Un livre signé du journaliste ivoirien Adam Khalil, « Combats d’Éléphants » chez L’Harmattan, raconte les grandes et petites histoires de l’équipe de Côte d’Ivoire de 1984 à 2015. Entretien.
C’est un drôle de moment pour la sortie d’un livre ! Heureusement pour les lecteurs qui ont actuellement le temps du confinement, l’ouvrage aux couleurs orangé, est disponible en numérique. Il le sera en version papier dans les librairies d’Abidjan et d’ailleurs aussitôt le deconfinement engagé.
2015, une grande année
« En 1984, alors que la Côte d’Ivoire accueillait la CAN, j’ai découvert très jeune la ferveur provoquée par le football, des tribunes où je suivais mon oncle, Jean Brizoua-Bi, alors président de la Fédération ivoirienne (FIF) », se souvient Adam Khalil.
En 2015, c’est en tant que journaliste qu’il a suivi en Guinée équatoriale, le sacre continental des Éléphants emmenés par Yaya Touré.
Entre ces deux repères temporels, les Ivoiriens ont remporté deux CAN (1992 et 2015), en ont disputé quatre finales, et ont participé trois fois à la Coupe du monde. Avec de très bons joueurs. « Leurs performances ont diffusé une meilleure image de la Côte d’Ivoire sur la scène africaine et internationale », assure notre confrère.
« Mais au-delà de cette belle aventure sportive, je voulais mettre en parallèle l’implication sociale de tous nos footballeurs », explique l’auteur.
Didier Drogba à Bouaké
Pour ce reporteur de Canal+ Afrique, qui a si longtemps eu sa signature dans les pages du quotidien Fraternité Matin, et suivait de près les internationaux ivoiriens, « les joueurs de l’équipe nationale, comme les journalistes et la plupart des Ivoiriens, portent en eux la philosophie que défendait depuis l’indépendance notre premier président, Félix Houphouët Boigny : la Côte d’Ivoire est un havre de paix ».
Voilà pourquoi de leur vestiaire d’un stade du Soudan, une fois leur qualification assurée pour leur première Coupe du monde, celle de 2006, tous les joueurs appelèrent agenouillés « leurs frères à la Paix » dans un pays au bord de la guerre civile. Voilà pourquoi la star Didier Drogba alla ensuite présenter son premier trophée de Meilleur joueur africain à Bouaké, dans le nord du pays en proie à la rébellion.
Côte d’Ivoire-Madagascar, une rencontre capitale
« Le match Côte d’Ivoire-Madagascar qui eut lieu à Bouaké le 3 juin 2007 fut capital car sur le terrain, il y avait les Eléphants, avec par exemple Kolo Touré originaire du nord et Didier Zokora du sud, et en tribune, des membres de la rébellion et des loyalistes dont le premier ministre. Un moment fraternel déclencheur du retour à la paix, à tel point que le lieu a été rebaptisé Stade de la paix ! Et que le 31 juillet 2007 eut lieu dans cette enceinte sportive la Flamme de la Paix, cérémonie marquant la Réconciliation nationale », se souvient ce témoin de ces moments historiques.
« Les joueurs ont contribué à la réconciliation nationale dans cette population folle de football, et ils doivent continuer à être ce vecteur de solidarité, d’union, car au pays, tout est encore bien fragile », ajoute Adam Khalil.
Seul point noir, « un épisode sombre » raconté aussi, l’envoi des idoles éliminées à la CAN 2000, en camp de redressement !
En photo sur la couverture du livre, préfacé par Hervé Renard, le sélectionneur à la chemise blanche est encadré par son capitaine en 2015, Yaya Touré, et Didier Drogba. Deux immenses joueurs, qui ont notamment brillé dans le championnat d’Angleterre, et font l’objet d’un même chapitre. Adversaires ? Ennemis ?
Que les Eléphants s’engagent dans les instances du football
Ami des deux hommes, Adam Khalil sourit : « Je sais et ils savent tout ce qu’on a raconté sur eux ! Et même s’il y a eu des tiraillements, des envies de leadership, ces deux footballeurs qui sont aussi amis, ont toujours joué dans la même équipe et pratiqué le même sport : égayer et faire rêver la population, et faire gagner les Eléphants ! »
Adam Khalil espère maintenant que tous ces footballeurs adulés sous le maillot orange, s’engagent encore plus dans les instances du football. Comme le Ghanéen Anthony Baffoe au sein de la Confédération africaine (CAF) ou le Tanzanien Kalusha Bwalya dans sa fédération.
Ces temps-ci, Adam Khalil observe attentivement un nouveau combat éléphantesque en territoire ivoirien : Didier Drogba est candidat à la présidence de la FIF face à deux autres personnes. Peut-être sera-t-il aidé par d’anciens coéquipiers, s’il devient président ?
L’entretien avec Adam Khalil est à retrouver sur la page Facebook de Radio Foot International
Source : RFI