Bouaké, le 5 décembre 2024 (crocinfos.net) – Dans la région de la Marahoué, située centre Ouest de la Côte d’Ivoire, l’orpaillage attire chaque jour des milliers d’aspirants chercheurs d’or, promettant richesse et prospérité. Mais derrière cette quête dorée se cache une réalité alarmante : des conséquences sanitaires dévastatrices et une dégradation environnementale sans précédent. Ce dossier explore les enjeux de cette activité. Il révèle comment la recherche de l’or peut se transformer en une malédiction pour les communautés locales et leur écosystème. Entre promesses d’enrichissement et menaces invisibles, l’avenir de la Marahoué est en jeu.
L’orpaillage, cette pratique ancestrale de recherche et d’extraction de l’or, a longtemps fasciné les hommes. Il est perçu comme un symbole de richesse et d’opportunité. Dans la région de la Marahoué, cette activité connaît un essor sans précédent. Elle attire des milliers de migrants en quête de gains rapides dans un contexte économique souvent difficile. La promesse d’une vie meilleure, portée par les récits d’orpailleurs ayant fait fortune, pousse de nombreux habitants à plonger dans cette aventure incertaine, souvent sans connaissance des risques qui les guettent.
Cependant, derrière cette façade d’opulence se cache une réalité bien plus sombre. L’orpaillage, loin d’être une panacée, comporte des dangers considérables, tant pour la santé des individus que pour l’environnement. L’utilisation de méthodes rudimentaires et souvent dangereuses, couplée à l’emploi de substances toxiques comme le mercure et le cyanure entraînent des conséquences néfastes sur la santé publique. De nombreux orpailleurs souffrent de maladies dues à l’exposition aux produits chimiques, tandis que les communautés environnantes subissent les effets de la pollution des sols et des eaux.
L’expansion de cette activité provoque des ravages environnementaux. La déforestation massive, causée par la création de sites d’extraction, menace la biodiversité et fragilise les écosystèmes locaux. Les rivières, jadis sources de vie, se transforment en dépotoirs toxiques et mettent en péril les ressources alimentaires et l’accès à l’eau potable pour des milliers de personnes.
Un phénomène en croissance
L’orpaillage est en pleine expansion dans la région de la Marahoué. Cette activité, souvent perçue comme une échappatoire à la pauvreté et à l’absence d’opportunités économiques, attire chaque année des milliers de personnes, motivées par l’espoir d’une vie meilleure.
La Marahoué, à l’instar de nombreuses autres régions du pays fait face à des défis économiques majeurs. Le taux de chômage, particulièrement élevé parmi les jeunes, et le manque d’accès à des emplois stables poussent de nombreux habitants à se tourner vers l’orpaillage. Il est souvent perçu comme une solution rapide pour subvenir aux besoins quotidiens et améliorer la qualité de vie.
Selon une étude menée par Friedrich Ebert, « En fin 2016, le Ministère des mines dénombrait 185 sites d’orpaillage clandestins dont 142 sites recolonisés et 47 nouveaux. En 2017, le chiffre est passé à plus de 650 sites clandestins »
Les récits de ceux qui ont réussi à amasser des gains significatifs grâce à l’or créent une image séduisante, qui attire des orpailleurs de divers horizons, souvent au détriment de leur sécurité et de leur santé.
Les méthodes d’extraction utilisées par les orpailleurs sont généralement rudimentaires. Beaucoup travaillent à mains nues, ils creusent des trous dans le sol et utilisent des outils simples pour extraire le minerai. L’utilisation du mercure pour extraire l’or est une pratique courante dans l’orpaillage artisanal, malgré ses effets néfastes sur la santé et l’environnement. Avant de commencer le processus d’extraction, les orpailleurs collectent le minerai contenant de l’or, souvent constitué de roches et de sédiments. Les outils nécessaires incluent des pelles, des seaux, des tamis et du mercure. Le minerai est d’abord concassé et broyé pour libérer les particules d’or, une étape importante car des particules plus petites sont plus facilement accessibles avec le mercure. Les orpailleurs utilisent des méthodes manuelles pour réduire le minerai en une pâte fine. Une fois le minerai broyé, il est mélangé avec le mercure dans un récipient. Le mercure a la capacité unique de se lier à l’or pour former un amalgame. Dans le processus d’amalgamation, les orpailleurs ajoutent généralement une quantité généreuse de mercure pour s’assurer qu’une grande partie de l’or soit capturée. Lorsqu’ils mélangent le mercure avec le minerai broyé, les particules d’or se lient au mercure, forment cette pâte visqueuse appelée amalgame. Les orpailleurs malaxent le mélange à la main ou à l’aide d’outils pour garantir que le mercure entre en contact avec toutes les particules d’or.
