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[Guiglo/Détournement de poteaux électriques] Accusée par les populations de Gblapleu, voici la réaction de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire

Gblapleu, le 19-09-2022 (crocinfos.net) Financé par l’État grâce à l’activisme agricole et socio-professionnel du contribuable ivoirien, source de renflouement des caisses du trésor public,  le village Gblapleu (15 km de la ville de Guiglo, dans le secteur de Yaondé), à l’instar de plusieurs autres localités de la Région du Cavally, sera bientôt électrifié.

Mais le mode opératoire utilisé par l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire, sous la supervision de Côte d’Ivoire Énergie dans la conduite de ce projet si salvateur qui visait au départ à sortir ce village enclavé de l’obscurantisme notoire fait l’objet de nos jours de plusieurs critiques très acerbes d’une partie de la population, la grande majorité d’ailleurs.

A Gblapleu, les inquiétudes plurielles de ces populations lésées que l’on surnomme affectueusement “les oubliées de la lumière” dans la mise en œuvre effective de ce projet électrique s’articulent autour des points suivants : les suspicions de corruption des techniciens et de vente des poteaux électriques de Gblapleu à d’autres villages environnants non impactés au départ par ce projet.

Les faits…

Les suspicions de corruption des techniciens

C’est courant le deuxième trimestre de l’année scolaire 2021-2022 que le pot aux roses a été découvert par la jeunesse qui n’a pas manqué d’assaillir le géomètre Saye de Ziogouiné (Région du Tonkpi).

Suspecté d’avoir perçu la coquette somme de 500 mille FCFA d’Issa Blanchard pour dévier sa résidence construite sur la route (25 mètres de la mosquée de Gblapleu), Saye a mordicus rejeté cette accusation, alors entouré par les jeunes, à quelques 50 mètres de la résidence du chef K. Anatole  de Gblapleu. “Je suis originaire du Tonkpi et je ne peux pas faire un mauvais travail à Gblapleu, un village fondé par les Yacouba“, avait-il dit pour se défendre devant la furia des jeunes qui étaient sur le point de le lincher publiquement et de percer les pneus de sa voiture personnelle.

La suite est très intrigante car à l’aide des techniciens de hauts rangs intellectuels comme Fama, les travaux se sont poursuivis tout de même pour produire des résultats décevants suivants: l’adoption du “plan Issa“, des résidences trouées puis abandonnées pour dit-il erreur de lecture du plan, des rues serpentées aux formes peu connues du monde des géomètres experts (larges au départ puis très réduites à la fin) et des voies occultées selon la tête du citoyen (cas du vieux Iapiédeu non loin de la résidence familiale du confrère Wahou Blaise du quotidien Soir Infos à Katiola).

Ici, la lecture du plan de Gblapleu est strictement réservée à Issa. Car selon le géomètre “la lecture du plan se fait de façon secrète“.

Toute chose qui a provoqué la colère noire de Sapadeu que nous avons rencontré à son domicile. Interrogé aussi non loin de sa résidence à Gblapleu sur les accusations de corruption du géomètre, Issa Blanchard a été plus menaçant en ses termes bien voilés : “Vous (ndlr : journaliste) n’êtes pas venu ici pour ça“.

Il faut dire que les griefs formulés par les populations de Gblapleu ne se limitent pas seulement qu’à la corruption des techniciens ayant conduit le projet de l’électrification de leur village. Ils font état de ce que des poteaux électriques seraient vendus aux villages environnants non impactés au départ par ce projet.

En ce qui concerne les suspicions de ventes de poteaux électriques de Gblapleu à d’autres villages environnants non impactés au départ par ce projet

En effet, les travaux qui ont lieu à Gblapleu s’exécutent méthodiquement selon le schéma suivant : informations des villageois relatives à l’électrification de leur village par Côte d’Ivoire Énergie en présence de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire ; arrivée des agents de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire et début des travaux par la ceinture dudit village suivie de pose de piquets à chaque 50 mètres ; les trouaisons, les plantings de poteaux électriques et les câblages pour ce qui concerne strictement le village Gblapleu.

