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Modèle de gestion de la CAN, Alain Lobognon avait vu juste mais…

Abidjan, le 08-05-21 (crocinfos.net) À Barthelemy Zouzoua Inabo: Le ministre de la Promotion du sport et du développement de l’Economie sportive est formel: le comité d’organisation de la CAN dans sa formule et sa composition actuelles, est caduc. Le président du Cocan se dresse contre la décision de la tutelle: « Nous savons qui nous a nommés, nous savons pourquoi nous avons été nommés… ». Guerre des chefs autour de la CAN2023

Le lundi 3 mai 2021, hall du Sofitel hôtel Ivoire. Le président du comité d’organisation de la CAN2023, Lambert Feh Kessé et son vice-président Aduo Luc, ancien président du Stade d’Abidjan, sont esseulés dans un angle. Attendant l’heure du dîner en l’honneur du président de la FIFA, Gianni Infantino et Patrice Motsepe, en visite en Côte d’Ivoire. Ils ne le savent pas encore ou du moins, officiellement, dans la salle d’attente du Palais des Congrès, dans le même hôtel, se joue le destin du Cocan.

Le ministre Danho Paulin est présent aux côtés des visiteurs de marque de la Côte d’Ivoire. Il est venu les saluer, s’excuser de son absence au repas offert par le gouvernement ivoirien, il doit passer à la même heure, à la télévision nationale. Il doit parler de la CAN2023 justement.

Il se fait représenter au dîner par ses collègues de la Promotion de la Jeunesse et de l’Éducation nationale.

Le Cocan Caduc

Feh Kessé et Aduo Luc sont dans la salle du dîner quand la première alerte tombe. Le ministre Danho Paulin vient d’annoncer à la télévision nationale, officiellement, ce qui se murmurait depuis quelques jours: « Le comité actuel est caduc. Il faut le remplacer par un nouveau comité».

Le Cocan installé en 2017, a vécu. Oraison funèbre. En présence des premiers responsables au plus haut niveau, de la FIFA et de la CAF. Le timing pour l’annonce n’est pas le fait du hasard. Coup d’assommoir. Les responsables de ce qui est devenu, en ce moment-là, l’ex-Cocan, quittent le dîner, plutôt discrètement.

« Le ministre veut contrôler l’argent de la CAN… ».

Quelques minutes avant le début du dîner, comme sentant la fin venir, le président du Cocan révélait, dans les couloirs de l’Hôtel Sofitel ce qui pour lui, constituait la pomme de discorde entre la tutelle et le comité d’organisation de la CAN: « Au cours d’une réunion, le ministre nous a carrément dit qu’il ne pouvait pas être absent de la gestion des fonds de la CAN ». Le ministre de la Promotion du sport et du développement de l’Économie sportive est formel: la tutelle ne peut pas être exclue de la gestion de la CAN. Le fonctionnement actuel du Cocan laisse en rade, les autorités.

Alain Lobognon doit sourire du fond de sa cellule

En 2014, l’ancien ministre des Sports et des Loisirs, Alain Lobognon avait proposé aux responsables de la fédération ivoirienne de football, un modèle de gestion de la CAN: « L’État construit les infrastructures, la FIF organise la CAN ». En clair, un premier Cocan, chapeauté par le ministère des Sports et comprenant tous les ministères techniques et les bureaux d’études avec la participation de la FIF. Une fois, toutes les infrastructures achevées et livrées, la FIF prend totalement la main, met en place son comité d’organisation avec ses hommes. Avec la CAF, elle organise de façon effective, la compétition.

Pour le ministre Alain Lobognon, la Côte d’Ivoire était une terre vierge ou presque, en matière d’infrastructures sportives. Pour répondre plus efficacement au cahier de charges de la CAF et tenir les délais de l’organisation de la compétition en 2021, l’État doit être en première ligne. L’offre a été catégoriquement rejetée. Le Cocan dans sa forme actuelle a été mise en place. Il fonctionnait comme « une Primature-bis ». La difficulté dans un tel schéma, le budget est supporté par l’État, toutes les dépenses sur le dos de l’État mais pas de recettes. « Or un budget s’équilibre toujours en dépenses et en recettes. Le budget est lourd. L’État n’a pas les moyens de le supporter tout seul. Il faut trouver d’autres mécanismes de financement des infrastructures », selon la tutelle.

Là encore, l’ancien ministre des Sports et Loisirs avait proposé le modèle du BOT, les entreprises intéressées, construisent les infrastructures sur fonds propres, gèrent les immobilisations pendant un certain nombre d’années. Elles retirent leurs billes puis les rétrocèdent soit à l’État, soit aux communes dans lesquelles les infrastructures sont implantées.

Atelier de validation le 20 mai 2021

Danho Paulin n’entend plus perdre du temps. Il a programmé pour le 20 mai 2021, un atelier de validation du nouveau projet qu’il porte avec la communauté sportive et les experts. Cet atelier va faire le diagnostic des infrastructures, leur état d’avancement et proposer le nouveau calibrage du comité d’organisation de la CAN2023.

Cinq villes ont été désignées pour abriter la CAN2023: Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo et San-Pedro. La Côte d’Ivoire n’est pas en avance du tout sur la construction des infrastructures. L’ancien président du Cocan, Lambert Feh Kessé s’inquiétait notamment de l’état d’avancement du stade  Félix Houphouët Boigny et du stade de San-Pedro. Le ministre Danho Paulin rassure: « Les stades seront prêts à temps ».

La chronique de Fernand Dédeh

NB : Le titre est la rédaction

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