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(Nigeria Coronavirus) un cas recensé, le premier en Afrique subsaharienne

Un ressortissant italien arrivé au Nigeria il y a trois jours est devenu le premier cas confirmé de contamination au coronavirus dans le pays. C’est ce qu’a déclaré ce vendredi 28 février, le ministère nigérian de la Santé, alors que l’épidémie se propage rapidement à travers le monde. Il s’agit du premier cas d’infection signalé en Afrique subsaharienne.

Un Italien revenu de Milan le 25 février a été hospitalisé après avoir été testé positif au coronavirus dans l’État de Lagos où la capitale abrite environ 20 millions d’habitants. C’est le premier malade en Afrique subsaharienne, a annoncé vendredi le ministère nigérian de la Santé dans un communiqué : « Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants. »
Identifier toutes les personnes qui auraient croisé le chemin de cet Italien, c’est désormais la priorité des autorités sanitaires et le centre de contrôle des maladies pilote cette opération. Il reconstitue le trajet effectué par ce malade depuis son arrivée dans le pays, mardi dernier. Pour cela, le NCDC est en contact étroit avec toutes ces antennes dans les 36 États de la fédération.

Un numéro d’alerte mis en place

Le ministère de la Santé a aussi activé tous les réseaux sanitaires du pays. Un numéro d’alerte et des conseils de prévention santé vont être communiqués à l’ensemble de la population du Nigeria sur tous les supports de communication possible. C’est une vraie course contre la montre qui est lancée pour contenir une propagation éventuelle du coronavirus.
L’Italie apparaît de plus en plus comme une plateforme de diffusion du Covid-19. De nombreux États européens ont renforcé leur dispositif de prévention et conseillent à leurs citoyens de ne pas se rendre dans les régions italiennes touchées. Rome a pris des mesures drastiques, dont la mise en quarantaine de 11 communes du Nord, poumon économique du pays.

Par ailleurs, le Nigeria est un pays très lié à la Chine, car beaucoup de Nigérians y voyagent pour faire des affaires. C’est pour cela que les autorités nigérianes avaient pris l’épidémie au sérieux, dès le début. Les autorités précisent que des centres de quarantaine sont prêts à Lagos et Abuja. Des laboratoires de détection du virus sont aussi présents dans plusieurs villes du pays.
Deux autres cas de contamination ont été recensés ces derniers jours en Afrique du Nord, en Égypte et en Algérie. Ce très faible nombre de malades détectés dans les pays africains, aux systèmes de santé fragile, intrigue les épidémiologistes. Les 3 cas officiellement détectés à cette heure sur le continent apparaissent comme une goutte d’eau dans l’océan des 81 000 cas et 2 800 morts recensés dans une cinquantaine de pays, pour l’essentiel en Chine, où le premier foyer de l’épidémie est apparu dans la ville de Wuhan, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L’apparente immunité de l’Afrique

Détection défaillante, facteur climatique ou simple coup de chance ? Le très faible nombre de cas de coronavirus détectés dans les pays d’Afrique, aux systèmes de santé les plus fragiles, n’en finit pas d’interroger voire d’inquiéter les experts.
Peu de temps après l’apparition du virus sur le sol chinois, les spécialistes ont pourtant pointé du doigt les risques de propagation de la maladie en Afrique. En cause, ses liens commerciaux étroits avec Pékin et des faiblesses de son réseau médical. La semaine dernière, l’OMS a même averti que le continent était mal préparé pour faire face à l’épidémie.
« Notre principale préoccupation continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Une modélisation publiée dans la revue médicale The Lancet a fait de l’Égypte, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, les trois pays du continent les plus menacés. Ils sont aussi, selon l’étude, les moins vulnérables, car les mieux préparés à repérer l’infection. Mais malgré de nombreuses alertes, l’épidémie ne semble pas jusque-là se développer significativement sur le continent.
Personne ne sait pourquoi, avouent les épidémiologistes. « Peut-être n’y a-t-il simplement pas tant de déplacements entre l’Afrique et la Chine », avance le Professeur Thumbi Ndung’u de l’Institut africain de recherche sur la santé à Durban, en Afrique du Sud.

La piste du climat

« Peut-être que le virus ne pousse pas dans l’écosystème africain, on ne sait pas », esquisse le Prosseur Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris. Une hypothèse rejetée par le professeur Rodney Adam, de l’hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi, au Kenya. « Nous n’avons aucune preuve d’une quelconque influence du climat sur la transmission du virus », assure-t-il. « À l’heure actuelle, il semble que la vulnérabilité des Africains soit la même que celle des autres ailleurs. »
« C’est vrai qu’il y a certains pays, certaines régions dont on n’est pas certain de la capacité, ne serait-ce que par faute de ressources, à mettre en œuvre les modalités de diagnostic, souligne le docteur Daniel Lévy-Bruhl, de l’agence sanitaire française Santé publique France. Il y a un risque que des chaînes de transmission méconnues existent aujourd’hui dans certains pays du monde. »
Les spécialistes écartent toutefois le risque d’erreurs massives de détection. « S’il y avait des cas massifs en Afrique, je pense qu’on le saurait, car l’OMS est en alerte et beaucoup de gens sont très attentifs », juge le docteur Amadou Alpha Sall, patron de l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal.
« Tous les systèmes sont en place », confirme le docteur Michel Yao, en charge des plans d’urgence pour l’OMS à Brazzaville. Le nombre de pays africains disposant de laboratoires capables d’identifier le Covid-19 est passé en quelques semaines de deux (en Afrique du Sud et au Sénégal) à 29.
Un point faible persiste, souligne toutefois le docteur Yao : la capacité à contenir l’épidémie et à traiter ses victimes. « La plupart des pays africains ne seraient pas capables de traiter des cas sévères nécessitant des soins intensifs », estime-t-il.

Les mesures de sécurité se multiplient

« Nous sommes à un moment décisif », a assuré le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il souligne qu’au cours des deux derniers jours, le nombre quotidien de nouvelles personnes contaminées dans le monde avait été supérieur à celui enregistré en Chine. « Aucun pays ne doit penser qu’il n’aura aucun cas chez lui. Ce serait une erreur fatale, littéralement. Le virus ne respecte pas les frontières », a-t-il averti.
Hors de Chine, le coronavirus touche une cinquantaine de pays dans le monde, avec un bilan de plus de 4 000 contaminations et plus de 60 morts. Les mesures radicales se multiplient pour tenter d’endiguer l’épidémie.
En Europe, de nombreux pays comme les Pays-Bas, la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Roumanie, l’Estonie ou la Macédoine du Nord sont désormais touchés.
« On a devant nous une épidémie » qu’il va falloir « affronter au mieux », a déclaré ce jeudi le président français Emmanuel Macron, au lendemain de l’annonce d’un premier mort français, un homme qui n’avait pas voyagé dans une zone à risque.
Avec AFP

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