Quelques deux mois après le passage du représentant de Côte d’Ivoire énergie et du Directeur général de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire à Gblapleu, est arrivée, une équipe de techniciens pour débuter les travaux.

Pour montrer volontiers leur adhésion à ce projet, des jeunes se sont mobilisés, par communauté, comme un seul homme pour accélérer les travaux.

Ainsi débutés au collège Coprig non loin du cimetière, c’est au quartier “Derrière l’eau”, en partance pour le nouveau quartier que les layonnages ont pris fin avant d’entamer les travaux des rues principales et secondaires de Gblapleu. Une ceinture de plus d’un kilomètre 500 mètres, en raison d’un piquet à chaque 50 mètres. Bien sûr, chaque piquet devant être remplacé à terme par un poteau électrique.

La fin des premiers travaux a fait place à la mise en fonction d’une seconde équipe chargée des trouaisons. C’est là que tout le malheur des populations cosmopolites qui peuplent Gblapleu débute.

La nouvelle équipe, vu le succès des premiers travaux, se met alors à tenir un langage guerrier aux jeunes de Gblapleu, lors d’une réunion publique. “Si vous ne nous aidez pas à creuser, nous allons abandonner vos travaux pour aller ailleurs. On a trop de chantiers. C’est ce que des jeunes d’un village du Tonkpi ont fait et nous avons abandonné leurs travaux“, dixit l’un des techniciens.

Propos à nous réitérés lorsque nous tentions de comprendre les raisons de la lenteur des travaux de leur équipe. C’était lors d’un entretien au carrefour sis non loin de la résidence de l’ex-chef des Baoulé de Gblapleu récemment décédé.

Chose dite, chose faite et des rues entières (une dizaine) ont totalement été abandonnées parce que tout simplement, les jeunes de Gblapleu parmi lesquels figurent des bacheliers et autres diplômés (qui ont décidé de retourner à la terre), ont demandé une motivation financière en contrepartie, comme c’est le cas généralement même lors des travaux de la CIE et de plusieurs autres entreprises qui exercent sur toute l’étendue du territoire ivoirien.

Car pour eux, ces travaux en cours d’exécution seront payés par le contribuable ivoirien dont eux à l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire. Vu surtout qu’en dépit de leur premier engagement physique, les populations cosmopolites qui peuplent Gblapleu se sont mobilisées pour loger et faire de la restauration quotidienne pour tous les travailleurs de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, en plus de la piètre qualité des travaux faits dans la précipitation (plusieurs poteaux électriques mal positionnés ont fait l’objet de repositionnement après la colère noire d’un superviseur), des rues et leurs piquets attendent toujours d’abord d’être troués pour recevoir ensuite aussi leurs poteaux électriques.

Ce, au moment même où les câblages sont encore en cours de finition et au moment où des remorques ont repris une cinquantaine de poteaux électriques pour une destination inconnue des populations cosmopolites qui peuplent Gblapleu, jusqu’à ce jour.

Dès lors, nous sommes en droit de savoir si les poteaux électriques de Gblapleu ont-ils fait l’objet de détournement par l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire pour être vendus quelque part d’autre ?

Une interrogation profonde qui fonde ici même les rumeurs de vente des poteaux électriques de Gblapleu à d’autres villages voisins non impactés par ledit projet comme Manois, deux manguiers et wankro qui se mobilisent financièrement pour faire leur lotissement en vue de bénéficier aussi de ce projet.

La réaction de l’entreprise Emitel Côte

Dans le but de mieux éclairer la lanterne de nos lecteurs sur la situation qui prévaut actuellement à Gblapleu, nous avons joint d’abord via WhatsApp le directeur général de l’entreprise Emitel Côte d’Ivoire par une série de questions  sans succès, avant de le joindre au téléphone.

