[Palais de Justice du Plateau] 2e épisode de l’attentat de Grand-Bassam en temps réel (suite et fin)

[Palais de Justice du Plateau] 2e épisode de l’attentat de Grand-Bassam en temps réel (suite et fin)

Fernand Dédeh, est au Palais de la Justice d’Abidjan-Plateau où s’est ouvert le second épisode de l’attentat de Grand-Bassam, ce mercredi (suite et fin de la journée)

Le président du tribunal: Le tribunal rejette la requête des avocats de La Défense. Il ne nous est pas apparu que l’accusé parlait insuffisamment le français. Nous savons nous mettre au niveau des accusés. Le tribunal estime que les droits des accusés sont saufs et le procès peut se poursuivre…

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Le Président du tribunal: Combien de fois avez-vous vu Kounta Dalla?

Accusé: Trois fois

Le Président du tribunal: La première fois, c’était où?

Accusé: À Adjouffou

Président: La deuxième fois?

Accusé: Chez Sidi Kounta Mohamed

Le Président du tribunal: La troisième fois?

Accusé: À Koumassi.

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Deuxième accusé à la barre: Barry Assane

Le Président du Tribunal: Connaissez-vous Kounta Dalla?

Accusé: Non

Le président du tribunal: Une de vos voitures s’est-elle retrouvée entre ses mains?

Accusé: Non

Le Président du tribunal: Vous êtes de quelle nationalité?

Accusé: Je suis ivoirien. Monsieur de la Président, je suis devant vous ici, laissez-moi le temps de parler…

Le Président: Vous êtes sorti du pays?

Accusé: Je suis sorti du pays vers la frontière de l’Algérie avec le Niger. J’ai connu un Monsieur du nom de Mohamed, nous avons eu un accident. Je ne l’ai plus revu depuis. J’ai décidé de revenir au pays.

Le président: Au-delà du Niger, avez-vous fait le Burkina et le Mali?

Une vue de quelques prévenus

Accusé: Oui

Le président: Qui d’autres avez-vous croisé?

Accusé: Oui, un Monsieur appelé Hamza Mohamed.

Le président du tribunal: Ce nom m’intéresse. Avez-vous gardé des contacts avec Hamza Mohamed?

Accusé: Non. Nous sommes entrés ensemble à Ouagadougou où se trouvait son magasin.

Le président du tribunal: Vous vous êtes retrouvé avec lui à Dabou?

Accusé: Oui. Un Toyota Land Cruiser. J’ai conduit la voiture au Mali, en Côte d’Ivoire.

Le Président du tribunal: Il vous semble que Hamza connaissait-il la Côte d’Ivoire avant de vous rencontrer?

Accusé: Je ne peux pas répondre.

Le Président du tribunal: Comment s’est-il retrouvé en Côte d’Ivoire?

Accusé : C’est un commerçant. Il s’est établi à Dabou avec son frère. Il parlait le français.

Le Président du tribunal: Vous est-il arrivé que Hamza Mohamed vous  propose d’aller chercher sa voiture au Mali?

Accusé: Je ne me rappelle plus.

Le Président du tribunal: Vous avez déclaré la perte de la carte crise de la voiture au commissariat de Dabou?

Accuse: J’ai conduit la voiture pour aller visiter les magasins du propriétaire à la Riviera Faya. Au retour, j’ai gardé la voiture et les jeunes de Dabou ont volé les pièces. J’ai fait la déclaration à la police. Hamza est rentré au Mali le 16 janvier 2016. Je n’ai plus de ses nouvelles. Je suis même allé au Mali avec feu Hamed Bakayoko pour vérification.

Le président du tribunal: Avez-vous appris que ce véhicule était en lien avec l’attentat de Grand-Bassam?

Accusé: Je ne savais pas. C’est avec les agents de la DST que j’ai appris la nouvelle. J’ai dit aux policiers que je j’étais prêt à donner toutes les informations pour que les enquêtes aboutissent.

