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Guillaume Soro depuis Fresco : « le temps des discours guerriers, c’est fini »

Pour le président de l'Assemblée nationale, la seule guerre que nous devons mener, c’est la réconciliation

À l’initiative du député-maire de Fresco, Alain Lobognon, le Président de l’Assemblée Nationale Guillaume Kigbafori SORO qui sejourne dans ladite localité, a échangé avec les Chefs Traditionnels et les leaders de communautés le jeudi 26 Avril, autour d’un dejeuner. Prenant la parole après avoir écouté ses hotes, Guillaume SORO a demandé aux populations de s’inscrire dans le pardon et la réconciliation pour le developpement de leur region mais également de la Côte d’Ivoire. Ci-dessous l’ingralité du discours de Guillaume SORO à l’occasion de cette rencontre.

« Aujourd’hui, je prendrai la parole juste pour vous dire merci, pour dire merci en des mots simples mais qui viennent de mon cœur, merci à chacune et à chacun d’entre vous. Merci pour l’accueil, mais au-delà, merci pour la sincérité, la franchise et la vérité que nous partageons ensemble. Oui, je l’ai dit hier, j’ai été fortement impressionné par l’accueil qui m’a été réservé. J’aurais pu penser que tout ça était organisé. J’ai vu Alain Lobognon, il m’a rassuré que le caractère privé de ma visite avait bien été respecté, mais les parents ont simplement refusé.

Personnellement, ça me touche, parce que je ne m’attendais pas à autant d’attention, d’amitié et de fraternité. Je dis souvent, on peut forcer des gens à venir à un lieu de rassemblement, mais on ne peut les forcer à sourire. En vous regardant, après avoir écouté tous les messages francs que vous m’avez adressés, comment ne pas être touché, content de la qualité des propos que vous avez tenus ? Je me rends à Fresco pour ma première fois et je découvre une région potentiellement riche. Je découvre un peuple franc, sincère loyal et fidèle. Rien ne vaut et ne peut remplacer ce contact direct que j’ai eu avec vous. Au nom de mes parents Sénoufo du Nord qui sont venus me parler aussi, je voudrais dire que nous aussi, nous sommes un peuple qui cultive la loyauté et la fidélité. Quand un Sénoufo décide de vous suivre, il vous suit jusqu’au bout. Il ne sait pas trahir, parce que dans la culture du bois sacré, on apprend à l’adolescent ce que c’est qu’être un adulte. On lui apprend ce que c’est que la douleur mais surtout la loyauté, le courage et la fidélité. En ce sens-là, nous nous rejoignons, c’est pourquoi je suis très heureux. Permettez-moi d’insister sur ces remerciements parce que je suis très heureux.

Je voudrais saluer tous les porte-paroles qui m’ont adressé des mots aimables. J’ai pris bonne note des doléances que vous avez évoquées et c’est normal. Avec votre fils Alain Lobognon, je vais voir les doléances que nous pouvons réaliser à court terme. Celles qui méritent que j’en parle au président de la République, et avec lui, nous allons y travailler. Au niveau des doléances, j’ai vu, j’ai parcouru un peu la cité, c’est vraiment magnifique ici. Il y a un potentiel touristique formidable dans cette région qui gagnerait à être exploitée. Les jeunes ont parlé de l’agriculture, c’est bien. J’ai bien noté le désir de voir le chômage baisser. Effectivement, la question du chômage est réelle, pas seulement en Côte d’Ivoire, mais partout en Afrique et il faut que les gouvernants trouvent des solutions à ces problèmes. Je suis d’accord avec les jeunes pour que nous lancions des réflexions, pour faire des propositions concrètes. J’ai entendu la voix du porte-parole des chefs, j’ai promis de vous recevoir à Abidjan, et je le ferai. Je suis d’accord que ce qui doit se passer entre chefs, doit rester entre chefs, moi-même étant chef traditionnel par ailleurs. Alain m’a rappelé à juste titre les problèmes structurels dans la région. Il me parlait des problèmes d’eau potable. Nous allons en parler avec le Président. Il y a un Plan national de développement qui a été mis en place, qui englobe ce genre de problème.

