Abidjan, Côte d’Ivoire, 14 janvier 2025 (crocinfos.net) – En fait, la période de 1880 à 1960 fut l’exploration de l’Afrique noire. La vraie colonisation, sans chicotte, plus pernicieuse et plus efficace se fait aujourd’hui par les TIC, notamment les chaînes audiovisuelles et les réseaux sociaux. Le match du 12 janvier 2025 entre le Real Madrid et le FC Barcelone, deux clubs espagnols, en est une parfaite illustration. Il a polarisé l’attention des Africains à l’instar des amoureux du football de la planète. Avant, pendant et après le match, on a discuté, on s’est chambré, on s’est raillé, on s’est insulté, on s’est bagarré en défendant, en vantant son club. À travers l’Afrique, des villes aux plus petits hameaux, on a crié, hurlé pour accueillir le but de Mbappé, les buts du prodige Yamal Lamine, de Lewandowski, de Raphinha…
‘’La vraie colonisation, sans chicotte, plus pernicieuse et plus efficace se fait aujourd’hui par les TIC, notamment les chaînes audiovisuelles et les réseaux sociaux.’’
Et c’est ainsi depuis les 20 dernières années avec la vulgarisation du bouquet Canal+ de Bolloré qui envahit l’espace Afrique francophone. Il n’existe plus de discussions autour des rencontres Asec / Africa. Pendant que les stades de l’Afrique du Nord, de l’Arabie Saoudite, des pays sud-américains drainent des milliers de spectateurs, ceux de l’Afrique francophone, eux, sont déserts. Qui va aller au stade pour voir un match Asec d’Abidjan / FC San-Pedro pendant que se déroule à 6000 km d’ici un match Liverpool/Manchester United ? Après le match Liverpool et Manchester United, des supporters mancuniens de la Tanzanie ont improvisé une chanson pour saluer la performance d’Amad Diallo.
‘’En fait, il n’y a pas eu de décolonisation dans les années 1960, il y a eu simplement de la décoloration.’’
Combien connaissent le nom d’un joueur du championnat ivoirien ?
En fait, il n’y a pas eu de décolonisation dans les années 1960, il y a eu simplement de la décoloration : des Noirs ont pris la place des Blancs. C’est maintenant que débute la vraie colonisation. Elle est certes passive : elle se fait sans chicotte, sans violence, sans corvée mais plus tueuse de cultures locales, plus efficace. Et elle est irréversible ; elle emporte même les nouveaux souverainistes et autres panafricains.
Par Pascal Kouassi