Les clients de la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (Bhci) éprouvent toujours des difficultés à faire des retraits de leur choix sur leur compte.
La prise du contrôle de la banque par l’État il y a cinq mois, rime avec plaintes et grogne des déposants, partenaires, clients et souscripteurs de cette institution dont la vocation est de servir de fer de lance à la politique de logement en Côte d’Ivoire. Les déposants, partenaires, clients, etc. sont pris ‘’en otage’’, selon eux, face au mutisme de la direction de cette banque engluée dans ‘’une crise de liquidité’’ au point où ils ne peuvent plus effectuer le moindre retrait de leur choix.
Une triste situation qui, en novembre 2019 a amené le gouvernement ivoirien actionnaire à 51,6% à prendre le contrôle de la Banque par la nomination des représentants de l’État au sein du conseil d’administration de la BHCI, mercredi 27 novembre 2019. Ce, après avoir parachevé le processus de reprise de contrôle de la banque que la presse qualifiait d’être ‘’en faillite’’.
Lors de la visite d’État du président, Alassane Ouattara, dans le Hambol, le ministre de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, a déclaré le 27 novembre 2019 à Katiola, que la prise de contrôle, par l’Etat, de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) répond à l’impératif de protéger les clients. « En prenant la décision de prendre le contrôle de la Banque, l’État veut assurer absolument la protection des clients de la banque. Je voudrais rassurer les Ivoiriens que leur épargne sera préservée et toutes les dispositions seront prises dans ce sens », rassurait-il.
‘’Nous avons été grugé’’, selon des clients
Cinq mois plus tard, rebelote. Les clients soutiennent qu’ils ont été ‘’grugés’’, car la crise revient au galop et la nouvelle direction générale de la banque n’a pas encore donné des explications claires.
Pour se faire entendre, Fidel Koné, l’un des clients de la Bhci lance un mouvement de protestation depuis sa page Facebook qui prendra effet lundi 20 avril 2020. « Clients grugés par la Bhci, la direction générale nous reçoit lundi à 15 h, mobilisons-nous pour revendiquer tout notre argent », lance-t-il.
Joint par la rédaction, Fidel Koné explique les raisons de la protestation : « La Bhci refuse nous donner les attestations de non redevance pour nous empêcher de changer de banque. Plus grave, il est impossible pour nous de récupérer le moindre montant de nos épargnes accumulées depuis des années pour la retraite pour l’achat d’une maison ou d’un terrain ».
Cette protestation met en lumière les rumeurs de ‘’détournements massifs d’argent de la Bhci, des conflits entre les actionnaires, des tentatives de récupération de cette banque’’…
Le gouvernement ivoirien se défend et indique que c’est suite à ‘’l’impossibilité pour le repreneur, West bridge, de répondre aux injonctions de la Commission Bancaire qui a constaté des dysfonctionnements, à la base des difficultés de trésorerie de la BHCI, ainsi que la finalisation du processus de cession de la banque, au plus tard le 15 octobre 2019, et la recapitalisation de la Banque, le 31 octobre 2019’’.
À la direction générale et au service communication, c’est motus bouche cousue. Silence radio. Nos appels et SMS pour éclairer la lanterne de nos lecteurs demeurent sans suite. En revanche, la banque détient en respect ses clients pour obtenir ce qu’elle exige d’eux.
Par ailleurs, dans le cadre de la privatisation de la Bhci en août 2017, le gouvernement avait cédé 51,6% de ses parts à l’entreprise canadienne, West Bridge Mortgage Reit, spécialisée dans les placements hypothécaires. Le coût du rachat estimé à près 10 milliards FCFA, correspondait à 349700 actions. Novembre 2019-avril 2020, cinq mois plus tard, les allégations de la faillite sont une réalité.
La nomination de Désirée Eliane Yacé comme la nouvelle directrice générale, en remplacement d’Abdoulaye Gbané, qui assurait l’intérim jusqu’au 13 avril 2020 sauvera-t-elle la Bhci qui prend l’eau de toute part ?
Les difficultés persistantes des déposants, clients et partenaires de la Banque dans l’accomplissement de certaines opérations courantes sont toujours d’actualité.
Sériba Koné