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[Procès de l’attentat de Grand-Bassam] Depuis le Palais de Justice, Fernand Dédeh vous raconte minute par minute les échanges (1ère partie)

Abidjan, le 1er-12-22 (crocinfos.net) Il était 13h27min quand Fernand Dédeh annonce que le procès s’ouvre à l’instant.

« Vous là, un des accusés porté un polo PSG hein…

On ne peut pas filmer sauf dérogation spéciale sinon, j’allais montrer l’image du gars du PSG…

À la barre, Cissé Mohamed…    propriétaire de la maison d’Adjaffou ou Kounta Dalla a résidé. La clôture de sa maison a été modifiée pour faire entrer la voiture de Kounta Dalla

Le prévenu dit que la maison en question n’est pas sa résidence. »

Le procureur: Les enquêteurs sont-ils arrivés chez vous à la maison?

Accusé: Oui

Procureur: Le domicile visité était le vôtre?

Accusé: Non? Pour moi est à côté…

Procureur: Les matelas trouvés à la maison étaient les les vôtres? Vous connaissez le nombre de matelas? Ils étaient où? Ils appartiennent à qui?

Accusé: Les matelas appariement à Kounta Dalla. Je les ai pris après le départ de Kounta et un Gaz faitout Bouteille, un ventilateur…

Procureur: Vous avez soutenu que le Monsieur était votre client ou votre marabout. Comment ça se fait que ses objets se retrouvent chez vous?

Accusé: Pour moi, le matelas et le Gaz faitout Bouteille ne sont pas grand-chose. J’ai connu Kounta Dalla pour la première fois quand il est venu en Côte d’Ivoire.

Procureur: Pourquoi c’est à vous qu’il confie sa voiture et ses objets?

Accusé : Je ne peux pas répondre. C’est Kounta qui peut répondre.

Le gars du PSG (accusé) demande une minute de silence pour la mémoire des morts. Il dit: « Monsieur le président, je vais tout vous dire. C’est la première fois que je suis à la barre, je ne sais pas comment ça se passe, mais je vais dire la vérité »

Accusé: « Moi, Kounta Sidy Mohamed, le problème de la Côte d’Ivoire, c’est mon malheur. Je vais dire la vérité. Moi Kounta Sidy, non, pour ce que l’on me reproche, oui, pour répondre aux questions. Je suis l’ami du monde. Je ne peux pas être ennemi du monde. Ce que l’on me reproche, c’est une honte pour moi, une honte pour ma mère »

« Kounta Dalla, je l’ai connu comme marabout. Je suis ivoirien et fier de l’être. Je suis contre ceux qui sont contre les Ivoiriens. J’ai connu Koumta Dalla au grand carrefour de Koumassi. Mon portable a sonné et un numéro malien m’a contacté en février 2016. Il m’a dit, c’est Sidy Mohamed Kounta? J’ai dit oui. Il m’a dit c’est ton beau-frère qui t’appelle. Il me dit, rends-moi service. Mon frère doit arriver en CIV. Il faut l’accueillir. Il a insisté. J’ai accepté. Je devrais voyager avec la famille. Je lui ai demandé de prendre mon numéro. Le mercredi 10 février, j’étais sur la route de Bouaké et mon téléphone sonne. Je décroche. Il me dit, je suis le frère de votre beau. Il me dit qu’il est à Ouangolo. Je lui ai dit si tu arrives à Abidjan, appelle-moi. »

« À 20 h, il m’appelle, il me dit qu’il est à Koumassi. Je lui ai dit, prends un taxi-compteur et passe-moi le chauffeur. Le chauffeur m’a appelé. Je lui ai indiqué la maison. J’appelle ma femme, Lala Kounta, pour lui demander d’accueillir l’étranger. Il ne m’avait pas dit qu’ils étaient deux.»

« Kounta Dalla et moi, nous ne sommes plus appelés. J’appelle la dame et lui demande si les étrangers sont bien dans la maison. Elle me dit, ça va. »

« Le 19 février, je suis rentré à Abidjan. Je descends et les deux étrangers étaient là avec ma deuxième femme et Lala. Ils sont venus me saluer. »

Le magistrat: Vous étiez allés où pour célébrer votre mariage?

Accusé: À Boundiali. Pour le mariage de mon frère.

Magistrat: C’est avant votre départ à Boundiali qu’on vous appelle du Mali?

Accusé: Les Kounta sont raciales. Ils se marient avec toutes les femmes. Mais ils n’acceptent pas que les autres marient leurs filles

Magistrat: Est-ce que vous connaissiez Kounta Dalla?

Accusé: jamais

Magistrat: Je vois Kounta Dalla et Kounta Mohammed, ce n’est pas la même famille?

Accusé : Non, Kounta, c’est le nom comme les Koné…Kounta, ce n’est pas un nom, c’est un prénom. Si un Koné a zaillé (entendez par là, commis une erreur), on ne peut pas arrêter tous les Koné.

