-1 mineur et un jardinier parmi les étudiants
– « Nous estimons que, pour cette détention-là, on aurait pu s’en passer», selon le Chef de l’équipe des enquêteurs à l’Oidh
L’Observatoire ivoirien des Droits de l’homme (Oidh) a animé un point presse, le lundi 25 septembre 2017, à son siège sis à Cocody-Abidjan, au cours duquel, Mme Alla Athéna Vénus, le chef de l’équipe des enquêteurs a raconté la visite, effectuée le samedi 23 septembre 2017, aux étudiants détenus au Bâtiment A, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Ce, grâce à l’autorisation de la Direction des Affaires pénitentiaires (Dap). Nous vous proposons un large extrait…
Dans les faits. « Les étudiants arrêtés et déférés à la Maca sont une trentaine. 10 étudiants en droit, 6 en physique-chimie, 3 en Sciences-éco, 3 en philosophie, 1 en science de la nature, 1 en science, 1 en communication, 1 en numérologie, 1 élève de 3ème qui a 16 ans donc un mineur, 1 jardinier et 6 en faculté de médecine. Pour les faits qui sont reprochés aux étudiants détenus, selon notre guide, remonte à la visite de l’inauguration du restaurant par la ministre. Certains étudiants sont restés groupés, en train de causer après le départ du ministre quand ils ont entendus des tirs de sommation à l’extérieur de la cité Mermoz, où était la ministre. Quelques temps après, ils aperçoivent des policiers qui débarquent en lancent des bombes lacrymogènes dans tous les sens. Dans la débandade, certains sont allés se cacher dans la chambre froide du restaurant. Ceux-là, comme ceux pris à d’autres endroits, ont été pris et bastonnés avant de les conduire à la Préfecture de police. »
Les conditions d’arrestation. « Bon nombre de ces étudiants ont montré les séquelles : des traces de coups de matraques sur la tête, dans le dos, et sur le visage. Il y en a même, qui étaient malades, lorsqu’on les arrêtait. Mais qui ont été bastonnés (ils nous ont même montré leur pantalon avec des tâches de sang coagulé).
Il y a eu deux vagues d’arrestations. Une première vague a été arrêtée, puis conduite à la Préfecture de police le 13 septembre 2017, avant d’être entendue le 14 septembre, par un juge d’instruction et déféré à la Maca le même jour. Ensuite, il y a eu une seconde vague le 19 septembre. »
Leurs conditions de détention. « Cela fait 10 jours (Ndlr : du 13 au 23 septembre) pour ceux qui sont partis depuis le 13 septembre. Il y a un difficile accès à l’eau potable. L’eau n’arrive qu’une seule fois dans la journée dans le robinet qui est dans la cellule.
Pour les 34 qui sont dans la cellule, ils ont droit à deux grands fûts (pour boire et faire tous leurs besoins). Ils ont droit à un sceau d’eau par détenu pour le bain. La cellule, selon les étudiants, est infestées de moustiques, bien qu’éclairée, et il y fait très chaud. »
Quant à l’hébergement. « La cellule est exiguë pour le nombre pléthorique de personnes. Nous les avons surpris en train de déjeuner par groupe de six. Quand un groupe fini, il laisse la place aux autres. C’est ainsi, qu’ils procèdent pour avoir de l’espace. Pour dormir, ils se couchent sur le côté sans possibilité de pouvoir bouger la nuit. Ils disent qu’ils n’ont que cinq nattes pour la trentaine de personnes, d’autres dorment à même le sol. Les latrines n’obéissent à aucune intimité. »
L’alimentation. « Ils ne reçoivent qu’un seul repas ‘’insuffisant et de très mauvaise qualité’’ de l’administration pénitentiaire. Conséquence : ils sont nourris par leurs parents. »
Conclusion. « Ce sont des étudiants. Ce ne sont pas des malfrats. Nous estimons que, pour cette détention-là, on aurait pu s’en passer. »
Propos retranscrits par Kpan Charles