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[Côte d’Ivoire] « Presse numérique: quelle régulation? » Par Fernand Dedeh Tagro #libertedelapresse

Fernand Dedeh Tagro

Mesdames et messieurs bonjour

La liberté de la presse que nous défendons becs et ongles, que nous célébrons aujourd’hui, appellent de notre part, une grande responsabilité. La presse est libre parce qu’elle existe et s’appuie sur une communauté vivante, une société structurée, ordonnée, réglementée.
La presse sera d’autant plus libre, crédible et respectée qu’elle exercera sa liberté dans le respect des lois du pays mais aussi et surtout, dans Les respect du code éthique et déontologique de son métier.

La presse classique bien sûr mais plus encore, la presse numérique qui impose aujourd’hui une nouvelle façon de communiquer, d’informer et j’ajoute même de vivre.
Parler de presse numérique, c’est parler à la fois des réseaux sociaux qui sont devenus de fait, des sources d’information et de communication et aussi des médias numériques animés par des professionnels.

Comment réguler le secteur des médias numériques pour d’une part, protéger l’équilibre de la société, assurer la sécurité nationale, faire respecter la dignité humaine, le droit des enfants, des personnes vulnérables, des minorités et d’autre part, promouvoir la liberté des Internautes et des professionnels des médias numériques?

Réguler, c’est contrôler. C’est surveiller. Je suis personnellement contre la régulation du secteur des médias. Je suis pour l’auto-régulation. Je suis de ceux qui pensent que le tribunal des pairs est plus objectif, plus professionnel. La régulation administrative est frappée pour moi de suspicion. Bref!
Internet est aujourd’hui partout dans notre vie. Il a ouvert les autoroutes de l’information.

Le patron de facebook a dit récemment que son entreprise connecte aujourd’hui environ 2,2 milliards de personnes à travers le monde par mois, Et 1,4 milliards de personnes l’utilisent quotidiennement.

En France, une étude récente a montré les jeunes ont leur premier contact bec les smartphones à partir de 7 ans. En Côte d’Ivoire, on n’en est pas loin.

Les jeunes, entre 14 ans et 26 ans, sont pour la plupart connectés et s’informent sur les réseaux sociaux
Un homme politique ivoirien a simulé récemment sur son profil Twitter, un sondage d’opinion. La question à ses followers, quelle est votre principale source d’information?
Réponse
-87 % des personnes ayant joué le jeu ont dit: Réseaux sociaux et internet

-7% ont dit télévision

-Le reste, presse écrite

Je ne donne pas toute la garantie scientifique à ce sondage, mais c’est un test qui confirme à bien des égards, les indicateurs de nombreux observateurs: Internet est aujourd’hui dans notre quotidien.

Justement, cette présence massive et permanente de Internet dans notre quotidien laisse penser pour beaucoup, que internet est un champ de non-droit, de toutes les licences, tous les abus!

1- Internet fonctionne dans la société et pour la société. Il est utilisé par des citoyens qui ne sont pas des m3artiens. Les lois qui régissent la vie hors internet s’imposent à La vie en ligne (selon Nnenna Nwakwama, responsable Afrique de Web fondation)
2- Internet a de la mémoire et n’oublie rien. Tant que vous n’avez pas appuyé sur le bouton »envoyé », votre texte vous appartient.
3- Tout ce qui est sur le Net n’est pas dit le docteur Antoine Mian, enseignant à l’ENS à Abidjan

La régulation

On ne peut laisser faire les dérapages sur les réseaux sociaux et sur les médias numériques. Mais on ne peut pas non plus mettre les réseaux sociaux et médias numériques dans le même sens.
Si je suis pour la régulation des réseaux sociaux, je milite pour l’auto-régulation des médias sociaux qui répondent pour moi, et les critères de création d’une entreprise de presse normale.
La question n’est pas moins facile: qui va réguler quoi et avec quels moyens et quelle logistique?

Pour l’auto-régulation, comment procéder? Les responsables des journaux numériques ont mis en place observatoire d’auto-régulation.
À l’Olped, pour le monitoring des journaux, nous avons tant de problèmes: il faut obtenir les quotidiens, ce qui n’est la chose la plus facile, trouver du personnel pour le monitoring, des professionnels évidemment, puisqu’ils sont censés indexer les fautes professionnelles, il faut trouver les moyens de les rémunérer. Publier les communiqués… Croyez moi, ce n’est pas donné!

Comment rapporter cette activité de monitoring aux médias numériques? 
Vaste question. En fait comment réguler un secteur d’activité sans visages? Un site Internet peut avoir son domaine aux USA, ses rédacteurs en Papouasie ou en Russie ou à Abidjan.
Les lois qui régissent la presse classique peuvent donc s’appliquer au numérique. La responsabilité et le respect des règles du métier sont les sources des médias numériques crédibles et professionnels.

Un média numérique peut être partout et nulle part en effet!
Il faut plus de moyens, installer la logistique, le personnel pour la veille permanente… Pas facile!

Les professionnels du milieu l’ont compris: ils ont lancé l’année dernière l’idée d’un observatoire d’auto-régulation. L’assemblée générale constitutive est prévue les jours à venir à Grand-Bassam.

J’encourage les médias ivoiriens à ne pas rater le cap du numérique. Je voudrais saluer la direction générale de la RTI qui a créé un département digital. J’ai noté que sur certains web-reportages, la RTI a atteint des pics de visites. Environ, un million de vues… C’est énorme et cela montre l’attente du public et surtout le vide à combler dans un monde concurrentiel.
Monsieur le DG, félicitation pour le pas numérique mais donnez les moyens au Département Digital de la RTI…

Fernand Dedeh Tagro

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