« La dame qui a accueilli les deux étrangers, c’est ma petite sœur, même père, même mère »

« Chez moi, j’ai une maison de deux pièces et une maison de trois pièces »

Magistrat: Kounta Dalla n’était pas seul. Il était avec son frère. Le second s’appelait comment

Accusé: C’est ici que j’ai appris son nom Cissé. C’est Ibrahim que je connaissais

Magistrat: Vous lui avez demandé des nouvelles? Il vous a dit quoi?

Accusé: il m’a dit: je suis marabout. J’ai un client ici. Et devant moi, son client est venu le voir.

Il est venu avec le nom Dalla. Pas le prénom Kounta.

Magistrat: Comment Kounta Dalla a reçu son client?

Le 19 février, je rentre. Le 20, je dis à mon étranger que la maison est petite. S’il peut prendre un hôtel. Il me dit qu’il peut dormir sur la terrasse. Je l’ai accueilli pendant trois jours. Il m’appelle et me dit son tuteur est venu le prendre. C’est ainsi qu’il est parti en me disant qu’il a eu une bonne mais ion au carrefour de l’aéroport. Quand je suis allé le voir, j’ai vu que sa maison est grande. Moi-même je suis à Abidjan, je n’ai pas eu une maison pareille. Son client était un grand boss mais je ne le connais pas. Le client m’a donné 10.000 FCFA »

Magistrat: Qui est le tuteur de Kounta Dalla à Abidjan?

Accusé: Je ne le connais pas. Mais quand vous avez présenté la vidéo hier ici, il y avait un gros bras noir, grand, c’est lui .»

Magistrat: Pendant les trois jours que vous êtes restés ensemble, est-ce que vous avez fait des sorties ensemble?

Accusé: Oui. Je suis un marabout et dans la période, je faisais trop d’accidents. Chez les Marabouts, quand c’est ainsi, il faut se laver avec l’eau de la mer. Donc j’ai dit que je vais aller à Bassam pour me laver. Ils m’ont accompagné. J’ai nagé et je suis revenu avec deux bidons de 5 litres »

Accusé: « Bassam, c’est la ville où ceux qui aiment la belle vie vont. Si tu n’as pas d’argent, tu ne vas pas à la plage. »

Magistrat : Vous êtes partis avec Kounta Dalla et deux autres?

Accusé: oui, je suis parti avec kounta et son petit et ils se sont lavés aussi

Magistrat : Vous êtes à Adjouffou. Vous avez la mer. Pourquoi c’est à Bassam vous allez? Vous pouviez vous laver à Adjouffou?

Accusé: pardonnez, j’ai confiance en vous. Ne m’envoyez pas ailleurs

Magistrat: Vous allez à Bassam donc pour vous soigner. Trois jours après votre retour de Bassam, il part dans sa grande maison. Est-il  parti avec Ibrahim?

Accusé: Oui. Mais quand ils sont partis, je ne les ai plus vus.

Magistrat: À part vous, avez-vous appris que Kounta est reparti à Bassam pour s’amuser?

Accusé: Je ne suis pas au courant. Kounta n’est pas mon parent. Il ne me connaît pas. Je ne le connais pas

Magistrat: 13 mars, attentat… Vous avez appris qu’il y a des faits graves à Bassam. Est-ce que vous avez continué de communiquer avec lui?

Accusé: le 13 mars à midi, il est venu me réveiller. Il me dit « ça fait quelques jours. Aujourd’hui il est venu me saluer »

Accusé: « il me dit qu’il fait chaud aujourd’hui. Il me dit qu’il va marcher un peu. Il va au bord du goudron. Nous sommes séparés. »

Accusé: le dimanche 16 mars nous nous sommes vus à 11 h. Il m’a dit ça fait deux jours. Il est resté de 11 h à 14 h. C’était la troisième fois qu’il revenait chez moi »

Accusé: « Ce jour-là, le courant était interrompu à Adjaffou. Il a mangé avec moi. »

Magistrat: Est-ce ce jour-là, il a communiqué avec quelqu’un? Il avait un téléphone?

Accusé: C’est normal, il a un téléphone. C’est un homme calme. Il égrenait son chapelet

Accusé: « il est venu à pieds chez moi »

« Je peux m’asseoir svp. Je commence à trembler un. Je suis malade au fait. »

Magistrat : Oui, oui, asseyez vous. Avez-vous appris ce qui s’est passé à Bassam? Comment l’avez-vous appris?

Accusé: Je l’ai appris après son départ. Par les voitures qui viennent de Bassam et qui klaxonnent. Moi, je suis sur la route »

Magistrat: Vous ne l’avez pas appelé?

Accusé: Je vais quoi avec lui? Je me suffis moi-même. Je n’ai pas besoin de lui.

Magistrat: Vous n’avez pas eu peur d’être arrêtés?

Accusé : Non, je n’ai rien fait

Magistrat : Avez-vous vu Cissé, à votre gauche avec Kounta chez vous?

