothérapie préventive (PNLMTN-PC), a formé plus d’une cinquantaine de journalistes sur les modes de transmission, de prévention, de prise de médicaments contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN), le mercredi 7 février 2018, à Abidjan.

Une vue de la situation des MTN en Côte d’Ivoire

Il ressort de ce renforcement de capacité que la filariose lymphatique ou l’éléphantiasis, les géohelminthiases, la schistosomiase ou la bilharziose, l’onchocercose et le trachome, appelés les Maladies tropicales négligées À chimiothérapie préventive (MTN-CP) ou les maladies de ‘’la pauvreté’’, constituent de réels problèmes de santé publique dans le monde, en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire.

En effet, plusieurs régions, districts et communes de (la Côte d’Ivoire étant dans un environnement insalubre) favorisent l’évolution de ces maladies à transmission vectorielle. Dans leur élan dévastateur, les MTN-CP constituent un réel danger. Elles imposent leur mode d’infection dans les zones où l’insalubrité est le quotidien de la communauté, même la commune huppée de Cocody n’est pas épargnée. Pis, les adolescents sont les plus exposés à certaines maladies et leur avenir menacé par des handicaps à vie.

Les enfants de 5 à 14 ans plus exposés à la bilharziose. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a identifié 17 maladies tropicales jugées endémiques. L’Afrique enregistre 11 de ces maladies  (10 en Côte d’Ivoire) frappant 20 millions de personnes. Autant affirmer que la Côte d’Ivoire subit le lourd fardeau de dix dont 5 MTN sont à chimiothérapie préventive intégrée : la filariose lymphatique, l’onchocercose, la schistosomiase, les géohelminthiases et le trachome.

La schistosomiase ou bilharziose l’un de ces cas de maladie parasitaire provoquée par des vers qu’on appelle  schistosomes existe sous deux formes : la bilharziose urinaire due à des vers appelés schistosoma haematobium et la bilharziose intestinale causée par des parasites appelés schistosoma mansoni.

Selon Dr Mama Adam, chargé d’études, du suivi et de l’évaluation au Pnlmtn-pc sur une population à risque estimée à 3 373 963 personnes, les enfants de 5 à 14 ans scolarisés ou non scolarisés exposés au MTN-CP, en 2018, sont au nombre de  2 911 864. La population adulte est de 462 099. « Ces adultes sont infectés dans le cadre des activités  professionnelles comportant des expositions à des eaux contaminées dans le cadre des travaux champêtres. Quant aux adolescents, ils sont plus exposés au risque de la maladie parasitaire, à cause du manque d’hygiène et de la baignade. Sur 81 districts sanitaires endémiques, seuls Nassian et Tanda (dans l’est de la Côte d’Ivoire) sont non endémiques », a-t-il indiqué.

Une vue du dernier tableau du traitement masse présenté par le Pnlmtn-pc

Un tableau sombre des districts sanitaires dont la commune de Cocody. Le directeur général de la santé, Prof. Dagnan N’Cho Simplice, lui, dresse un tableau peu reluisant des 83 districts sanitaires que compte la Côte d’Ivoire. Selon lui, l’onchocercose est endémique dans 68 districts sanitaires pour une population à risque de plus de 3000 000 de personnes. Quant à la filariose lymphatique encore appelée éléphantiasis, elle est endémique dans 74 districts sanitaires avec une population à risque estimée à 21 000 000 de personnes. La schistosomiase ou Bilharziose elle, est présente dans 81 districts sanitaires avec près de 6 000 000 d’enfants en âge scolaire exposés. Concernant les géohelminthiases ou vers intestinaux transmissibles par le sol, ils sont présents dans tous les 83 districts sanitaires dont 29 ayant une prévalence supérieure ou égale à 20%, constituent un problème de santé publique, selon les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Ce groupe de maladies transmissibles, qui sévissent dans les pays pauvres, mettent en péril la santé de plus 20 millions personnes en Côte d’Ivoire. Ces  maladies invalidantes qui rendent pauvre n’épargnent pas la commune huppée du district sanitaire de la commune de Cocody avec la présence des géohelminthiases ou vers intestinaux transmissibles par le sol », a-t-il regretté. Et le directeur coordonnateur du Programme national de lutte contre les MTN-CP (Pnlmtn-pc), Dr Méité Aboulaye, de renchérir : « Nous sommes tous de potentiels malades ».

Cependant, le Programme national de Lutte conte les Maladies tropicales négligées À chimiothérapie préventive projette de mener une vaste campagne de traitement de masse pendant les mois de mars, avril, mai  et  en septembre 2018, à travers quelques districts sanitaires de Côte d’Ivoire.

Le Togo déclaré libre de filariose lymphatique par l’OMS. En 2016, grâce à l’appui financier et technique de certains partenaires que sont entre autres, l’OMS,  Usaid/FHI 360, SCI, Sightsavers,  Cntd, HKI, la Côte d’Ivoire est passée à échelle de Traitement De Masse (TDM) des populations exposées à la filariose lymphatique, aux géohelminthiases et à l’onchocercose.

Ainsi en 2017, selon Dr Méité Aboulaye, ce sont plus de 15 000 000 personnes qui ont été traitées contre la filariose lymphatique (FL), les géohelminthiases et /ou l’onchocercose dans 74 districts sanitaires dont près de cas 11 800 000 financées par l’Usaid. À cela, il faut ajouter plus de 2 700 000 personnes qui ont bénéficié du traitement contre la bilharziose dont 377 000 adultes, avec l’appui financier de l’Usaid, et enfin, près de 1000 000 de personnes traitées contre le trachome dans 5 districts sanitaires toujours avec l’appui financier de l’Usaid et technique de Fhi360 à travers le projet End In Africa.

« Ces maladies constituent de réels problèmes de santé publique, car elles ont de lourdes conséquences sociales et économiques. Elles perpétuent le cycle de la pauvreté et influent négativement sur le développement socioéconomique du pays », s’inquiète Jenny-Christelle Debrimou, spécialiste en communication à l’Usaid. En revanche, elle garde espoir quant à l’éradication de la filariose lymphatique, et invite tous les acteurs à ‘’une bonne sensibilisation et à une bonne appropriation des pratiques sanitaires’’. « Depuis 2015, nous travaillons en Côte d’Ivoire, et depuis 8 ans au niveau régional, sur ce genre de programme de distribution de masse. Nous notons des succès déjà remarquables, au Togo, par exemple, qui a été déclaré par l’OMS le premier pays en Afrique à être libre de filariose lymphatique. C’est aussi possible en Côte d’Ivoire », a-t-elle renchéri.

Un véritable problème de santé publique.L’éradication de ces maladies  tropicales interpelle plus d’un, mais malheureusement, ‘’les partenaires financiers de la santé ne se battent pas comme ils le font au chevet de la pathologie du VIH/Sida’’, selon Mme Traoré-Ettiegne Virginie, directrice du projet End In Africa, financé par l’Agence de coopération internationale américaine, USAID.

La situation est alarmante, les signaux sont au rouge, et les maladies sévissent, mais des efforts sont en train d’être faits pour relever le défi. Comme le témoigne Dr Kouma Brahima, chargé d’études et de la prise en charge des morbidités au Pnlmtn-pc:  « Pour certaines maladies comme l’éléphantiasis, les vers intestinaux transmissibles par le sol, la bilharziose et le trachome, il faut les éliminer ou les contrôler à l’horizon 2020. Quant à  l’onchocercose, elle doit être éliminée ou contrôlée en 2025. »    

Sériba Koné

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