Vous avez aussi parlé de réconciliation nationale. Les jeunes me l’ont dit, les chefs également, tout le monde l’a dit. Nous allons continuer notre plaidoirie pour la paix et la réconciliation dans ce pays. Je demande aux chefs de travailler à la cohésion, de travailler à la paix, car il n’y a pas d’autre issue. Hier, quand j’ai dit qu’il fallait qu’on se réconcilie, certains ont réagi en disant : ‘‘de quoi parle Guillaume ? Qu’est-ce qu’il dit encore ?’’ Qu’ils sachent que ça ne peut pas me décourager. Il faut beaucoup plus. Pour quelqu’un comme moi, ce ne sont pas quelques cris d’orfraie qui vont m’effrayer et m’arrêter. Quelqu’un a dit ‘‘le vivant d’attentat d’un avion’’, même l’avion-là ne m’a pas arrêté. La seule guerre que nous devons mener, c’est la réconciliation, il n’y a pas autre chose.

Tous les pays se sont développés parce d’abord, les filles et fils autour de la nation, se sont rassemblés et ont décidé de développer leur pays. Si quelqu’un vous tient un autre discours, il vous trompe. Les gens restent loin, ils blaguent leurs parents et ceux-ci restent dans la difficulté et les problèmes. Moi je ne suis pas venu tenir un langage d’hypocrite ni de démagogue. La vérité rougit les yeux mais ne les casse pas. Il faut qu’on se réconcilie. Il faut qu’on s’engage, il faut qu’on se pardonne. Les victimes, il y en a partout. Tous les Ivoiriens sont concernés. On ne va pas continuer dans la récrimination. On ne va pas léguer à nos enfants notre propre haine, ils n’ont rien à avoir avec ce qu’on a fait. Je suis d’accord et heureux que nous ayons compris l’utilité de cette réconciliation. Parce qu’à part la réconciliation, c’est l’affrontement. On est fatigué de s’affronter, de nous entretuer. Il faut la réconciliation. Ceux qui veulent continuer à tenir des discours guerriers, qu’ils sachent que c’est fini le temps des discours guerriers. Le temps où on se mesure les muscles, c’est fini. Le temps est maintenant au pardon, à la discussion.

Les jeunes ont aussi demandé que les exilés rentrent. Je suis entièrement d’accord. Je connais particulièrement Damana Pickas. Il s’appelle Damana Adiah Médard, il a été dans mon bureau lorsque j’étais secrétaire général de la FESCI. Il était le numéro trois. Je sais qu’il est en exil. Dites-lui de m’appeler. Il ne faut pas qu’il fasse comme s’il ne me connaît pas. Après, il est allé diriger la JFPI. On se connaît très bien et je n’en dirai pas plus. La dernière fois, les anciens de la FESCI ont décidé de passer me saluer. Je les ai reçus à la maison. On a mené un combat ensemble. J’ai vu que Pickas s’est fâché, il a commencé à m’insulter. Moi, je ne vais pas l’insulter, c’est mon ami, qu’il m’appelle, on va faire la paix, on va se parler. Les jeunes, il n’y a aucun problème, appelez-le, dites-lui que Guillaume Soro, son ancien patron de la FESCI demande de l’appeler. C’est son pays. C’est sa génération qui est là. Si nous, on ne peut rien faire pour lui aujourd’hui, quand est-ce qu’on pourra le faire ? Mes mains sont tendues, je l’attends. Les femmes, je vous remercie également et j’ai bien compris votre message. Je veux que vous sachiez que je m’engage à être avec le Gboklè. Laissez-vous convaincre par les actes et non les paroles. Je vous remercie ».

 

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