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[Côte d’Ivoire] Les crises révèlent toujours des choses cachées (Point de vue)

"L'objectif n'est pas forcement de gouverner, mais d'enrichir l'offre politique pour plus de démocratie. Arrêtons de voter par défaut !"

Il est fascinant de constater qu’à travers les âges, les réactions face aux crises et aux pandémies semblent demeurer globalement les mêmes. À chaque fois, la société doit s’adapter pour ne pas disparaître. Les crises révèlent toujours des choses cachées. Elles mettent au grand jour les tensions et contradictions d’une société ; mais elles révèlent et réactivent aussi des forces ignorées.

‘’Penser pour comprendre  que gouverner, c’est savoir énoncer une vision à moyen et long termes destinée à améliorer le niveau de rentabilité et la qualité de vie du plus grand nombre et savoir choisir les combats que l’on veut mener’’.

‘’Il est impérieux de s’inscrire davantage dans la trame de l’heure marquée pour le dialogue’’

Il est impérieux de s’inscrire davantage dans la trame de  l’heure marquée pour le dialogue. Car, le dialogue rassérène et dispose à la méditation en commun. Laquelle méditation n’accuse pas les oppositions, pas plus qu’elle ne tolère les approbations accommodantes. La pensée demeure exposée au vent de la chose, disait Heidegger. Dans de tels échanges, certains, peut-être, s’affirmeront comme des compagnons dans le métier de la pensée. Penser pour comprendre  que gouverner, c’est savoir énoncer une vision à moyen et long termes destinée à améliorer le niveau de rentabilité et la qualité de vie du plus grand nombre et savoir choisir les combats que l’on veut mener. Et il me semble que l’un des combats d’aujourd’hui est celui du renforcement du rassemblement des ivoiriennes et des ivoiriens  autour d’un modèle politique et social commun et de la construction de la confiance collective dans des institutions publiques d’intérêt général et d’usages démocratiques modernes et fiables.

‘’Car,  la guerre et les radicalités intempestives sont un facteur d’appauvrissement et un moyen bien médiocre d’obtenir une place dans l’histoire’’.

Car,  la guerre et les radicalités intempestives sont un facteur d’appauvrissement et un moyen bien médiocre d’obtenir une place dans l’histoire. À un moment donné des mouvements de l’histoire de l’humanité, quand la survie et l’avenir de la nation et des citoyens l’exigent, la concurrence politique,  tout en continuant de se nourrir de ses diverses spécificités, doit savoir entendre les appels de l’horloge qui cadence la marche politique et exécuter ses messages. Aujourd’hui,  en Côte d’Ivoire, il y a utilité de marcher davantage ensemble, dans des efforts collectifs de pardon réciproque, au même rythme pour conforter la paix et amplifier le capital démocratique,  sans pour autant marcher au pas comme dans un défilé militaire et être sur la même longueur d’onde politique. L’animation politique dans un état de droit implique pragmatisme et intelligence météorologico-sociale.

‘’Nous devons nous efforcer, collectivement, à une compréhension du pardon à la fois déterminée, distinguée des excuses ou encore de l’oubli, et suffisamment flexible pour qu’elle embrasse la variété des situations et des pratiques qui en relèvent, du moins dans le champ du pardon interpersonnel entre les politiciens, avant celui de l’institution’’.

‘’Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il y a utilité de marcher davantage ensemble…’’

Nous devons savoir ouvrir une porte sur un autre possible, comme une œuvre d’humanité à accomplir, chaque fois que cela s’avère irréversible ! Nous devons nous efforcer, collectivement, à une compréhension du pardon à la fois déterminée, distinguée des excuses ou encore de l’oubli, et suffisamment flexible pour qu’elle embrasse la variété des situations et des pratiques qui en relèvent, du moins dans le champ du pardon interpersonnel entre les politiciens, avant celui de l’institution.

Je ne crois pas en « une crise de l’Homme ivoirien » qui serait dans une incapacité à l’unification et à  l’unité parce qu’incomprehensible à lui-même, contrarié et prisonnier de sa condition humaine, sa finitude.

« Le pardon, quel repos ! » nous disait l’immense Victor Hugo, dans son poème Grand âge et bas âge mêlés, issu de son recueil L’Art d’être grand-père (1877). Alors, que cette année électorale et les années qui viennent soient ô combien reposantes pour notre belle Côte d’Ivoire.

Comme Spinoza (Lettre XXX à Oldenburg, 1685), « je laisse chacun vivre selon sa complexion, et je consens que ceux qui le veulent, meurent pour ce qu’ils croient être leur bien, pourvu qu’il me soit permis à moi de vivre pour la vérité ».

Pascal ROY , Maître de Conférences des Universités (France / Côte d’Ivoire)

Domaines de compétences: Philosophie (Métaphysique, Morale, Psychopathologie phénoménologique),  Science politique,  Droit public,  Histoire des institutions, Droits de l’Homme, Médiations dans les organisations, RH

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