[Édito] Le prix du cacao en Côte d’Ivoire, entre défis et espoirs
La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, se confronte à une question cruciale : comment mieux valoriser ses planteurs face à un prix d’achat bord champ de 1500 FCFA ? Analyse et perspectives.
Bouaké, le 18 septembre 2024 (crocinfos.net) – La campagne cacaoyère 2024-2025 au Cameroun a été lancée avec le prix du kilogramme de cacao fixé à 6000 FCFA. À l’opposé, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, se retrouve avec un prix d’achat bord champ de 1500 FCFA. Cette disparité soulève des interrogations profondes sur la valorisation de la filière cacao et sur le sort des planteurs en Côte d’Ivoire.
Les débats politiques en Côte d’Ivoire s’intensifient autour de cette question. Le chef de l’État, Alassane Ouattara, a été maintes fois félicité pour les efforts réalisés pour faire grimper le prix du cacao à 1500 FCFA, un montant jamais atteint auparavant sous les gouvernements précédents. Toutefois, cette avancée reste insuffisante face aux attentes des producteurs, auxquels on doit reconnaître un rôle fondamental dans l’économie nationale. Les planteurs ivoiriens, qui fournissent la matière première de l’une des industries les plus dynamiques du pays, méritent une rémunération qui reflète leur travail et leurs sacrifices.
Il est donc important de se demander pourquoi la Côte d’Ivoire, malgré son statut de premier producteur de cacao, se retrouve avec un prix d’achat aussi bas par rapport à certains pays, moins connus dans la cacao culture. Le prix du cacao en Côte d’Ivoire ne doit pas être perçu uniquement comme une simple donnée économique, mais aussi comme un indicateur de la santé de l’économie agricole du pays. La dépendance de l’économie ivoirienne à l’agriculture ne doit pas se traduire par une précarisation des agriculteurs, mais plutôt par une valorisation de leur travail.
Le cacao est plus qu’une culture ; c’est l’âme de la Côte d’Ivoire. Il représente des millions d’emplois directs et indirects, et il est le pilier de nombreuses familles rurales. La question du prix du cacao est donc d’une importance capitale, non seulement pour l’économie, mais aussi pour la justice sociale. Les planteurs ivoiriens, qui supportent les aléas du climat et les fluctuations des marchés, ne doivent pas se contenter d’un prix qui ne couvre même pas leurs coûts de production.
Les efforts du gouvernement sont louables, mais ils doivent être amplifiés. La Côte d’Ivoire a les moyens de mieux rémunérer ses producteurs. Des politiques agricoles plus ambitieuses, une meilleure organisation du secteur et des investissements dans des infrastructures adaptées peuvent contribuer à renforcer la position des planteurs sur le marché. Cela passe également par une implication accrue des acteurs de la filière, y compris les coopératives, qui doivent jouer un rôle central dans la défense des intérêts des producteurs.
‘’Les efforts du gouvernement sont louables, mais ils doivent être amplifiés. La Côte d’Ivoire a les moyens de mieux rémunérer ses producteurs.’’
En outre, le gouvernement doit envisager des mécanismes pour stabiliser les prix sur le long terme, en évitant les fluctuations brutales qui mettent en péril la sécurité économique des planteurs. L’établissement d’un prix garanti peut être une solution efficace, permettant aux producteurs de planifier leurs récoltes et leurs investissements avec confiance.
Il est temps que la Côte d’Ivoire prenne conscience de la valeur de son cacao et de l’importance de ses producteurs. La hausse du prix du cacao à 1500 FCFA est un pas dans la bonne direction, mais il ne doit pas s’arrêter là. Alassane Ouattara a la possibilité d’honorer davantage les planteurs, en rehaussant le prix du kilogramme de cacao et en mettant en place des politiques qui garantissent un avenir meilleur pour ces braves planteurs.
La Côte d’Ivoire doit redoubler d’efforts pour valoriser sa filière cacao. Les planteurs ivoiriens méritent d’être mieux rémunérés, car ils sont les véritables artisans de la richesse du pays. L’avenir du cacao ivoirien dépend de la volonté politique de défendre les intérêts de ceux qui cultivent cette précieuse denrée. Il est temps de passer des paroles aux actes et de bâtir ensemble une filière cacaoyère qui soit à la hauteur des défis du XXIe siècle.
François M’BRA II, Correspondant Région de Gbêkê
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