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[Enquête sur la corruption en Côte d’Ivoire] Vers la compromission de l’équité dans l’attribution des marchés publics

Enquête sur la corruption en Côte d'Ivoire

Abidjan, le 24 décembre 2024 (crocinfos.net) – Dans sa parution du 23 décembre 2024 publié à 5h40 GMT, intitulée : [L’enquête française qui fait trembler Abidjan], le confrère Africa de l’Intelligence, révèle l’enquête française sur un système de corruption et de blanchiment impliquant des personnalités de haut rang en Côte d’Ivoire, notamment le magnat du BTP Hassan Dakhlallah et plusieurs ministres du gouvernement d’Alassane Ouattara. Cette affaire soulève des questions sur l’intégrité des institutions ivoiriennes et les relations entre la France et la Côte d’Ivoire.

L’enquête, qui a été menée dans la plus grande confidentialité, met en lumière des pratiques de corruption qui semblent profondément ancrées dans le tissu politico-économique ivoirien. Les investigations, qui ont débuté par des soupçons de blanchiment, se sont élargies pour inclure des accusations de corruption d’agents publics étrangers. Cela indique non seulement l’ampleur des activités illégales présumées, mais aussi la complexité des réseaux impliqués, qui s’étendent au-delà des frontières ivoiriennes.

Les perquisitions effectuées dans les appartements parisiens de Dakhlallah, ainsi que les saisies d’argent liquide et de voitures de luxe, révèlent un mode de vie extravagant qui contraste fortement avec les réalités économiques de nombreux Ivoiriens. De plus, les liens supposés entre Dakhlallah et des ministres clés, comme Amédé Koffi Kouakou, soulignent la collusion potentielle entre le secteur privé et les décideurs politiques, ce qui pourrait compromettre l’équité dans l’attribution des marchés publics.

L’émergence d’un réseau de transfert de fonds de type “hawala” pour VIP, impliquant des personnalités politiques et économiques, renforce l’idée d’un système opaque où l’argent circule sans contrôle. Cela pose des questions sur la régulation financière en Côte d’Ivoire et sur la capacité des autorités à lutter contre la corruption.

La réaction du gouvernement ivoirien semble préoccupée par les méthodes de la justice française. En cause, aucun communiqué officiel ne dément avec des preuves cette enquête. Est-ce une volonté de protéger les membres du pouvoir impliqués dans cette sale affaire ? Cette attitude pourrait également être perçue comme une tentative de dissimuler des pratiques douteuses. La décoration récente de Dakhlallah par le gouvernement, malgré les enquêtes en cours, sur un scandale aussi grave soulève des interrogations sur les priorités des dirigeants ivoiriens et leur engagement envers la transparence.

Officiellement, c’est 1 400 milliards FCFA qui échappent aux caisses du Trésor public de l’État ivoirien chaque année à cause de la corruption. À titre d’illustration.

Enfin, l’enquête représente un tournant potentiel dans la lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire. Si elle aboutit à des révélations significatives et à des poursuites judiciaires, cela pourrait avoir des répercussions profondes sur la confiance du public envers les institutions et sur la stabilité politique du pays. Le fait que le confrère annonce la présence du juge d’instruction français à Abidjan pour auditionner des acteurs clés de cette affaire témoigne de l’importance de cette enquête et de son potentiel à changer le paysage politique ivoirien.

En somme, cette enquête révèle non seulement des pratiques de corruption au sein du gouvernement ivoirien, mais aussi les défis auxquels sont confrontées les autorités pour instaurer un climat de confiance et de transparence dans la gestion des affaires publiques.

Officiellement, c’est 1 400 milliards FCFA qui échappent aux caisses du Trésor public de l’État ivoirien chaque année à cause de la corruption. Conséquence : Le Groupe d’action financière (GAFI) a publié les conclusions de sa dernière séance tenue du 23 au 25 octobre 2024, concernant les efforts de la Côte d’Ivoire pour se conformer aux normes de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) parce qu’elle est inscrite sur la liste grise. Cela soulève des inquiétudes quant à l’impact sur l’économie, la stabilité politique et la transparence financière du pays.

La Côte d’Ivoire est à un carrefour critique en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, deux enjeux fondamentaux pour assurer la transparence et la sécurité de son système financier.

Sériba Koné

Encadré

La Côte d’Ivoire joue sa propre ”survie”

Le plan d’action actuel cible six domaines prioritaires que le GAFI considère comme essentiels pour atteindre une conformité complète. La Côte d’Ivoire devra notamment renforcer sa coopération internationale dans les enquêtes et les poursuites liées au blanchiment et au financement terroriste, améliorer les contrôles fondés sur les risques dans les institutions financières et autres entités non financières, ainsi que mettre en place des campagnes de sensibilisation visant à accroître la conformité des entreprises.

Une autre priorité vise à faciliter l’accès aux informations sur les bénéficiaires effectifs des personnes morales, en prévoyant des sanctions en cas de non-respect de la réglementation. Le pays s’engage également à accroître l’utilisation des renseignements financiers, en encourageant leur exploitation par les autorités pour identifier et poursuivre les infractions financières.

Le renforcement des actions de poursuite est également attendu. La Côte d’Ivoire doit démontrer une augmentation du nombre d’enquêtes et de poursuites, couvrant diverses infractions en adéquation avec le profil de risque national. Enfin, l’application rigoureuse des sanctions financières ciblées viendra compléter ce dispositif de sécurité financière.

Sériba K.

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