Pour ce qui concerne l’attitude du technicien Saye, il s’est étroitement appuyé sur Saye juste pour la lecture du plan de Gblapleu en sa qualité de géomètre ayant travaillé à Gblapleu et pour les tracés des rues, vue que certaines bornes ont été déplacées par les populations. Cependant, toutes autres actions par Saye posées lui (Saye) seront imputables.

Au sujet de la réalisation effective des travaux d’électrification de Gblapleu, voici nos modestes questions qui sont restées vaines :

1- Que sont devenus la cinquantaine au moins de poteaux électriques récupérés sur le terrain à Gblapleu par des véhicules de votre entreprise ?

2- Pourquoi des rues entières sont sans poteaux électriques alors que vous avez stoppé les travaux de planting de poteaux dans le village Gblapleu?

3- De retour sur le terrain, il ressort que ces poteaux seront vendus aux villages environnants non pris en compte au départ par ce projet à hauteur de 500 mille le poteau. Qu’en dites-vous ? Et par quel mécanisme allez-vous procéder pour leur trouver des poteaux électriques devant éclairer ces villages ?

4- Des poteaux électriques plantés, déterrés et replantés. Est-ce à dire que la qualité des travaux n’est pas de mise?

Joint au téléphone le 14 septembre 2022 dernier, le Directeur général d’Emitel Côte d’Ivoire a pu dire ceci, sur un ton ferme : “Si vous avez des questions à poser, allez vers Côte d’Ivoire Énergie. C’est ce que Côte d’Ivoire Énergie me dit de faire, c’est ça je fais… Je ne peux répondre à vos questions“.

Cependant, aucune direction de Côte d’Ivoire Energie n’étant dans la Région du Cavally pour nous illuminer davantage sur cette problématique, nous espérons que sa direction générale sise à Abidjan saisira la balle au bond pour pondre un message explicite devant étancher notre soif ardente de vérité.

Plaidoyer pour une implication effective des autorités dans la réalisation du projet d’électrification de Gblapleu

Les quelques suspicions bien éludées des populations de Gblapleu dans le cadre de la réalisation effective du projet d’électrification de leur village doivent pousser inéluctablement à une mobilisation exceptionnelle et générale de toutes les autorités compétentes de la Côte d’Ivoire et surtout du District des Montagnes.

Ce sont le Premier Ministre, le Ministre de l’énergie, le Ministre de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption; le Ministre-Gouverneur du District des Montagnes; le Préfet de Région du Cavally, Préfet du Département de Guiglo; la Présidente du Conseil Régional du Cavally; le Sous-préfet de Guiglo; le Député de Guiglo Commune et le Maire de la Commune de Guiglo.

Car de tels faits surviennent au moment où plusieurs entreprises en charge des grands travaux ont disparu dans la nature, après avoir encaissé une bonne partie des fonds à eux alloués par l’État de Côte d’Ivoire pour la réalisation de ces travaux.

Abandonnant ainsi les populations cosmopolites qui peuplent la Région du Cavally;  leurs autorités administratives et politiques à leur triste sort.

Situation constamment dénoncée par la Ministre Anne Ouloto, par ailleurs Présidente du Conseil Régional du Cavally. C’est pourquoi d’ailleurs elle a instruit ses collaborateurs lors de la récente session du Conseil Régional du Cavally à trouver désormais des entreprises fiables pour la réalisation des travaux d’utilité publique.

C’est à ce degré d’implication collective, sans distinction aucune, notamment  de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique, que l’on pourra permettre au Président Alassane Ouattara de répondre efficacement aux attentes des populations ivoiriennes, en particulier celles de Gblapleu et environs (Au moins 7000 âmes), véritables arbitres électoraux dans la Commune de Guiglo.

Laine Gonkanou, Correspondant Régional

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