[Ebony 22 Panel] Ce que Yao Noël a dit

[Ebony 22 Panel] Ce que Yao Noël a dit

Président de l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA), par ailleurs Président-fondateur de l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI) et Président du conseil des sages de cette association, Yao Noël, a animé un panel lors du week-end des Ebony 22, sur le thème : ‘’Les nouveaux défis de la presse en Côte d’Ivoire’’, vendredi 24 février 2023, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. Nous vous proposons l’intégralité des grandes lignes de sa déclaration.

Abidjan, le 26-2-23 (crocinfos.net) Panel de l’UNJCI  le vendredi 24 février 2023 à Yamoussoukro.

Thème : ‘’Les nouveaux défis de la presse en Côte d’Ivoire’’

Mesdames et messieurs,  chers confrères et consœurs,  je voudrais,  d’entrée de jeu, vous dire 1 grand et sincère merci pour l’invitation et pour votre présence à  ce panel.

Nous avons en tout, selon le programme,  une heure de rencontre. Je vais donc, en bon journaliste….‘’aller à  l’essentiel….’’

Alors quels sont  donc les défis de la presse ivoirienne aujourd’hui?

1) Premièrement,  je vois le défi économique : le secteur est, aujourd’hui,  fortement sinistré, surtout celui de la presse écrite que je connais mieux. Les journaux ne se vendent presque plus ou se vendent mal en Côte d’Ivoire. Dans son  dernier rapport  qui date de décembre 2022, l’Autorité Nationale de la presse (ANP) situe à seulement 13% le taux de vente des différents titres.

Subséquemment, les annonceurs se sont réduits comme peau de chagrin,  surtout avec la pandémie de Covid-19 et la guerre d’Ukraine.

Mais il n’y a pas que  le défi économique.

‘’Il y a donc là un défi démocratique et politique auquel la presse ivoirienne doit faire face et fait face actuellement.’’

Il y a, comme une conséquence logique et inéluctable,  le défi technologique.

2) La presse doit faire face, dans ce difficile contexte de raréfaction des ressources et de tension de trésorerie,  aux mutations techniques,  technologiques : elle doit s’adapter,  se numériser, s’adapter  aux nouveaux  moyens de communication,  se moderniser ou mourir. Les équipements technologiques,  les connexions diverses et indispensables,  etc., tout cela coûte cher en termes de ressources financières, techniques,  technologiques et matérielles que doivent avoir les organes de presse pour pouvoir se mettre au goût du jour et répondre aux attentes nouvelles.

Tout cela amène une certaine presse  à choisir la facilité et à se jeter dans… ‘’la gueule du loup.’’….

Cela se fait de deux manières :

– Le choix de renoncer au professionnalisme dans le traitement de l’information et à privilégier les ragots et autres réseaux sociaux = Le caractère sacré des faits est abandonné,  complètement laissé de côté pour emprunter la voie des ’’ on dit’….’’ il paraît que  ’…. sans rigueur aucune.

– Le 2e choix si l’on ose encore parler de choix, c’est celui de s’arrimer soit à des gens d’argent,  soit à des partis, formations et acteurs politiques. Du coup, cela va réduire l’espace de liberté de la presse et, peut même conduire à un anéantissement de l’expression plurielle et donc aboutir à un malencontreux retour à la pensée unique,  celle des seuls  détenteurs et possesseurs d’argent et de moyens financiers et matériels.

Il y a donc là un défi démocratique et politique auquel la presse ivoirienne doit faire face et fait face actuellement.

Un autre défi et pas des moindres reste pour la presse ivoirienne,  le défi sécuritaire.

Celui dont il s’agit ici est à double niveau :

– d’abord la sécurité au sens de l’intégrité physique et corporelle, comme en témoignent des cas récents et dramatiques tels que l’assassinat au Cameroun du journaliste d’investigation Martinez Zogo et les brutalités policières contre des journalistes de la Guinée voisine.

La presse ivoirienne,  hélas, n’est guère à l’abri de tels menaces et périls physiques et corporels.

– L’autre défi reste incontestablement le défi de la sécurité salariale, matérielle et sociale auquel la presse ivoirienne est aussi confrontée aujourd’hui.

Des journalistes sont sous-payés quand ils le sont encore,  sinon payés comme on dit : ’’en pièces  détachées’’ dans beaucoup de cas ou encore perdiems plus ou moins licites.

Quelle peut être la sérénité pour un journalisme sérieux,  indépendant,  libre,  professionnel,  crédible et éloigné de la corruption et des papiers commandés,  commandités  et orientés,  biaisés,  tordus,  tronqués?

C’est difficile.  Et c’est la porte ouverte à toutes les dérives professionnelles, éthiques et déontologiques.

Que faire après avoir fait ce survol et ce  diagnostic rapide et succinct sur les défis de la presse ivoirienne aujourd’hui?

C’est ensemble que nous devons en débattre ici et maintenant.

Je vous remercie.

Yamoussoukro, le vendredi 24 février 2023

Yao Noël

Président de l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA)

Président- fondateur de L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI)

Président du Conseil des Sages de L’UNJCI.

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