Abidjan, le 03-02-2021 (crocinfos.net) S’il y a un secteur d’activité frappé de plein fouet par la pandémie de la Covid19, c’est bien le secteur hôtelier. Les patrons sont à l’étroit, les touristes sont désormais rares, ils font preuve d’imagination et de créativité pour résister et exister. Avec l’espoir que la crise sanitaire sera bientôt jugulée. J’ai interrogé M. Dosso Inza, directeur général de Bluebay hôtel à Abidjan Palmeraie, par la même occasion, vice-président de l’Union nationale des directeurs d’hôtels de Côte d’Ivoire, secrétaire général de la fédération des organisations et professionnels du tourisme et loisirs de Côte d’Ivoire. Il se définit comme un « afro-optimiste, désespérément optimiste ». Face aux difficultés du secteur, seule la résilience ouvre les portes de l’espoir. Interview…
Monsieur Dosso Inza, votre secteur est frappé de plein fouet par la pandémie à coronavirus. Comment vivez-vous cette terrible épreuve ?
Dosso Inza: À l’instar de toutes les structures, le secteur hôtelier a été sérieusement touché par la Covid-19. Nous vivons cela difficilement depuis le mois de mars 2020. À notre niveau, plus spécifiquement en ce qui concernant mon établissement, le BlueBay Hôtel à la Palmeraie, c’était vraiment un manque de pot. Nous avons ouvert juste avant la survenue de la Covid-19. Du coup, imaginez à quel point nous avons été impactés après un tel investissement! Au niveau de la clientèle, au niveau du personnel à gérer, des emplois à conserver, c’est vraiment difficile. Jusqu’à présent, nous en sommes encore là mais nous faisons l’effort de tenir la barre.
Le monde entier pensait que la Covid-19 allait être très rapidement jugulée. Ce n’est pas le cas malheureusement. Comment vous organisez-vous pour exister, pour ne pas couler dans votre secteur d’activité?
D.I: Au début, la Fédération des organisations et professionnels du tourisme et loisirs de Côte d’Ivoire a écrit un livre blanc, déposé au niveau du ministère du Tourisme et Loisirs. La tutelle avait promis pas mal de choses pour nous accompagner. Mais jusque là, aucune action n’a suivi toutes les promesses. N’empêche, à notre niveau, dans un premier temps, nous étions obligés de mettre en chômage technique, une bonne partie du personnel pour pouvoir assurer le minimum. Pour permettre à l’entreprise de tenir.
‘’Pour l’instant, nous essayons de faire de la résilience avec tout ça. Progressivement, selon les besoins, nous rappelons le personnel en chômage technique.’’
Aujourd’hui, c’est vrai que la situation n’est pas encore revenue à la normale, mais nous arrivons à nous focaliser sur les marchés locaux. Nous le savons, les touristes ne viennent plus, nous avons changé de cibles. Nous visons les séminaires, les ateliers que nous pouvons avoir avec les structures au niveau local. Pour l’instant, nous essayons de faire de la résilience avec tout ça. Progressivement, selon les besoins, nous rappelons le personnel en chômage technique.
Si vous devriez faire un bilan des activités dans votre secteur, que diriez-vous?
D.I: Nous sommes effectivement et profondément sinistrés dans le secteur hôtelier. Mais par nature, je n’aime pas baigner dans l’afro-pessimisme. Je suis désespérément optimiste. Du coup, c’est vrai que la situation était très difficile dès début mais nous essayons de sortir la tête de l’eau. Ce n’est pas du tout facile mais nous sommes à un stade où nous nous maintenons, nous faisons des efforts pour nous maintenir.
‘’Nous sommes effectivement et profondément sinistrés dans le secteur hôtelier. Mais par nature, je n’aime pas baigner dans l’afro-pessimisme. Je suis désespérément optimiste.’’
J’avoue cependant que ce n’est toujours pas facile. Parce que, pendant que nous n’avons toujours pas d’accompagnements de l’Etat, en même temps, les charges sociales, fiscales, salariales sont là. Nous sommes obligés de faire face à toutes ces charges. Pour ne pas fermer carrément les établissements, parce que ça signifierait mettre beaucoup de familles dans le désarroi. Nous faisons avec les moyens de bord. Nous sommes un peu à l’image de quelqu’un qui ne sait pas nager mais qui a été jeté à l’eau. Il se débat pour ne pas se noyer. Nous nous débattons au risque de notre vie.
Vous y croyez, vous nourrissez l’espoir de sortir la tête totalement de l’eau?
D.I: Je voudrais vraiment être clair: en termes de perspectives, nous sommes dans la grisaille. Il ne faut pas se voiler la face. Il faut vraiment voir les choses de façons naturelles. Pour l’instant, pas de perspectives claires. Nous vivons au jour le jour. Nous avançons à l’aveuglette. Malheureusement, c’est à cela que nous sommes confrontés aujourd’hui.
Cas pratique: pour ce qui concerne particulièrement votre réceptif hôtelier. Quels sont les trésors d’imagination que vous déployés pour attirer votre cible, quelles offres mettez-vous sur la table par exemple?
En fait, BlueBay Hôtel Abidjan, pour la petite histoire, est l’empreinte africaine du grand groupe international BlueBay hôtel qui est implanté partout dans le monde. Et là, nous avons obtenu la franchise pour exploiter le nom commercial.
Aujourd’hui, BlueBay a une bonne capacité, 51 chambres, ce qui n’est pas négligeable, nous avons quatre salles de conférence, elles sont polyvalentes. La plus grande salle à 300 places. Nous avons aussi une terrasse. Nous comptons avoir, dans un futur propre, d’autres espaces ludiques.
Vous avez décidé de vous implanter dans la zone résidentielle de la Palmeraie à Cocody. Qu’est-ce qui a fondé le choix du site?
Nous sommes installés à la Palmeraie parce que nous sommes partis d’un simple constat: c’est que dans cette zone, nous avons certes des hôtels, mais pas vraiment des hôtels de renom. Nous avons choisi de nous installer dans une zone où le nom de notre établissement pourrait retentir et faire écho.
‘’BlueBay Hôtel Abidjan, pour la petite histoire, est l’empreinte africaine du grand groupe international BlueBay hôtel qui est implanté partout dans le monde.’’
C’est cela qui a motivé notre choix de nous installer à la Palmeraie. C’est clair que Paris ne s’est pas fait en un seul jour. C’est pareil pour BlueBay hôtel. Un enfant, quand il naît, il y a des cycles dans sa vie. Nous sommes dans cette dynamique. Nous sommes sur la bonne voie. Après seulement un an d’existence et malgré la Covid19, nous avons fait du chemin.
Interview réalisée par Fernand Dedeh