Le Président du tribunal: Hamza, il savait conduire?

Accusé: Je l’ai vu conduire…

Le Président du tribunal: Il peut aller à Bassam?

Accusé: Moi, je ne connais pas Bassam. Je n’ai jamais été à Bassam.

Le Président du tribunal: La voiture était garée où les soirs?

Accusé: Chez le propriétaire

Le président du tribunal: Vous ne vous souvenez pas avoir reçu un appel pour aller chercher la voiture au Mali avec une proposition d’un transfert Orange Money?

Accusé: Je ne me souviens pas.

Le Président du tribunal: Le 13 mars 2016, vous étiez où?

Accusé: À Faya.

Le Président du tribunal: Vos co-accusés, qui connaissez-vous?

Accusé: Je ne connais personne. Kounta Dalla, je ne le connais ni d’Adam, ni d’Eve.

Le Président du tribunal: Qui est Ange Barry Battesti Assane alias Sam, de feu Ange Barry et de Kouamé Amena Nicole? Pourquoi?

Accusé: Nous avons un côté Baoulé. Mon père a deux femmes. Ils ont voulu me faire partir à l’aventure. Mon père m’a donné le nom de ma tante

Le Président du tribunal: Est-ce qu’on peut croire en votre parole quand vous dites aujourd’hui que votre mère est burkinabé?

Accusé: Vous pouvez croire en ma parole.

Le Président du tribunal: Vous avez caché votre identité, pourquoi?

Accusé: Je n’ai pas caché mon identité. Je suis même allé avec les policiers pour vérifier dans mon établissement

Le Procureur de la République: Quel est votre nom complet?

Accusé: Barry Assane. Mes parents ont fait des documents quand je devrais aller en Europe. Ils m’ont donné le nom de mon grand-père, Ange François Barry Battesti, ancien ministre

Le Procureur de la République: Pourquoi vous prenez le nom de votre grand-père?

Accusé: Ce sont mes parents ont fait mes papiers…

Le Procureur de la République: Pour la dernière fois, comment vous appelez-vous?

Accusé: Barry Assane. Niveau scolaire, terminale D

Le Procureur de la République: M. Bacaye, comment l’avez-vous connu?

Accusé: C’est un commerçant. Il avait son magasin devant ma cour familiale. Je l’ai connu en 2008.

Le Procureur de la République: Vous êtes de quelle nationalité?

Accusé: Je suis de nationalité ivoirienne

Le Procureur de la République: Comment pouvez-vous être Ivoirien si vos deux parents sont de nationalité burkinabé?

Accusé: Nous sommes six. Je suis de la nationalité ivoirienne. Mon père a servi la Côte d’Ivoire.

Le Procureur de la République: Vous faisiez quel travail pour Hamza Mohamed?

Accusé: Je l’aidais dans son magasin. Il avait promis m’aider pour faire mes papiers pour aller en Europe.

Le Procureur de la République: Dans quelle voiture faisiez-vous les courses avec Hamza Mohamed

Accusé: J‘étais avec Hamza Mohamed tantôt dans ses magasins, tantôt chez lui à la maison.

Le tribunal entend enchaîner avec les témoins… Les accusés nient en bloc leurs implications dans l’attentat de Grand-Bassam.

L’accusé Barry Assane met en cause les procès-verbaux de l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction.

Le Procureur à l’accusé Barry Assane: « Hamza Mohamed et Bacaye que vous avez côtoyés sont ceux qui ont invité Kounta Dalla à Abidjan »?

