–L’alliance Pdci – Ppa-ci à une seule condition
Bouaké, Côte d’Ivoire, le 21 juillet 2024 (crocinfos.net)—Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) de Tidjane Thiam et le Parti des peuples africains (Ppa-ci) de Laurent Gbagbo parviendront-ils à s’entendre pour faire front contre le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) d’Alassane Ouattara ? Il semble que les deux formations politiques de l’opposition hésitent à quinze (15) mois de l’élection présidentielle de 2025, à emboucher la trompette de l’union, chacun attendant le soutien de l’autre.
Dans un meeting organisé le dimanche 14 juillet 2024 par le Ppa-ci à Bonoua au sud-est de la Côte d’Ivoire, l’ancien Président Laurent Gbagbo a dit ouvrir « les bras » aux partis d’opposition afin que l’actuel « gouvernement ne soit plus là » à l’issue de la présidentielle de 2025. A cette proposition, quand Danièle Boni Claverie de l’Union républicaine pour la démocratie (Urd) souhaite que l’ex-chef de l’Etat tende plutôt la main car, tous le savent, les relations n’ont pas toujours été cordiales entre Gbagbo et des opposants, Soumaïla Brédoumy, le porte-parole du Pdci adopte une position mitigée. « (…). Au Pdci, on a une façon de gérer les affaires. On ne vient pas sur la place publique pour dire nos choses. Nous travaillons en toute discrétion. On a une commission qui a été mise en place qui suit le dossier. D’ailleurs, un Secrétaire exécutif chargé des partis existe. On en parlera quand on aura suffisamment d’avancées », estime-t-il. A seulement quelques mois d’une élection aussi importante que la présidentielle, les différents discours sont loin d’être rassurants.
‘’La volonté d’une alliance forte entre ces deux formations, au-delà de la visite de Thiam à Gbagbo à Mama dans son village natal risque bien d’accoucher d’une souris.’’
Si Laurent Gbagbo et son Ppa-ci pensent qu’en tant qu’anciens détenteurs du pouvoir d’Etat, c’est au jeune Thiam et son parti, le Pdci, de venir dans ses bras, l’ancien parti unique et ses hommes estiment être actuellement les leaders de l’opposition et qu’ils n’ont jamais été aussi proches du palais depuis leur brusque et brutal départ du 24 décembre 1999. Le Pdci considère ainsi que c’est au Ppa-ci de faire mouvement vers lui. En un mot comme, il est inimaginable pour Tidjane Thiam qui lutte déjà la candidature à la présidence de la République avec Jean-Louis Billon au sein du Pdci, de faire la place à Laurent Gbagbo. La volonté d’une alliance forte entre ces deux formations, au-delà de la visite de Thiam à Gbagbo à Mama dans son village natal risque bien d’accoucher d’une souris. Le moins qu’on puisse affirmer, c’est que l’un ne voudra aucunement faire la place à l’autre. Sauf si l’un ou l’autre se trouve dans une position inconfortable. Mais parmi ces deux personnalités, celui qui se trouve être dans l’impasse pour l’instant est bien Laurent Gbagbo. Pour ne pas être inscrit sur la liste électorale, le président du Ppa-ci est certain de ne pas être éligible. Si les choses restent en l’état jusqu’aux élections, il ne devrait pas avoir d’autre choix que de soutenir Thiam puisque sa volonté reste de voir le gouvernement actuel quitter le pouvoir. Par contre, si par souci d’unité nationale, le Président Alassane Ouattara fait voter une loi d’amnistie pour permettre à son prédécesseur de participer au jeu électoral, l’alliance tant convoitée volera à coup sûr en éclats. Chacun des deux leaders de l’opposition, par orgueil, attendant que l’un fasse le premier pas. Or, faire le premier pas pour l’un ou l’autre reste peu envisageable si Thiam et Gbagbo doivent se retrouver ensemble sur la ligne de départ.
Toujours est-il qu’avant toute décision du chef de l’Etat relative à la réinscription de l’ancien Président sur la liste électorale, la bataille pour le contrôle de l’opposition bat discrètement son plein mais reste un combat à fleurets mouchetés.
Ouattara Abdoul Karim