[Édito] Université de Man, abus de pouvoir du président Coulibaly Lacina
Le Président de l'Université de Man, Prof. Coulibaly Lacina, impose aux enseignants-chercheurs d'accueillir le vice-président de la République. Une décision qui soulève des questions sur l'abus de pouvoir et l'autonomie académique en Côte d'Ivoire.
Bouaké, le 14 septembre 2024 (crocinfos.net) – La récente demande du Président de l’Université de Man, Prof. Coulibaly Lacina, aux enseignants-chercheurs de l’institution d’aller accueillir le vice-président de la République, M. Tiémoko Meyliet Koné, dans le cadre de la cérémonie d’hommage du district des montagnes au chef de l’Etat, Alassane Ouattara, soulève des interrogations profondes sur la gestion des institutions académiques en Côte d’Ivoire.
Alors que l’Université est en période de vacances jusqu’au 23 septembre 2024, imposer aux enseignants-chercheurs de se rendre à l’aéroport pour cet accueil semble non seulement inopportun, mais également préoccupant sur le plan éthique et administratif.
L’invitation à participer à cet événement, présentée sous forme d’un appel à s’inscrire au secrétariat de la présidence, ne peut qu’interroger. Pourquoi obliger des enseignants à abandonner leurs vacances pour une cérémonie qui ne relève pas de leurs responsabilités académiques ? Cette situation évoque une instrumentalisation des enseignants-chercheurs au service d’intérêts politiques, sans tenir compte de leur autonomie et de leur droit à un repos mérité.
‘’Alors que l’Université est en période de vacances jusqu’au 23 septembre 2024, imposer aux enseignants-chercheurs de se rendre à l’aéroport pour cet accueil semble non seulement inopportun, mais également préoccupant sur le plan éthique et administratif.’’
De plus, il est important de rappeler que ces mêmes enseignants ont déjà été privés de la possibilité d’exercer des activités syndicales au sein de l’université. Cette interdiction a des répercussions sur leur liberté d’expression et leur capacité à défendre leurs droits et intérêts professionnels. En les contraignant à participer à une cérémonie politique, le Président de l’Université semble franchir une ligne rouge, celle de l’abus de pouvoir. La question qui se pose alors est celle de la légitimité de cette demande : le Président agit-il dans l’intérêt de l’institution ou pour renforcer un contrôle sur ses membres ?
Il est essentiel que les universités, en tant que bastions de savoir et de liberté d’expression, préservent leur indépendance vis-à-vis des influences politiques. La mission première d’une université est d’éduquer, de former des esprits critiques et de favoriser le dialogue. En plaçant des enseignants-chercheurs dans une position où ils doivent choisir entre leur devoir académique et des obligations politiques, on mine cette mission et l’on fragilise le rôle de l’université dans la société.
Les enseignants-chercheurs de l’Université de Man doivent se mobiliser pour faire entendre leur voix face à cette situation. Ils doivent exiger le respect de leur autonomie et de leurs droits. Il est temps de rappeler que l’éducation ne doit jamais être un outil au service de l’autoritarisme, mais plutôt un espace de liberté et de créativité. Les instances dirigeantes de l’université, ainsi que les autorités politiques, doivent prendre conscience des implications de leurs décisions et agir de manière à promouvoir un environnement de travail respectueux et éthique.
Cette situation appelle à une réflexion plus large sur la gouvernance des institutions académiques en Côte d’Ivoire. Nous devons veiller à ce que l’engagement politique ne compromette pas l’intégrité et l’indépendance de nos universités. Il en va de l’avenir de notre système éducatif et de la formation de générations futures capables de penser librement et de s’exprimer sans contrainte.
François M’BRA II, correspondant régional
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