Après un certain temps, l’amalgame est séparé du reste des matériaux non liés, généralement par filtration, où l’excès de minerai. Pour extraire l’or de l’amalgame, les orpailleurs chauffent le mélange à haute température, le mercure s’évapore, laisse derrière lui l’or pur. Cette pratique, bien qu’efficace à court terme, pose des risques environnementaux et sanitaires considérables.
Le cyanure, lui, est un composé chimique souvent utilisé dans l’industrie minière, en particulier pour l’extraction de l’or et de l’argent. Son rôle principal dans ce processus est de dissoudre les métaux précieux présents dans le minerai, en vue de leur récupération. Lors de l’extraction, le minerai écrasé est traité avec une solution de cyanure, généralement sous forme de cyanure de sodium ou de potassium.
Les conditions de travail sur les sites d’orpaillage sont souvent précaires. Les orpailleurs sont confrontés à des heures de travail épuisantes, à l’absence de mesures de sécurité et à un environnement hostile. De nombreux témoignages évoquent des accidents fréquents, des blessures dues à l’utilisation d’outils inappropriés, et une exposition prolongée à des substances toxiques.
Les femmes au cœur de l’exploitation
En Côte d’Ivoire, un nombre croissant de femmes travaille dans les mines malgré la pénibilité et les contraintes du secteur. Ces femmes, souvent confrontées à des conditions de travail pénibles et dangereuses, s’imposent avec détermination dans un environnement difficile. Elles font face à des défis tels que la chaleur accablante, la poussière omniprésente et l’utilisation d’équipements lourds, tout en jonglant avec les responsabilités familiales qui leur incombent. Malgré ces obstacles, leur engagement et leur résilience sont remarquables.
« Je n’ai pas le choix. On n’est obligé d’avaler la poussière et respirer l’odeur des produits sur le chantier tout au long de la journée. Je suis nourrice, c’est difficile d’avoir une parcelle de terre pour cultiver. Même quand tu as de l’espace, la terre devenu pauvre ne peut rien produire. Je suis obligé de me débrouiller ici », affirme K. A, le visage badigeonné de terre rouge, assise sous un hangar de fortune sur un site d’exploitation d’or à Bonon campement Baoulé.
Même si les femmes remettent en question les stéréotypes de genre et ouvrent la voie à une plus grande égalité dans un milieu traditionnellement masculin, elle est souvent une ‘‘proie’’ explique Hyacinthe Kouassi, un expert des industries extractives qui collabore avec des bailleurs de fonds sur les sujets miniers. « Elles subissent des violences sexuelles et sont souvent volées par des hommes dans le processus de vente. Les orpailleuses sont obligées de passer par ces hommes pour vendre les grammes d’or aux acheteurs bord-champ et éviter de se faire trop voler », indique l’expert .
L’orpaillage ne touche pas seulement les individus, mais modifie également la dynamique sociale des communautés. De nombreuses familles migrent vers les sites d’extraction, ce qui entraîne des changements démographiques significatifs. Les communautés locales, souvent peu préparées à accueillir un afflux massif de nouveaux arrivants, peuvent faire face à des tensions sociales, à une compétition accrue pour les ressources et à une augmentation de la criminalité.
Les femmes jouent un rôle important dans l’économie de l’orpaillage. Elles s’engagent dans des activités connexes, telles que la vente de nourriture, la gestion de logements temporaires ou le commerce de matériel d’extraction. Leur contribution n’est pas trop perçue, mais elle est essentielle à la survie des familles impliquées dans l’orpaillage.
L’orpaillage est souvent perçu comme une opportunité lucrative, mais il engendre une dynamique sociale complexe et problématique dans plusieurs régions du pays. Dans la région de la Marahoué, la quête de l’or attire des milliers de personnes, espérant échapper à la pauvreté. « Beaucoup d’entre nous viennent ici avec l’espoir de trouver de l’or et de changer de vie, mais la réalité est souvent très différente, certains travaillent au péril de leur vie, mais repartent malheureux » a indiqué Damo Sangaré, un orpailleur illégal établit dans la région depuis plus d’une décennie. Cet afflux massif de travailleurs précaires exacerbe la cherté de la vie locale. Les prix des biens de consommation, tels que la nourriture et le logement, grimpent en flèche et rendent la vie quotidienne de plus en plus difficile pour les habitants déjà en situation précaire.