Barry Assane: « Le Procureur m’apprend des choses »

Le Procureur: « Bon, ça va »

Le premier témoin à la barre: Silué Lamine, 52 ans, administrateur des affaires portuaires, domicilié à Grand-Bassam

Fernand Dédeh: Le téléphone de quelqu’un a sonné ici, le président du tribunal a demandé la confiscation de l’appareil. Il ajoute: « l’appareil ne sera pas restitué. »

Fernand Dédeh: Les témoins décrivent l’horreur, ce jour du 13 mars 2016…

L’avocat demande au témoin : La distance entre le commissariat de police et la place… Entre la gendarmerie de Grand-Bassam et la plage

Fernand Dédeh: Un témoin, sûrement des forces spéciales à la barre

Fernand Dédeh: Le président demande que son identité ne soit pas dévoilée, encore moins son lieu de résidence. Il est baptisé K.S.

Fernand Dédeh: Il est arrêté devant nous avec un masque au visage.

Fernand Dédeh: Il le dit: Membre des forces spéciales

Président: Est-ce que les FS sont intervenues à Bassam le 13 mars 2016?

KS: Oui. Nous avons été alertés vers midi. Je suis parti d’Adiaké. D’autres sont venus d’Abidjan. Nous avons mis environ une heure pour intervenir. Nous avons pour consigne de sortir du camp, au plus tard, 15 mn après l’alerte. « Quand nous avons reçu l’alerte, nous ne savions pas encore la nature de l’attaque. Nous pensions à un braquage. Mais nous avons quand demandé le déclenchement de la procédure.»

KS: « Quand nous prenions contact avec l’ennemi, ils étaient deux. Nous avons abattu deux éléments. »

KS: « de notre côté, nous avons dénombré, 3 morts, deux blessés »

KS: « Je faisais partie des blessés. »

KS: « Quand j’ai échangé avec la dame de l’Etoile du Sud, elle m’a laissé entendre que des terroristes y étaient. J’ai envoyé un élément prendre contact. «

Le premier neutralisé au niveau de la paillote. Quand nous avons neutralisé le premier, notre élément de tête a pris une balle. Selon la procédure, il faut sauver l’élément. Notre deuxième élément envoyé a pris lui aussi une balle »

KS: « En tout cas, les gars étaient surentraînés. »

Avocat de la Défense: « Pouvez-nous dire précisément, à quelle heure l’attaque a débuté »?

KS: « Je ne saurais le dire. Mais entre entre midi et 13 h. »

Avocat de La Défense: Les échanges avec les assaillants ont duré combien de temps?

KS: pour le premier, nous l’avons abattu au bout de deux min.

« Le second, les échanges de tirs ont duré une demi-heure »

Ils avaient des AK47. Ils tiraient des rafales. Une chasuble peut prendre cinq chargeurs

KS: 24 éléments des FS sont intervenus. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, 12 sont allés vers l’Étoile du Sud et 12 autres sont allés vers la paillote.

Le Procureur de la République: Si les questions auxquelles KS doivent répondre peuvent révéler des secrets militaires, il n’est pas obligé de répondre. Il ne faut pas livrer tous nos secrets sur la place publique…

L’avocat de La Défense: Je suis désolé. Le procureur veut dire au témoin de ne pas répondre à certaines de nos questions. Au-delà de tout, nous sommes quand même des citoyens. Que Monsieur le Procureur souffre de me voir poser mes questions.

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Fernand Dédeh : Nos militaires, il faut les respecter: KS parle un français soutenu avec des mots choisis

L’avocat de La Défense demande: « Les assaillants avaient-ils des pièces d’identité sur eux »

Réponse de KS: « Ça, ce n’est pas notre problème ça. Ça, c’est le rôle de la gendarmerie. Nous, notre rôle est de nous assurer qu’ils sont bien morts, qu’ils ne portent pas de grenades sur eux. »

Le Procureur de la République: « Si La Défense estime que nous devons faire un huis-clos, nous pouvons le faire. Mais faisons attention. Le terrorisme menace nos vies. Faisons attention »

Le Président du tribunal à l’avocat de La Défense: Ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas »

Reprise du procès, demain jeudi, à 13 h.

Propos recueillis par Fernand Dédeh

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