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[Maison pénale de Bouaké]Regard sur la cohabitation entre détenus

L’ambiance était festive entre détenus et leur hiérarchie. Ph. DR

Bouaké, Côte d’Ivoire, le 25 juillet 2024 (crocinfos.net)—Pour cette journée du 18 juillet 2024, le Commandant Kouadio N’Guettia Yves Arsène, le chef d’établissement de la Maison pénale de Bouaké a tenu à apporter la joie dans les cœurs des pensionnaires. A l’issue des éliminatoires du tournoi de Maracana qui a opposé les cinq bâtiments qu’abrite cette maison, deux sont parvenus en finale. L’opposition entre les bâtiments B et C sur le terrain situé dans l’arrière-cour a été l’occasion d’une fête qui a fait ressortir la cohésion entre les occupants des lieux. Proposé à la diffusion du match, un détenu, micro à la main, connaissait presque tous les athlètes. Avec beaucoup d’humour, celui qui affirme être à sa dixième (10e) d’année de détention, apportait encore plus de joie aux spectateurs et aux joueurs. Il est même souvent passé par des jeux d’alliance quand un joueur d’ethnies gouro et senoufo s’affrontaient. Lui-même d’ethnie bété a su qualifier chacun des acteurs. Il a présenté un certain Moussa, maçon de profession qui, selon lui, a réhabilité et repeint de nombreux bâtiments de la geôle. A la fin de la rencontre, si le bâtiment C l’a emportée aux tirs au but par 1 à 0, il n’en demeure pas moins que tous les occupants des deux bâtiments ont vaincu des instants jamais connus, comme le reconnait celui qui prétend avoir passé quatorze années de sa vie dans ce milieu. Les équipes victorieuse et perdante ont reçu des lots composés de trophée, jeu de maillots, ballons, riz, savons, jus de fruit, dentifrices. Grâce au soutien de ‘‘La Balle Aux Prisonniers’’ et ‘‘Y Voir et Sourire’’, des organisations non gouvernementales (ONG) que le Commandant a bien voulu saluer pour leur accompagnement. Le plus important étant pour le Commandant Kouadio N’Guettia, de permettre à ses détenus de se sentir encore utiles à la société, tout en les exhortant à la discipline et au changement. C’est pourquoi, un des leurs, Dehada Daniel, pasteur de l’église de la Maison pénale a profité de la mi-temps du match pour sensibiliser ses co-détenus sur la nécessité de changer de comportement pour éviter d’être admis au ‘‘Blindé’’, qui est certainement une maison de redressement. Il les a exhortés à s’éloigner de la violence et à cultiver la tolérance en priant le seigneur afin que celui-ci leur ouvre les portes de la liberté.

De façon générale, dans cette maison de détention, on trouve un environnement en constant mouvement, du moins pendant la journée, moment où nous y avons été. Devant les différents bâtiments, on pouvait voir les détenus des bâtiments A, D, E et F non concernés par la finale de Maracana, enthousiastes, s’occuper à la lessive, à la cuisine ou à l’artisanat (fabrication de sacs et d’autres gadgets) quand ailleurs, on peut voir des détenus sur des machines à coudre. Le tout dans une bonne ambiance. Comme quoi, l’idée de violences et de brimades telle que décrite par certains, parait révolue. Du moins pour ce qui nous a été donné de constater. Bien au contraire, l’humanisme est un trait à relever dans ce milieu carcéral, souvent au regard des taquineries entre les détenus et leur hiérarchie.

Ouattara Abdoul Karim, correspondant dans le Gbêkê

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