Présidentielle : chance à chaque ivoirien ? (Simple avis Par Pascal Kouassi)

Présidentielle : chance à chaque ivoirien ? (Simple avis Par Pascal Kouassi)

Depuis l’annonce proposition du président Ouattara de faire passer la caution de 20 millions à 100 millions, les commentaires vont bon train, la toile s’enflamme. Et l’expression qui revient comme un leitmotiv est ‘’donner la chance à chaque ivoirien’’ de compétir. Moi, depuis 2015 et depuis mon salon, j’ai souhaité que la caution passe à 100 millions. Bien sûr, je n’ai jamais attrapé 10 millions, mais je n’ai jamais voulu être président de la République non plus. Ce n’est pas la seule fonction qui procure honneur, félicité et bien-être.

Au fait, c’est quoi la chance pour un candidat ?

Le mardi 12 octobre 2010, j’étais à l’immeuble Chichet de la Fonction publique pour correction d’un concours, et j’ai vu les militants du Pdci déferler par milliers sur le Plateau. Le stade Houphouët-Boigny était trop exigu pour les militants du Pdci. H. Konan Bédié ouvrait sa campagne.

’Depuis l’annonce proposition du président Ouattara de faire passer la caution de 20 millions à 100 millions, les commentaires vont bon train, la toile s’enflamme’’

Le jeudi 14 octobre, c’était l’ouverture de la campagne d’Alassane Ouattara à Yopougon, Ficgayo. Les militants du Rdr, par milliers, étaient accourus de toutes les communes d’Abidjan et des environs. La place Ficgayo étant devenue aussi trop petite, des jeunes n’ont trouvé place que sur les dalles du marché en construction qui a fait place aujourd’hui à Carrefour market Cosmos.

Le vendredi 22 octobre, c’était autour du président sortant Laurent Gbagbo d’investir le Plateau et le stade Houphouët-Boigny. Très tôt le matin, les militants du Fpi, par myriades, ont pris d’assaut le stade. Les universités et les écoles avaient même fermé. Tous voulaient participer à cette fin de campagne et son côté festif.

’À la dernière présidentielle en 2015, il y avait plus de 19000 bureaux de vote. Si un candidat veut être dans tous ces bureaux, il faut payer au moins 190 millions, soient 10 000 f par représentant pour son déplacement.’’

Quand pendant ce temps, des candidats cherchaient des spectateurs, je dis bien spectateurs, pour venir occuper les quelques bâches afin que la RTI puisse avoir des images pour les 5 minutes d’antenne, qu’appelez-vous alors ‘’chance’’? La chance d’avoir son nom figurer dans le Journal officiel (Jo)? Quand, ensuite, on vient s’asseoir sur le plateau de la télévision pour débiter des ‘’Quand je serai élu(e)’’ et des projets plusieurs fois rabâchés ou des rêves et leurs usines de transformation pourvoyeuses d’emplois pour les jeunes, c’est se moquer de soi-même et des Ivoiriens dans cette volonté de paraître.

À la dernière présidentielle en 2015, il y avait plus de 19000 bureaux de vote. Si un candidat veut être dans tous ces bureaux, il faut payer au moins 190 millions, soient 10 000 f par représentant pour son déplacement. Un candidat doit dépenser au minimum 200 millions. Après la caution de 20 millions, beaucoup de candidats ne peuvent que distribuer des prospectus pour salir les murs et les poteaux, faire des balades à travers les quartiers et les villes avec leurs nuisances sonores.

’Les indépendants viennent rendre davantage harassante la tâche de la Commission électorale indépendante. Tout simplement. Sans plus. Avec 100 millions, ils réfléchiront par deux fois avant de venir vendre leurs illusions.’’

Tous ces candidats ne peuvent-ils pas être utiles à leurs communautés en leur construisant des centres de santé ou des écoles qui porteront leur nom ? Quelle chance leur reste-t-il ? Le jour du vote, que les stylos des bureaux de vote changent les places des croix dans les cases ? Comme certains esprits attardés l’ont cru 2010. En effet, beaucoup de militants de mon quartier de l’époque se sont rendus dans les bureaux de vote, au deuxième tour, avec leur propre stylo parce que des esprits très éclairés leur avaient dit que les stylos des bureaux transformeraient Alassane en Gbagbo. C’est peut-être ces magies ou ces miracles que l’on appelle chance.

Sinon, en Côte d’Ivoire, tout le monde sait qu’il n’y a que trois partis : PDCI, FPI et RDR qui peuvent remporter une élection. Les indépendants viennent rendre davantage harassante la tâche de la Commission électorale indépendante. Tout simplement. Sans plus. Avec 100 millions, ils réfléchiront par deux fois avant de venir vendre leurs illusions.

CATEGORIES
TAGS
Share This