Occupation, destruction du patrimoine national] L’État, les “voient pas forêt pour passer”, “les voient pas terrain pour passer”, propriétaires terriens (Simple avis)

Occupation, destruction du patrimoine national] L’État, les “voient pas forêt pour passer”, “les voient pas terrain pour passer”, propriétaires terriens (Simple avis)

Tous coupables…

Il y a quelques jours, on nous a présenté une population de milliers de personnes expulsées d’une forêt classée. Et ce n’est pas nouveau.

Des populations qui s’étaient installées dans de nombreuses forêts classées, patrimoines donc de l’État, ont été sommées de déguerpir. Et comme elles avaient investi leur argent, leur énergie, leur force dans ces forêts, elles ont opposé de la résistance, mais la force de l’État a triomphé et elles ont été expulsées finalement. Les villages détruits ou brûlés, leurs écoles ou groupes scolaires et les logements de maîtres décoiffés, les instituteurs mutés, les écoliers abandonnés à leurs parents, eux-mêmes abandonnés à leur sort. Ces situations tristes sont légion.

‘’Comment l’État de Côte d’Ivoire peut-il affecter des fonctionnaires dans une forêt qu’il a classée ? Quel laxisme !’’

Comment en est-on arrivé là ? Comment des gens venus des régions du centre, du nord, du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée peuvent-ils aller violer une forêt classée et s’y installer pour cultiver des produits de rentes, notamment du cacao à l’insu de l’État quand on sait qu’une forêt classée est surveillée ? Comment peut-on construire une école dans une forêt classée sans que l’État de Côte d’Ivoire ne s’en aperçoive puisqu’une réunion annuelle sur la carte scolaire est organisée sous la présidence du préfet avec les partenaires de l’école du département pour déterminer les villages qui méritent d’être dotés d’écoles? Comment l’État de Côte d’Ivoire peut-il affecter des fonctionnaires dans une forêt qu’il a classée ? Quel laxisme !

Pour chasser, par exemple, Ourémi Amadé de la forêt du Mont Péko, quelle énergie n’a-t-on pas déployée ? On a même sollicité l’intervention du Burkina dont il est ressortissant. C’était Amadé qui fixait la date de sa sortie jusqu’à ce qu’un jour on nous dise qu’on l’a emmené dans une prison.

La part de responsabilité des populations autochtones est grande. Ce sont elles qui vendent ces forêts. Comment des gens venus d’ailleurs, Baoulés, Sénoufos, Burkinabès, Maliens et autres, peuvent-ils entrer dans une forêt de vos villages sans votre avis ? Votre prétexte : Houphouët-Boigny a dit, ‘’la terre appartient à celui qui la met en valeur.’’ C’est l’alibi tout trouvé pour vous disculper. Vous savez très bien que la forêt est le patrimoine de l’État, c’est pourquoi vous ne la cultivez pas, mais vous la vendez à des gens qui ne ‘’voient pas forêt pour passer’’.

Cette légèreté coupable de l’État ne concerne pas que les forêts classées. Il y a aussi les terrains urbains. On vend des terrains de l’État de Côte d’Ivoire et parfois avec la caution des dirigeants puisque ce sont eux qui délivrent les ACD. Sans le ministre Cissé Bacongo, l’université Félix Houphouët-Boigny aurait perdu plusieurs hectares qu’on avait vendus et qui avaient été bâtis. Souvenez-vous du dépôt de boissons en face du dépôt de la Sotra, à quelques mètres de l’école de police, là où trône, aujourd’hui, au milieu d’un jardin, l’effigie du président Houphouët. Du côté de la Riviera, une église avait été bâtie, une brigade de gendarmerie érigée sur le site de l’université !

’Actuellement, on est en train de construire, entre Anyama et Azaguié, des usines et des maisons à moins de 50 mètres de la route A1, j’ai attiré l’attention des autorités à ce sujet. Aucune réaction et les maisons poussent.’’

Les propriétaires terriens du district d’Abidjan ne sont pas en reste. Comme ils savent qu’il y a aussi des gens qui ne ‘’voient pas terrain pour passer’’, ils profitent pour brader le patrimoine de l’État. Ils connaissent les limites, ils savent quels domaines appartiennent à l’État. Alors, ils n’y bâtissent pas, ils n’attribuent pas à leurs enfants, ils les vendent à des particuliers qui n’ont que leurs yeux pour pleurer après.

L’exemple palpable le plus récent est le périmètre réservé au stade olympique. Tous ceux qui ont bâti des maisons dans cet espace sont aujourd’hui inconsolables. Le stade olympique a surgi à la place de leurs bâtisses. Une dame qui venait d’achever sa maison de 14 millions, l’a vue s’écrouler devant elle. Elle a eu simplement la promesse de se voir rembourser les 900 mille qui ont servi à l’achat du terrain.

Est-ce que les autorités ne voyaient pas les constructions qui sortaient de terre dans cet espace réservé au stade ? Si un fonctionnaire retraité avait investi son épargne là, qu’est-ce qu’il serait devenu ?

Actuellement, on est en train de construire, entre Anyama et Azaguié, des usines et des maisons à moins de 50 mètres de la route A1, j’ai attiré l’attention des autorités à ce sujet. Aucune réaction et les maisons poussent. Un jour, on viendra les détruire pour faire deux fois deux voies. Certaines autorités du pouvoir actuel passent là pour se rendre à Adzopé. Elles voient mais elles ne voient pas.

Tous coupables, cependant, la peine maximale revient à l’État pour son laisser-aller, son laisser-faire, en un mot, son laxisme.

Par Pascal Kouassi

NB : le titre est de la rédaction

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