[Présidentielle 2025] Défense et Sécurité : personne n’en parle, et pourtant !

[Présidentielle 2025] Défense et Sécurité : personne n’en parle, et pourtant !

À dix mois de la présidentielle 2025, la question de la défense et de la sécurité en Côte d'Ivoire reste largement ignorée. À travers cet article, notre collaborateur explore les enjeux cruciaux liés à la paix et à la sécurité nationale.

Bouaké, le 29 décembre 2024 (crocinfos.net) – À dix (10) mois de la prochaine présidentielle ivoirienne d’octobre 2025, un sujet et non des moindres, est occulté dans les différents débats qui s’animent entre pouvoir et opposition. C’est bien la question de la Défense et de la Sécurité nationales dont beaucoup, malheureusement, accorde peu d’importance.

Quand on parle de paix et de sécurité, il y en a qui relègue ce bien sérieux au second plan. Le premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny avait fait de la paix sa « seconde religion ». On n’en accordait aucune importance. Mais lorsque ‘’le vieux’’, comme on l’appelait, a quitté en 1993 le monde des vivants, la Côte d’Ivoire est tombée les deux pieds joints, dans une instabilité politique et sociale jamais connue. Crise politique et sociale, crise économique, retard dans le développement, c’est le lot de décadence que le pays a vécu de 1993 à 2011. Des crises à succession qui se sont soldées par un affrontement armé à l’issue de l’élection présidentielle de 2010 dont les camps Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo réclamaient la victoire.

Téné Birahima Ouattara, Ministre d’État, Ministre de la Défense. Ph.Dr.

Depuis la fin de cette crise et la victoire d’Alassane Ouattara en 2011, la Côte d’Ivoire a retrouvé peu à peu la paix. Grâce au sens d’union et de rassemblement du nouveau président ivoirien. Il a pris son bâton de pèlerin pour inviter ses compatriotes qui avaient fui la guerre vers des pays voisins, à regagner la mère patrie pour la reconstruction du pays. Le Nigeria, le Togo, le Bénin, le Ghana et bien d’autres pays de la sous-région ouest-africaine ont été visités par le chef de l’Etat. Au bout du compte, plus aucun Ivoirien ne se trouve hors de sa terre du fait de la crise postélectorale de 2010 et 2011. Mais pour arriver à cette stabilité, Alassane Ouattara a dû faire face à une farouche adversité. En août 2012, des esprits chagrins ont entrepris l’attaque des camps militaires et de gendarmerie avec on ne sait quels objectifs, croyant porter un coup d’arrêt au grand coup d’accélérateur que venait de donner le Président Ouattara à l’avancée du pays. Ces agressions, si besoin en était, au lieu d’affaiblir le pouvoir naissant, ont plutôt contribué à le renforcer et mieux, à lui permettre de jauger sa force de frappe, quinze mois seulement après son établissement. Car, à la vérité, en prenant la gestion de l’Etat, l’ancien Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) qui sait comment se gère un pays, était parfaitement au fait de l’adage qui affirme que « qui prépare la paix, prépare la guerre ». Désormais équipées en hommes, en matériels et en logistique pour faire face à n’importe quelle adversité, les forces de l’ordre ont enrayé les assauts des assaillants qui, après leur première estocade la nuit du 6 août au camp d’Akouédo à Abidjan, avaient multiplié les attaques presque partout dans la partie sud du pays, sans succès.

Le terrorisme à nos portes

Avec les besoins sécuritaires qui s’accroissaient en raison de la montée du terrorisme dans la sous-région ouest-africaine, le président ivoirien ne s’est pas arrêté. Alors qu’il poursuivait le développement sur d’autres chantiers, il a continué à mettre les bouchées doubles pour rendre son territoire inviolé par les terroristes. Malgré les dispositions par lui prises, Grand-Bassam vivra malheureusement le dimanche 13 mars 2016, l’expérience des pays voisins frappés par la foudre des tueurs. Mais, hier comme aujourd’hui, le chef de l’État ivoirien est déterminé à faire un barrage au terrorisme. D’où, l’idée de la création depuis 2017, d’une Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) à Jacqueville, avec pour mission de créer une École de formation de cadres, un Centre d’entraînement pour les unités spécialisées et un Institut de recherche stratégique.

Au-delà, le Président Ouattara, outre les forces militaires positionnées pour la sécurisation aux frontières nord du pays, a mis en place une stratégie gouvernementale en vue de lutter contre la fragilité dans ces zones proches du Mali et du Burkina, épicentre du terrorisme en Afrique de l’Ouest. Les attaques par cinq fois de Kafolo, Tougbo et Téhini, toutes situées dans les zones frontalières du Nord, après celle de Grand-Bassam en 2016 ont certainement donné à réfléchir plus aux autorités. Jugées fragiles et vulnérables, les populations de ces zones, surtout les jeunes, pourraient se laisser appâter par les groupes terroristes en quête de combattants ou d’adeptes. Pour l’avoir compris, Alassane Ouattara a décidé de lutter contre la pauvreté et l’absence d’infrastructures de toutes sortes. Les projets de développement mis en place, ces zones pouvaient désormais tourner le dos aux vendeurs d’illusions.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Président Ouattara a non seulement doté son pays de moyens sécuritaires et militaires mais il a également mis l’accent sur le recrutement, le rajeunissement des troupes et surtout les conditions de travail de toutes les forces. De sorte que la Côte d’Ivoire bénéficie d’une paix certaine à nos frontières et à l’intérieur. La sécurisation discrète pratiquée par les autorités permet la circulation des biens et des personnes sans agacement mais dans l’efficacité. Si bien que les voyageurs d’où qu’ils viennent, subissent moins de tracasseries sur les routes ivoiriennes depuis l’arrivée au pouvoir de l’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny qui connaît son pays et les implications socio-économiques entre États. Toute chose qui a l’avantage de faciliter la circulation des biens et des personnes, l’intégration sous-régionale et le commerce inter-Etats.

