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Guerre totale (Par Ferro M. Bally)

Entre Alassane Ouattara (à d.) et Soro Guillaume, la guerre est déclarée et elle est totale. Dix mois avant la présidentielle d’octobre 2020, les anciens alliés sont sur le ring et se donnent des coups.

Le lundi 23 décembre 2019, jour prévu du retour au pays de Soro, le pouvoir ivoirien est passé à l’offensive, contraignant celui-ci à un exil politique forcé.

D’un côté, il a lancé un mandat d’arrêt international contre le candidat déclaré à la présidentielle pour deux chefs d’accusation: ‘’détournement de deniers public, recel de détournement de deniers public et blanchiment de capitaux d’un montant de 1,5 milliard de FCFA’’ et ‘’attentat à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire’’.

‘’Entre Alassane Ouattara (à d.) et Soro Guillaume, la guerre est déclarée et elle est totale. Dix mois avant la présidentielle d’octobre 2020, les anciens alliés sont sur le ring et se donnent des coups.’’

De l’autre, il a fait déployer un impressionnant dispositif de sécurité afin de tuer dans l’œuf tout regroupement pour l’accueil du président de Générations et peuples solidaires (GPS, mouvement politique). Cinq députés du groupe parlementaire Rassemblement, des dirigeants de partis se réclamant de la sorosphère et des militants ont été arrêtés manu militari et jetés en prison.

Ce n’est pas tout dans cette opération d’envergure pour étouffer Soro Guillaume. Le jour de la Noël, sa résidence à Abidjan-Marcory a fait l’objet de saisie. Ce serait un bien appartenant à l’État et destiné aux Premiers ministres dont Soro était de 2007, sous Gbagbo, à 2012, sous Ouattara.
Selon des proches, l’ancienne résidence de Soro à M’Pouto et désormais occupée par Kamaraté Koné Souleymane dit Soul To Soul, ministre plénipotentiaire et ancien directeur du protocole de Soro, alors président de l’Assemblée nationale, a été visitée par des éléments de la Gendarmerie nationale.

Le camp Soro a aussi sorti ses griffes pour contre-attaquer. En accusant Ouattara de dictature, l’homme de mission s’est mis à table et a avoué, pour la première fois, que la rébellion armée n’a été menée que pour l’accession au pouvoir de Ouattara.

C’est dans cette ambiance électrique de règlement de compte et de déballages que Alassane Ouattara a reçu, le mardi 24 décembre, des officiers issus de la rébellion armée. Car les vives tensions entre le chef de l’État et son opposant impacteraient la cohésion entre ces anciens militaires des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, armée rebelle).

‘’C’est dans cette ambiance électrique de règlement de compte et de déballages que Alassane Ouattara a reçu, le mardi 24 décembre, des officiers issus de la rébellion armée.’’

En effet, depuis la prise du pouvoir en 2011, les dix anciens commandants de zone ou com’zone ont connu la même promotion militaire: commandant (rappel de promotion sous Gbagbo), lieutenant-colonel en 2014, colonel en 2018.

Mais voilà qu’en décembre 2019, seuls quatre d’entre eux ont été promus au précieux grade de colonel-major, créant des grincements de dents. Ce sont Issiaka Ouattara dit Wattao, Chérif Ousmane, Touré Pélikan Hervé dit Vétcho et Ouattara Zoumana.

Les six autres, dont certains sont soupçonnés de soroïsme, n’ont pas connu cette joie: Morou Ouattara, Zacharia Koné, Losséni Fofana, Aboudramane Touré, Ousmane Coulibaly dit Ben Laden et Gaoussou Koné dit Jah Gao.

C’est pourquoi, en dehors de l’état-major général des armées mis à la touche, le chef suprême des armées a eu une réunion express avec ces anciens rebelles, qui étaient sous la responsabilité de Soro Guillaume, alors secrétaire général des Forces nouvelles. L’objectif est de resserrer les rangs autour du régime et décourager, à défaut d’annihiler toute velléité de putsch attribuée à leur ancien chef suprême auquel le pouvoir veut arracher toute marge de manœuvre par la chasse à ses partisans et l’épée de Damoclès d’une extradition.

Car, Ouattara a retenu la leçon de Machiavel: “Gouverner, c’est mettre ses sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser”.

F.M.Bally

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