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[Guinée] Alpha Condé sur les traces de Blaise Compaoré ?

Le chef de l’Etat Guinéen, Alpha Condé, est face à une opposition qui le menace pour tripatouillage de la constitution qui limite la présidence de la République à deux mandats.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui regroupe des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile en Guinée, a appelé lundi 7 octobre à manifester à partir du 14 octobre contre l’ambition du président Alpha Condé (qui selon eux) veut briguer un troisième mandat.

Selon les dispositions constitutionnelles de la Guinée, Alpha Condé dont le deuxième mandat s’achève en octobre 2020 ne doit plus briguer un autre mandat.

L’opposition significative guinéenne tient au respect de la Loi fondamentale et veille au grain. Tout est parti récemment au début du mois de septembre, quand le président guinéen a chargé son Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, de conduire des consultations sur une possible révision de la Constitution, qui ont du reste été boycottées par l’opposition.

Loin de baisser les bras, il a nourri l’idée d’une candidature à sa propre succession en appelant fin septembre les Guinéens à se ‘’préparer’’ à un référendum et à des élections législatives.

Vers un soulèvement populaire… 

C’est la goutte d’eau de trop à la suite de laquelle le Front national pour la défense de la Constitution a publié une déclaration lundi à l’issue d’une réunion extraordinaire de ses membres. Il s’est « réjoui de n’avoir pas pris part à la mascarade déguisée sous le label de consultations, qui n’était qu’une nouvelle manœuvre dilatoire destinée à servir d’alibi pour légitimer le processus de coup d’Etat constitutionnel entrepris par le pouvoir guinéen », ajoutant, par ailleurs qu’il « lance un appel à la mobilisation de tous les Guinéens », à partir du 14 octobre, à travers des « manifestations républicaines ».

Les signes d’un soulèvement populaire en Guinée se dessinent comme au Burkina-Faso sous l’ère Blaise Compaoré dans un contexte similaire. Il a suffi de trois jours pour que Blaise Compaoré soit poussé dehors par la tempête humaine pour les mêmes causes. Sauf que lui venait de passer 27 ans et 15 jours au pouvoir le jeudi 15 octobre 1987. Ce, à la suite de violentes manifestations et des heurts qui ont conduit à l’abandon du vote du projet de loi sur la modification de la Constitution burkinabè.

Depuis ces velléités de tripatouillage d’Alpha Condé, l’opposition affûte ses armes et met en garde contre de nouvelles violences car les précédentes ont fait une centaine de manifestants tués sous les balles des forces de l’ordre depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé en décembre 2010.

Les autorités font, pour leur part, état d’une douzaine de policiers ou militaires tués lors de manifestations au cours de cette période. Le FNDC recommande aux compagnies minières, banques, usines, stations-service et aux autres entreprises publiques et privées de « suspendre toute activité durant les manifestations, en vue d’éviter tout incident dommageable ».

La directrice pour l’Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, Corinne Dufka citée dans un communiqué du 3 octobre, indique que « dans un contexte de débat politique acharné en Guinée, il est plus important que jamais de protéger le droit de manifester pacifiquement».

Alpha Condé ira-t-il jusqu’au bout de son intention de violer la Constitution ? Le schéma d’un soulèvement populaire se prépare avec des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile le 14 octobre 2019.

Kpan Charles

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