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[Présumés faux diplômes en Douanes ivoiriennes] Intégrité morale et physique des agents menacée

L'école des Douanes ivoiriennes où tout est arrivée. Ph. Dr

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 20 août 2024 (crocinfos.net)—87 agents des Douanes ivoiriennes, accusés à tort de fraude aux diplômes, subissent une suspension injuste depuis mars 2024. Réunis sur la place d’arme de l’école des douanes, en présence de leurs collègues et du personnel civil, ces fonctionnaires ont été publiquement humiliés, alors que leur seule faute présumée est d’avoir présenté des diplômes prétendument faux lors des concours professionnels exceptionnels de 2021 et 2022. Cette suspension, décidée par Alphonse Da Pierre, directeur général des Douanes, plonge les victimes dans un calvaire qui dure depuis plus de cinq mois, avec des répercussions dévastatrices sur leur santé.

Malgré les recours adressés à toutes les instances hiérarchiques, du président du conseil de discipline de la Direction générale des Douanes, au ministère des Finances et du Budget, aucun résultat n’a été obtenu. Pire encore, Alphonse Da Pierre a choisi de porter l’affaire devant les tribunaux, laissant les agents concernés sans indemnisation de leurs primes trimestrielles, et sans réponse face à cette injustice.

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L’article 26 du code d’éthique des Douanes, qui prône le respect réciproque et l’esprit d’équipe, semble n’être qu’une illusion. Un agent, fort de 23 années de service, a perdu la mémoire après que son nom et matricule ont été divulgués sur les réseaux sociaux par sa propre administration. Un autre, atteint d’insuffisance rénale et de méningo-encéphalite, voit sa vie menacée faute de soins appropriés. Parmi les victimes figure également une inspectrice, élue meilleur agent des Douanes en 2018, et récompensée par le chef de l’État.

‘’Au-delà de la suspension, c’est une véritable déchirure humaine qui se joue dans l’ombre des Douanes ivoiriennes, où le respect des droits fondamentaux semble être relégué au second plan.’’

Les primes des agents de la promotion 2021, suspendues depuis janvier, sont toujours impayées. Ceux de la promotion 2022 n’ont pas reçu leurs primes d’avril à juin. En conséquence, les 26 agents de 2021 accumulent deux trimestres sans prime, tandis que ceux de 2022 en sont à un trimestre. À cette injustice s’ajoute la pression des banques, auprès desquelles certains agents ont contracté des prêts. Celles-ci les somment de se tourner vers la Mutuelle des Douanes de Côte d’Ivoire (MUDCI), garant moral des prêts, alors même que les primes sont gelées par les décisions de suspension.

Cette situation s’aggrave, les agents étant privés de leurs primes du premier trimestre 2024, bien que ces suspensions, annoncées en fin avril, ne puissent légalement rétroagir.

Au-delà de la suspension, c’est une véritable déchirure humaine qui se joue dans l’ombre des Douanes ivoiriennes, où le respect des droits fondamentaux semble être relégué au second plan.

Sériba Koné

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