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Gal Robert Guéi, 18 ans après

Abidjan, le 19-09-2020 (https://crocinfos.net/) 19 septembre 2002-19 septembre 2020. Cela fait exactement 18 ans. Oui, 18 ans que tu n’es plus de ce monde, mais ta silhouette est là. Tes images et ta voix aussi. Tes paroles résonnent encore à nos oreilles et dans nos cœurs qui continuent de saigner et de te pleurer. Même dix-huit ans après, la douleur est vive, lancinante, le vide que tu as laissé s’est épaissi.

En ce jour anniversaire-hommage de la 18e année de ta disparition tragique, on s’interroge encore, sans comprendre, sur la méchanceté de ceux qui t’ont lâchement et brutalement ôté la vie.

Mon général, l’UDPCI, le parti que tu as porté sur les fonts baptismaux a poussé les dents, marché, grappillé ça et là quelques petits lauriers et s’illustre même comme une force sur l’échiquier politique ivoirien.

L’union des ‘’Judas’’ comme l’appelait le Pdci-Rda, a, autour de ton nom, battu le pavé et tenté de traduire ton rêve d’un grand parti en une réalité, avec des fortunes diverses. De 14 députés à l’Assemblée nationale à sa création en 2001, provenant principalement de sa base électorale du Tonkpi, l’Udpci n’y compte plus que deux menus fretins.

‘’L’Union que tu prônais, faute de vision de ses dirigeants actuels, ton parti est devenu un attelage au service des différents pouvoirs, un simple club de soutien pour servir des intérêts circonstanciels.’’

Avec cinq (5) députés  dont Mabri lui-même l’Udpci n’a plus de groupe parlementaire. Au niveau des collectivités locales, l’Udpci n’a aujourd’hui que trois (3) maires contre neuf (9) en 2001, et un (01) Conseil régional contre trois (03) Conseils généraux en 2002.

À la présidentielle de 2010, Albert Mabri Toikeusse a obtenu 118.671, soit 2,57% sur 4 millions 843.445 votants, loin derrière Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

L’Union que tu prônais, faute de vision de ses dirigeants actuels, ton parti est devenu un attelage au service des différents pouvoirs, un simple club de soutien pour servir des intérêts circonstanciels.

Des visages que tu connais, avec qui tu as partagé les bons et douloureux moments, à la création de l’Udpci sont partis, pour ne pas trahir la cause de ce parti.

18 ans après ta disparition qui suscite encore des interrogations, le dossier sur ton assassinat a connu un coup d’accélérateur le 11 mars 2015, au tribunal militaire d’Abidjan, grâce à la volonté des autorités ivoiriennes, qui ont voulu que la vérité éclate et que les responsabilités soient situées.

Secundo, ton parti politique n’a jamais joint l’acte à la parole. L’Udpci n’a jamais déposé une plainte pour la manifestation de la vérité comme elle l’a fait croire à l’opinion. Je peux te garantir que du 19 septembre 2002 au 10 septembre 2012, aucune personne n’avait porté plainte dans le cadre de ton assassinat, si ce n’est maître Singo Tia Paul grâce à ta famille biologique. C’est le 7 septembre qu’il a été saisi. Il a, alors déposé deux plaintes dans le cadre de cette affaire : dont l’une au parquet militaire le 10 septembre 2012, et l’autre devant le tribunal correctionnel de première instance d’Abidjan Plateau le 7 septembre 2012.

‘’Ton nom et ton parti ne servent plus qu’à ouvrir des portes au bénéfice d’un groupuscule qui vit dans la haine des autres enfants.’’

Le verdict du Tribunal militaire d’Abidjan a condamné trois des prévenus à la prison à perpétuité : le général Brunot Dogbo Blé, ancien commandant de la Garde républicaine ; le commandant Anselme Séka Yapo, ancien chef de la sécurité rapprochée de l’ex-Première dame Simone Gbagbo ; le maréchal des logis Séry Daléba.

Quant à la plainte déposée devant le Tribunal correctionnel, elle suit son cours. De là ou tu es, toi seul, tu connais la vérité. Nous, les vivants, on ne fait qu’épiloguer.

Tiens, ton parti politique n’aura pas de candidat à la présidentielle de 2020. Les dossiers de candidature du président dudit parti ont été rejetés par la Cour constitutionnelle.

Sache que certains de tes héritiers ne font référence à toi que lorsque leurs intérêts personnels sont menacés; le parti et ton nom sont devenus des occasions pour glaner de grasses espèces sonnantes et trébuchantes. Le parti donne le spectacle de division, de méchancetés gratuites, de règlements de comptes, de basses intrigues.

Ton nom et ton parti ne servent plus qu’à ouvrir des portes au bénéfice d’un groupuscule qui vit dans la haine des autres enfants.

Mon Général, nous continuons de te pleurer, repose en paix auprès du père Céleste, loin de la méchanceté des Humains.

Sériba Koné

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