‘’Masquons-nous vivants’’ (Par Rasmina Marie-Dominique)

‘’Masquons-nous vivants’’ (Par Rasmina Marie-Dominique)

Le masque de ce texte est purement culturel, il n’a rien à voir avec celui qui est recommandé pour les mesures barrières afin de vous protéger contre la Covid-19. Il ne vous appelle pas à le porter contre cette pandémie. C’est juste pour lever l’équivoque pour nos lecteurs. Merci.

« Je voudrais insister sur le fait que le masque restera toujours jusqu’au jour ou celui qu’on appelle “l’homme de la rue” soit reconnu. J’utilise ce masque pour représenter ces “sans-visages“. J’espère que cela ne sera pas pour toujours. »

À ces propos de Lagbaja, Emile Désiré Singeh aurait dit. Et pourtant….
Depuis que j’ai découvert cet artiste dans « So Why », le projet musical initié par le CICR en 1997 dont le but était de transmettre un message d’humanité et de réconciliation sous forme musicale en Afrique, son masque ne l’a jamais quitté. Il le portait certainement bien avant. Agé de 70 ans, il le porte encore aujourd’hui. Lagbaja porte son masque toujours aussi fièrement.

‘’En réalité, Lagbaja, c’est la symbolique de l’impersonnel, du muet dans la société’’.

À l’inverse de sa musique que j’ai appris à aimer que tout récemment, Le Masque de Lagbaja m’a toujours fasciné. Comme des millions de personnes, d’ailleurs. Si l’on veut s’amuser à compter le nombre de ses fans à travers le monde en commençant par le Nigéria, son pays d’origine.
Oui, Le Masque de Lagbaja, m’a toujours fasciné. En plein horizon 2020, on se serait écrié : « Lagbaja, qui es-tu ? » En réalité, Lagbaja, c’est la symbolique de l’impersonnel, du muet dans la société.
« J’espère que cela ne sera pas toujours ainsi », disait-il. Ce masque fait finalement partie de son identité. Comme pour dire, malheureusement, les “sans-visages“, il y en aura toujours. Heureusement que des personnes comme lui existent pour porter la voix des sans-voix. Pour être le visage des sans-visages.

Pour faire un parallèle indécent avec la situation de crise que nous vivons depuis décembre 2019, nous constatons que beaucoup de personnes portent des masques. Pour une toute autre raison. La pandémie a multiplié le nombre de sans-visages par cent. Sans qu’on ne sache avec certitude quand est-ce qu’elle prendra fin. Malgré les nombreuses hypothèses avancées.

‘’Pour l’heure, invitons nos porteurs de masques traditionnels, héritages de nos ancêtres à porter cache-nez, le masque pour lutter contre la Covid-19 pour leur santé et longévité afin que la tradition ancestrale de nos masques d’amour comme Le Masque de Lagbaja se perpétue’’.

Alors, portons nos masques. Dans des lieux publics. Non pas pour être des sans-visages permanents, mais pour nous protéger et protéger ceux qu’on aime.

Pour ressembler à Lagbaja. Pourquoi pas ?!? Pour ressembler à Daft Punk. Aussi.

Pour nous protéger et protéger ceux qu’on connaît et ceux qu’on ne connaît pas. Pour protéger les plus forts. Pour protéger les plus faibles.
Au fait, Aboubakari Barro, il y a d’autres gestes-barrières qui existent. Comme se laver les mains régulièrement. Et non pas juste pour manger, tousser ou éternuer dans le coude (le fils de ma voisine est fort dans ça) ou dans un mouchoir jetable. Eviter de toucher le visage, en particulier le nez et la bouche. Rester chez soi, limiter les sorties L’essentiel pour les uns, comme pour les autres, c’est de se protéger et protéger les autres.

Pour l’heure, invitons nos porteurs de masques traditionnels, héritages de nos ancêtres à porter cache-nez, le masque pour lutter contre la Covid-19 pour leur santé et longévité afin que la tradition ancestrale de nos masques d’amour comme Le Masque de Lagbaja se perpétue.

Pour mémoire, le CICR avait réuni six artistes africains aussi populaires qu’influents dont Lagbaja et les a embarqués dans un périple au cœur de quatre conflits africains.

Après 23 ans, ça reste intemporel, tant par la musique, que par le message.

Masquons-nous vivants.

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