Cette situation économique tendue ouvre également la porte à des problèmes sociaux majeurs. La prostitution devient pour certaines femmes, une source de revenus face à des opportunités limitées. « J’ai dû faire des choix difficiles pour survivre ici. Je suis venue dans l’intention d’avoir un boulot décent pour pouvoir prendre soin de mes enfants. Mais quand je suis arrivée ici Kouakougnanou, la réalité est toute autre. Je suis désormais obligée de me consacrer maintenant à ce boulot de la honte », témoigne T.J, une jeune femme qui a quitté sa ville natale dans l’espoir d’une vie meilleure. Les jeunes, souvent attirés par des promesses de richesse rapide, se retrouvent piégés dans un cycle de dépendance et de violence. Dr. Rodolphe Sambou, sociologue alerte : « L’absence d’éducation et de perspectives d’avenir pour ces jeunes les rend vulnérables à des influences néfastes, comme les réseaux de drogue qui se développent dans ces environnements précaires. »
La présence d’argent liquide, même si souvent éphémère, attire également des activités criminelles. Les conflits pour le contrôle des sites d’orpaillage peuvent mener à des affrontements violents ; source d’un climat de peur et d’insécurité. « Il est courant de voir des rivalités entre groupes d’orpailleurs dégénérer en violence », explique Samir Yenon, un ancien orpailleur devenu consultant pour le compte d’une Organisation Non Gouvernementale (ONG).
Les forces de l’ordre, souvent débordées, peinent à instaurer un semblant d’ordre dans ces zones chaotiques. Les conséquences de cette dynamique sociale sont profondes et durables. Les enfants grandissent dans un environnement marqué par la violence, l’instabilité économique et l’absence de perspectives d’avenir. Des familles ploient sous le poids de la pauvreté et de la violence, des chefs de familles perdent totalement le contrôle sur leurs progénitures.
L’orpaillage, loin d’être une simple opportunité économique, représente un défi social majeur qui nécessite une approche multidimensionnelle pour être véritablement résolu.
Enjeux environnementaux
L’orpaillage entraîne des effets dévastateurs sur la santé des communautés des zones environnantes à celles de l’orpaillage. Parmi les risques sanitaires les plus préoccupants, l’exposition au mercure et aux produits chimiques utilisés dans le processus d’extraction est primordiale. Selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, publiée en 2013, « Le mercure élémentaire et le méthylmercure ont des effets toxiques sur le système nerveux central et périphérique. L’inhalation de vapeurs de mercure peut également avoir des effets nocifs sur le système nerveux, l’appareil digestif et le système immunitaire, les poumons et les reins, et elle peut avoir une issue fatale. » En outre, les communautés vivant à proximité des sites d’orpaillage sont souvent touchées par la contamination des sources d’eau ; ce qui entraîne des maladies hydriques et des problèmes digestifs. La contamination des sols et des cultures par des produits chimiques comme le cyanure, exacerbe la situation et rend les aliments dangereux à consommer. La situation est particulièrement préoccupante chez les enfants, qui sont plus vulnérables aux effets toxiques des substances chimiques.
L’orpaillage est une activité à la fois lucrative et préoccupante sur le plan environnemental. Si cette pratique permet à de nombreuses communautés de générer des revenus, elle entraîne également des conséquences écologiques majeures qui mettent en péril les écosystèmes locaux et la santé des populations. Dans ce contexte, deux enjeux environnementaux se démarquent : la déforestation accompagnée de l’érosion des sols, d’une part, et la pollution de l’eau et de l’air, d’autre part.
Pour le Colonel Brou Kouamé Didier, Directeur régional des eaux et forêts de Gbêkê, cette pratique illégale est l’une des principales causes de déforestation dans de nombreuses régions du pays. « Chaque année, des milliers d’hectares de forêt sont abattus pour permettre l’accès aux sites miniers. Cette destruction massive de la couverture forestière ne menace pas seulement la biodiversité, mais elle entraîne également une érosion des sols. Une fois que les arbres sont abattus, le sol devient vulnérable aux intempéries et à l’érosion» : explique-t-il.
Les sols, une fois exposés, sont emportés par les pluies, ce qui a un impact dévastateur sur la fertilité des terres et sur les écosystèmes environnants.
La déforestation et l’érosion des sols sont des conséquences directes de l’orpaillage. Ils compromettent l’équilibre écologique et les moyens de subsistance des populations locales.