Les Forces spéciales ivoiriennes, une création d’Alassane Ouattara qui fait la fierté de l’armée nationale. Ph. DR

En outre, dans la continuité de leurs prédécesseurs, le ministre d’État chargé de la Défense, Téné Birahima Ouattara et son collègue de l’Intérieur et de la Sécurité, Vagondo Diomandé ont consolidé le système sécuritaire ivoirien de sorte à le rendre plus efficace. Le Chef de l’Exécutif, à travers ses deux sécurocrates, ne lésine sur aucun moyen pour maintenir le pays dans la sérénité et le calme. D’où, un accroissement continu du budget de ces ministères. La preuve, le budget du ministère d’État chargé de la Défense est passé d’un peu plus de 399 milliards de FCFA en 2024 à 441,5 milliards de nos francs pour celui de 2025. Quant au budget 2024 du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, il s’élevait à peu près à 683 milliards de FCFA dont un peu plus de 178 milliards consacrés à la seule sécurité intérieure indépendamment de l’administration générale, la décentralisation, l’administration territoriale et l’identification puis la protection civile et les comptes spéciaux du Trésor. Pour le projet de budget 2025, d’ailleurs adopté par les parlementaires ivoiriens, le ministre Vagondo a présenté un montant de près de 837 milliards de FCFA. Il est clair que pour cette nouvelle année, comme pour l’année dernière, la sécurité intérieure se taillera la part du lion pour permettre à la police nationale de mieux jouer son rôle de protecteur des biens et des populations.

Black-out sur la sécurité

Vagondo Diomandé, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité

Ainsi, c’est grâce à tous ces efforts que la Côte d’Ivoire jouit aujourd’hui de cette paix tant recherchée que de nombreux pays n’ont malheureusement pas. À tel point que les ressortissants des États voisins en crise n’éprouvent aucun mal à trouver refuge en terre ivoirienne. Présents sur le sol ivoirien, ils bénéficient déjà à l’entrée notamment à Ouangolodougou, la ville aux deux frontières (Mali et Burkina), gîtes et couverts, d’électricité, d’eau, de nourriture, de vêtements et de sécurité de la part du pays hôte. Ceux qui entendent poursuivre leur périple sont accueillis dans les villes et villages de l’intérieur. Rencontrés à Katiola et à Bouaké, de nombreux ressortissants du Burkina, du Mali et du Niger fuyant la mort se disent heureux de trouver un pays en paix qui les reçoit les bras ouverts. Parmi eux, également des membres de la communauté peulh, qui ne manquent pas d’affirmer avoir rejoint la Côte d’Ivoire pour échapper à une chasse aux sorcières de la part de leurs autorités qui les accusent d’être de mèche avec les terroristes. La paix en Côte d’Ivoire, comme le disent certains, est comparable à la santé qui est une couronne sur la tête du bien portant que lui-même ne voit pas. Une couronne par contre que seul le malade voit et sait apprécier à sa juste valeur. Malheureusement, de nombreux Ivoiriens ne savent qu’en faire alors que les populations des pays en crise prient pour avoir cette paix afin de la valoriser. Mais, il faut bien quelqu’un pour préserver la paix et la sécurité. Ce que malheureusement, tout le monde ne parvient pas à faire. D’ailleurs, des candidats ont commencé à déballer leurs projets pour les Ivoiriens sans avoir à évoquer jusque-là un seul instant, la question de la défense et de la sécurité. Qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, les Ivoiriens qui ressassent le développement actuel du pays grâce aux infrastructures créées par Alassane Ouattara ou ceux qui évoquent un indice de développement humain (IDH) en chute libre – se plaignant de la situation d’un pays qu’ils jugent difficile et/ou catastrophique et souvent poussés par des hommes politiques en quête de suffrages – devraient savoir que la paix et la sécurité constituent le socle et la base de tout ce qu’un pays possède ou veut atteindre. Si cela n’est pas compris, l’on pourrait un jour regretter ses actes lorsque la paix et la stabilité viendraient à nous tourner le dos. Trente-trois (33) ans à la tête de la Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny a passé le clair de son temps à faire l’apologie de la paix, à prôner la concorde et la cohésion. Certains s’en moquaient. Appelant même à sa chute. Qui ne se souvient en 1990, des refrains des manifestants poussés dans la rue par les opposants d’alors : « Houphouët voleur !!! Houphouët voleur… ». La longue palabre ivoirienne qui a abouti à une crise postélectorale de cinq mois en 2010 et 2011, occasionnant à elle seule en cinq mois plus de 3000 morts a convaincu chacun sur le fait que le Président Houphouët ne parlait pas dans le vide. « L’erreur est humaine ; c’est persister dans l’erreur qui devient une bêtise », dit-on. Pourvu qu’au moment où nous vivons en paix, nous n’ayons plus à commettre les mêmes erreurs commises, hier.

Ouattara Abdoul Karim


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