Afin que cette fois, seuls les grévistes soient bénéficiaires des retombées éventuelles de la grève, que les enseignants Rhdp ou défenseurs du parti aient le courage et l’honnêteté de dresser leurs listes pour dire qu’ils ne sont pas concernés par la grève et ses conséquences. En 2008 et 2009, lors des grèves pour l’amélioration salariale, certains enseignants militants du Fpi allaient tranquillement pour assurer leurs cours ou se faisaient brutaliser par leurs collègues. Lorsque le président Gbagbo a agréé les revendications des grévistes et que, le 1er novembre 2009, les fruits sont tombés, ces non-grévistes n’ont pas hésité et sont allés prendre les leurs sans vergogne.
‘’Pendant que certains d’entre eux criaient à la déstabilisation du pouvoir de leur parti ou de leur frère du Nord, d’autres venaient saluer les efforts du gouvernement et du président qui ont déjà beaucoup fait.’’
Il en a été pour les grèves de 2011, 2015. Quand on déclenchait les grèves pour ce qu’on appelle aujourd’hui le SDA et le déblocage des avancements, les militants Rdr ou RER les boycottaient. Pire, certains d’entre eux allaient à la télévision à 23h pour pondre des communiqués invitant à la reprise des cours “immédiatement”. Quand le président Ouattara a accédé à ces revendications (SDA et déblocage), ils n’ont pas eu honte ni peur de Dieu, ils sont allés prendre le fruit de la lutte de leurs camarades. Et compte tenu de leur matricule, certains de ceux qui sont perchés dans les ministères et chefs d’établissements prompts à dresser la liste des grévistes, à faire faire des ponctions ou suspendre des salaires ont été les premiers bénéficiaires.
En 2019, ils ont récidivé. Les enseignants Rhdp ne se sentaient pas concernés par les revendications. Pendant que certains d’entre eux criaient à la déstabilisation du pouvoir de leur parti ou de leur frère du Nord, d’autres venaient saluer les efforts du gouvernement et du président qui ont déjà beaucoup fait.
‘’Pour ne pas en arriver là, que les enseignants Rhdp et autres non intéressés par les revendications aillent se déclarer sur une liste.’’
Une autre grève, un autre combat s’annonce pour les 28, 29 et 30 janvier prochains. Et déjà, les mêmes refrains, les mêmes litanies, les mêmes sirènes se font entendre. ‘’Le gouvernement et le président ont déjà beaucoup fait. C’est assez. Une grève en 2020, à la veille des élections, est alors indécente, inopportune, politique et déstabilisatrice.’’ Et notre ministre, soucieuse du bien-être et du confort de ses enseignants, a trouvé plus de mille milliards pour leur construire des logements. Malheureusement, tout le monde est devenu Saint Thomas dans ce pays. Notre ministre est revenue de la Mecque il n’y a pas longtemps, comment peut-elle berner ses enseignants ? Elle a beau montrer sa bonne foi, personne ne veut croire en son projet qu’on trouve trop beau et on la tourne en dérision sur les réseaux sociaux.
La grève aura donc lieu et perturbera l’école, le ministère et la société tout entière. Pour ne pas en arriver là, que les enseignants rhdp et autres non intéressés par les revendications aillent se déclarer sur une liste. Et Dieu seul sait, ils sont les plus nombreux. Alors, le gouvernement se penchera sur le cas de la minorité insatiable et nécessiteuse, à moindre coût. Tout le monde le sait, c’est notre nombre qui fait peur.
Par Pascal Kouassi