La pollution de l’eau et de l’air constitue un autre aspect préoccupant de l’orpaillage. Les méthodes d’extraction artisanale de l’or utilisent souvent des produits chimiques dangereux, notamment le mercure. La pollution de l’eau et de l’air expose les populations locales à des risques sanitaires importants. La combustion de matières organiques et d’autres polluants générés lors des activités d’orpaillage dégrade la qualité de l’air, ce qui peut entraîner des problèmes respiratoires et d’autres affections chez les travailleurs et les résidents des zones affectées.
La réaction de l’État
La réaction de l’État de Côte d’Ivoire face à l’orpaillage illégal est un sujet d’une grande importance, compte tenu de l’essor de cette activité dans le pays et de ses conséquences sur l’environnement, l’économie et la société. Au cours des dernières années, l’orpaillage illégal est devenu une source majeure de conflits entre les autorités et les communautés locales, entraînant des défis complexes pour la gouvernance et la durabilité.
L’État ivoirien a pris conscience des enjeux posés par l’orpaillage illégal. Une activité qui génère d’importants revenus pour de nombreuses familles, mais qui entraîne également des impacts environnementaux négatifs. La déforestation, l’érosion des sols, et la pollution des cours d’eau sont parmi les conséquences les plus préoccupantes. En réponse, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour tenter de réguler le secteur. Cela inclut l’adoption de lois et de décrets visant à encadrer l’orpaillage et à protéger les ressources naturelles.
Une des premières actions significatives a été le renforcement des réglementations concernant l’exploitation minière. La loi ivoirienne exige que toute activité d’extraction d’or soit autorisée par l’État, et que les opérateurs respectent des normes environnementales strictes. Cependant, malgré ces réglementations, l’application effective de la loi reste un défi. L’orpaillage illégal se déroule souvent dans des zones reculées, rendant la surveillance par les autorités difficile. De plus, la corruption au sein de certaines instances locales complique encore davantage la situation, permettant à des exploitants illégaux de continuer leurs activités sans être inquiétés.
Face à cette situation, l’État a également opté pour des actions de répression. Des opérations militaires et policières ont été menées pour démanteler des camps d’orpaillage illégaux, saisir du matériel et arrêter des individus impliqués dans ces activités. Ces interventions, bien qu’elles visent à protéger l’environnement et à faire respecter la loi, ont parfois provoqué des tensions avec les communautés locales, qui perçoivent souvent ces actions comme une menace à leur source de revenus. Cette dynamique a mis en lumière la nécessité d’adopter une approche plus équilibrée qui prenne en compte les besoins économiques des populations.
Face à cette réalité, le gouvernement a mis en place des solutions alternatives pour intégrer les orpailleurs artisanaux dans un cadre légal. Des initiatives de formalisation de l’orpaillage ont été mises en place. Elles permettent aux orpailleurs de travailler légalement dans le strict respect des normes environnementales. Ces programmes visent à offrir des formations sur des pratiques d’extraction durables, à éduquer les orpailleurs sur l’impact de l’utilisation de produits chimiques comme le mercure, et à promouvoir des alternatives économiques viables. En intégrant les orpailleurs dans un système légal, l’État espère réduire la dépendance à l’orpaillage illégal et améliorer les conditions de vie des communautés concernées.
La sensibilisation et l’éducation jouent également un rôle crucial dans la stratégie de l’État. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour informer les populations sur les conséquences de l’orpaillage illégal, tant sur l’environnement que sur la santé. A travers cette initiative, l’État espère encourager un changement de comportement et favoriser l’adoption de méthodes d’extraction moins nuisibles.
Enfin, la coopération avec des organisations non gouvernementales (ONG) et des partenaires internationaux a été essentielle dans cette lutte. Ces collaborations permettent de mobiliser des ressources supplémentaires et d’explorer des solutions durables pour l’exploitation minière artisanale. Les ONG jouent un rôle clé dans la facilitation du dialogue entre l’État et les communautés. Elles apportent leur appui dans la mise en œuvre de programmes de développement durable et les initiatives de sensibilisation.
La réaction de l’État de Côte d’Ivoire face à l’orpaillage illégal est un processus complexe et en constante évolution. Bien que des mesures législatives et des initiatives de sensibilisation aient été mises en place, la lutte contre cette pratique nécessite un engagement continu et une approche intégrée qui allie contrôle, éducation et développement alternatif. La réussite de ces efforts dépendra de la volonté politique, de la collaboration avec les communautés locales et de la capacité à surmonter les défis liés à la corruption.
