Départ du président à la fin du 2e mandat : moi, pas surpris (Simple avis)

Départ du président à la fin du 2e mandat : moi, pas surpris (Simple avis)

Le président de la République avait dit qu’il cèderait la place aux jeunes générations. Et pourtant, chaque fois que les journalistes l’avaient en face d’eux, leur premier souci était de savoir s’il ferait un troisième mandat. Sans doute exaspéré par cette question, il répondait que la Constitution le lui permettait. Les questions sur sa candidature depuis 2017 étaient donc un refrain de toutes les conférences, à la sortie de l’Elysée, à la fin d’une visite d’État…

’J’avais écrit que, moi, à sa place j’entretiendrais le même suspense. J’avais dit aussi qu’il est trop intelligent pour se faire insulter par des reggaemen aux cheveux hirsutes et autres soit- disant éclaireurs de conscience...’’

J’avais écrit que, moi, à sa place j’entretiendrais le même suspense. J’avais dit aussi qu’il est trop intelligent pour se faire insulter par des reggaemen aux cheveux hirsutes et autres soit- disant éclaireurs de conscience… J’avais dit aussi qu’un président africain sérieux ne peut pas annoncer son retrait de la présidentielle plusieurs années avant la fin de son mandat. Et ce, à cause des guerres de positionnement et des conflits de succession divers qui pourraient déteindre sur les derniers mois de son mandat. Mais comme le suspense entretenu par le président faisait vendre des journaux ou augmenter l’audience de l’audiovisuel, on a continué à poser la question depuis 2017 en Europe comme en Afrique.

Aujourd’hui, l’annonce est faite, pendant une semaine, on va faire de bonnes ventes avec “leur” événement. Pour moi, ce n’est pas un évènement. Je le savais.

Alassane Ouattara a tenu à être président vaille que vaille. Il est venu, il a fait ce qu’il avait à faire, du moins, ce qu’il pouvait faire. Il a fait du beau travail. Nous, observateurs, assez neutres, pouvons mieux apprécier. Ne demandez pas aux opposants de venir l’applaudir. On le sait, l’ennemi, même si vous dansez dans l’eau, dira que vous soulevez de la poussière.

‘’Il a fait du beau travail. Nous, observateurs, assez neutres, pouvons mieux apprécier. Ne demandez pas aux opposants de venir l’applaudir. On le sait, l’ennemi, même si vous dansez dans l’eau, dira que vous soulevez de la poussière.’’

Moi, j’ai apprécié les réalisations : barrage de Soubré, pont Henri Konan Bédié, route de Grand-Bassam, route d’Akadjoba-Ghandi (Yopougon), route Adzopé- Agnibilékrou, le 4e pont en construction, le travail du ministère de la Salubrité qui a débarrassé Abidjan de ses ordures qui l’étouffaient, etc. ‘’Si je veux tout citer, on ne va pas quitter ici’’. Du beau travail, de belles œuvres, des chefs-d’œuvre.

Le bémol dans toute cette mission exaltante qui a changé positionnement le visage d’Abidjan notamment est la création du Rhdp unifié. L’atmosphère ni paix ni guerre que nous vivons est partie du 26 janvier 2019, date de la naissance effective du Rhdp unifié. Si le Rhdp unifié n’avait pas existé, c’est Soro qui aurait présidé cette cérémonie solennelle et mémorable de ce 5 mars 2020 en présence d’Henri Konan Bédié. Cette cérémonie en l’absence de ces deux alliés qui ont contribué à l’avènement du président Ouattara…!

‘’Le président Ouattara fait ses adieux anticipés en l’absence de Soro Guillaume et Henri Konan Bédié, ces deux personnages qui lui ont été d’un soutien inestimable, il y a tout de même un petit froid dans la salle.’’

Si le Rhdp unifié n’existait, on ne parlerait pas de mandat d’arrêt, on ne parlerait pas de face-à-face Guikahué- Bictogo. La présence de Soro Guillaume et du PDCI aurait conféré plus d’éclat et de solennité à cette cérémonie de bilan et d’adieu. Le président Ouattara fait ses adieux anticipés en l’absence de Soro Guillaume et Henri Konan Bédié, ces deux personnages qui lui ont été d’un soutien inestimable, il y a tout de même un petit froid dans la salle.

Cela dit, je répète que j’ai aimé la gouvernance du président Ouattara jusqu’en 2019. C’était du professionnalisme, une gouvernance responsable. Après le départ de Soro et Bédié, on est tombé dans le folklore, dans la nègrerie. Deux poids manquent. L’appareil est déséquilibré. Pour maintenir l’équilibre, on crée des clubs de soutien, des associations de griots et griottes de tout acabit, on organise des cérémonies de louanges, des célébrations pompeuses et leurs dépenses folles, mais parfois aussi futiles que des bagues pour des lépreux. Des royaumes même prennent de l’envergure dans la République sans doute pour leur soutien! Alassane Ouattara a gouverné, Alassane Ouattara a apporté sa touche à l’édifice ivoire. Les regards se croisent sur son œuvre. Les militants de la Côte d’Ivoire aiment leurs présidents comme ils détestent ceux des autres ou détestent les autres à la façon dont ils aiment leurs présidents. Même degré de l’amour pour les leurs et de la haine pour ceux d’en face ! Alors, c’est indéniable, il n’y aura point d’unanimité autour de son œuvre.

Par Pascal Kouassi

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