Les actions de l’État face à l’orpaillage illégal sont à saluer. Cependant, même si l’objectif est de réglementer cette activité et d’atténuer ses impacts environnementaux, les populations locales, elles, ne perçoivent pas suffisamment les impacts de ses mesures sur leur quotidien. De nombreux leaders communautaires expriment des préoccupations concernant l’écart entre les politiques mises en place et les réalités sur le terrain, S. T, un leader de jeunesse dans la sous-préfecture de Zuenoula, souligne : « Nous avons vu des opérations de démantèlement, mais cela n’a pas changé notre situation. Les gens continuent à vivre dans la pauvreté, et l’interdiction de l’orpaillage illégal nous laisse sans alternative » De plus, la répression des activités illégales a souvent conduit à des tensions avec les forces de l’ordre. Lou.K , Résidente à Bouaflé d’ajouter : « Nous comprenons que l’État veut protéger l’environnement, mais que faire lorsque l’orpaillage est notre seule source de revenus ? Les promesses de formation et de formalisation ne se traduisent pas encore en emplois réels. » Ces réactions démontrent que les actions entreprises par l’Etat n’ont pas encore eu d’impacts tangibles sur le quotidien des communautés locales. Les populations attendent des solutions concrètes et durables qui répondent à leurs besoins immédiats tout en respectant les exigences environnementales.
Vers une approche durable
Face aux impacts dévastateurs de l’orpaillage illégal sur la santé des populations et l’environnement, l’Etat de Côte d’Ivoire doit s’inspirer de plusieurs recommandations. Pour Equal Access International (EAI), malgré la complexité du secteur, des opportunités existent pour valoriser l’orpaillage en tant qu’activité génératrice de revenus pour une population vulnérable et à risque. Pour cette Organisation Américaine , l’État doit organiser ce secteur et faire sortir ces jeunes orpailleurs de la clandestinité, éviter des logiques trop coercitives, et ouvrir un cadre de négociation avec les acteurs dans la gestion des sites .Des expériences dans d’autres pays ont montré que les initiatives prises pour canaliser l’or illicite vers des chaînes d’approvisionnement légales, et réduire l’ampleur du blanchiment d’argent lié à l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Échelle (EMAPE), doivent se baser sur la motivation des parties prenantes de l’EMAPE par l’incitation, plutôt que par la coercition.
Pour une lutte efficace, il revient également à l’Etat d’appuyer une réforme du cadre réglementaire de l’orpaillage en Côte d’Ivoire. C’est-à-dire simplifier et accélérer les procédures administratives d’accès à l’exercice de l’orpaillage légal. Des expériences d’autres pays peuvent être pertinentes dans ce contexte. En République Démocratique du Congo par exemple, des coopératives minières ont établi des protocoles d’accord avec des détenteurs de permis de recherche, leur permettant d’opérer dans une zone déterminée de la concession, pendant un temps déterminé, moyennant une redevance. Cette solution permet à la société minière d’atténuer le risque d’une mauvaise cohabitation avec l’orpaillage, tout en évitant de céder une partie de son titre.
L’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire et dans la Marahoué en particulier est un phénomène en croissance qui illustre les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels font face de nombreuses communautés en Afrique de l’Ouest.
Alors que la quête d’or continue d’attirer de nouveaux orpailleurs, il est crucial de prendre conscience des véritables coûts de cette activité et de travailler ensemble pour bâtir un avenir plus durable et équitable pour tous.
François M’BRA II, Correspondant Région de Gbêkê, envoyé spécial dans la Marahoué
Encadré
Le cyanure, le malheur à portée de main
En Côte d’Ivoire, l’accès au cyanure est tout aussi simple : toute personne peut l’acheter et l’importer sans autorisation préalable. Ce produit chimique, souvent utilisé dans le processus d’extraction de l’or, représente un danger majeur pour la santé publique et l’environnement.
Le cyanure est hautement toxique, capable de provoquer des effets dévastateurs sur les écosystèmes aquatiques et terrestres. En cas de mauvaise manipulation, il peut contaminer les sources d’eau et mettre en péril la vie de milliers de personnes et d’animaux. De plus, des accidents liés à son utilisation dans l’orpaillage illégal sont fréquents. Il expose les travailleurs et les communautés environnantes à des risques sanitaires graves.
L’absence de réglementation stricte sur la vente et l’importation de cyanure en Côte d’Ivoire soulève des préoccupations majeures. Il est donc nécessaire que les autorités prennent des mesures immédiates pour encadrer l’utilisation de ce produit dangereux, en instaurant des contrôles rigoureux et en sensibilisant les populations aux risques associés. Sans une action rapide, le cyanure pourrait continuer à poser un danger sérieux pour la santé des Ivoiriens et la préservation de l’environnement.