Accusé: Oui. Kounta m’a dit: « Cissé, c’est mon petit »

Magistrat: Quand vous êtes arrivés à Bassam, êtes-vous allés dans un hôtel où vous êtes allés directement à la plage

Accusé: Je ne fréquente pas les hôtels

Le Procureur: Je suis fier avec vous. Vous avez fait observer une minute de silence pour la mémoire des morts…Vous connaissez le nombre de décès?

Accusé: J’ai vu sur les réseaux sociaux. On dit il y a eu 19 morts

Procureur: Qu’est-ce qui les a tués?

Accusé: Le monde entier est au courant. Le terrorisme…

Procureur: Quand on a été dans votre maison, on a trouvé des objets. On va vous les montrer. Est-ce que vous les reconnaissez?

L’accusé reconnaît une photo mais refuse de reconnaître une autre avec un bandeau avec message des djihadistes

Les deux photos ont été saisies chez lui

Il dit que la photo présentant un djihadiste, il ne la reconnaît pas…

On dirait que le piège se referme sur l’accusé… Il s’énerve

Accusé: je parle arabe, je parle français, je parle bambara

Le Procureur fait lire les messages écrits en arabe à l’accusé. Mais il est tendu, visiblement.

Bon, ça aussi, c’est compliqué: deux écrans télé dans la salle pour la protection des images et/vidéos. Mais le technicien n’a pas de télécommande. Il fait tout manuellement. Et évidemment, il se perd

Le Procureur est obligé de présenter les images sur papier à l’accusé pour les déchiffrer

Eh, CPI ohhhhh! C’était clean! (Parenthèse)

Accusé : « Monsieur le Procureur, où vous voulez m’envoyer, je ne suis pas là-bas »

« Les écritures sur les photos, pour vous, ça signifie, Touareg, les hommes intègres ». C’est ça?

Accusé: Monsieur le Procureur, ça m’a fait mal de mettre ma photo à côté de la photo des gens… Les gens vont me regarder comment?

L’accusé a commencé comme Toumba de la Guinée… Il est déstabilisé par l’image que le procureur lui a montrée et qui a été saisie chez lui à la maison

Procureur: J’ai demandé à quelqu’un de traduire le texte en français. Sa traduction n’est pas conforme à la vôtre »

Procureur: Est-ce que vous savez comment nous sommes remontés à vous? Il y a beaucoup de maliens en Côte d’Ivoire, pourquoi c’est vous qu’on va cherchez?

Procureur: J’ai demandé à quelqu’un de traduire le texte en français. Sa traduction n’est pas conforme à la vôtre »

Procureur: « Nous sommes venus chercher la vérité. Vous avez dit le dimanche 13 mars 2016, Kounta Dalla est venu chez vous, vous avez pris du thé et il a déjeuné avec vous », vous confirmez?

Procureur: Est-ce que vous savez comment nous sommes remontés à vous? Il y a beaucoup de maliens en Côte d’Ivoire, pourquoi c’est vous qu’on va cherchez?

Procureur: « Nous sommes venus chercher la vérité. Vous avez dit le dimanche 13 mars 2016, Kounta Dalla est venu chez vous, vous avez pris du thé et il a déjeuné avec vous », vous confirmez?

Accusé: Oui. Il est un peu sur les nerfs, perturbé

Procureur: A quel moment avez-vous appris ce qui s’est passé à Bassam?

Accusé: pas au même moment. Il dit avoir l’information de ce qui s’est passé à Bassam, à 16 h 40min

Procureur: pendant l’instruction, vous avez dit que c’est une femme qui vous informé et que vous étiez avec Kounta Dalla et il s’est écrié Allah oh Akbar »

Accusé: la seule chose que je regrette, c’est d’avoir accueilli Kounta Dalla.

Accusé: Si Kounta Dalla vius dit que je suis au courant de quelque chose, prenez tout ce que je vous dis comme mensonges

Procureur: Kounta Dalla que vous avez accueilli, hébergé, déjeuné avec lui est terroriste…

Accusé: Si je savais que kounta était terroriste, je n’allais pas rester ici… Je compte sur quoi?

Procureur: Vous savez comment nous vous avons retrouvé? C’est après enquête…Est-ce que vous savez comment nous sommes arrivés à vous?

Accusé: Monsieur le Président, mon destin est entre vos mains

Procureur: Vous avez dit que vous étiez avec Kounta Dalla de 11 h à 14 h? Dans cette tranche horaire, Kounta était à Grand-Bassam. Ou bien, il y a deux Kounta Dalla?

Procureur: « Vous êtes partis combien de fois à Bassam avec Kounta Dalla »?

Accusé: Une seule fois, le 21 février 2016.

Procureur: La première fois qu’on vous a posé la question, vous avez été à Bassam avec Kounta Dalla le 6 mars 2016. Aujourd’hui, vous dites, c’est le 21 février 2016. Quelle date devons-nous retenir?

Accusé: Je suis allé une fois et c’est le 21 février 2016

Procureur: Donc, on retient quoi?

Accusé : Je suis allé une seule fois

Procureur: Quand Kounta Dalla est parti au Mali, est-ce qu’il vous a contacté?

Accusé: Non.

Accusé: Monsieur le Président, je suis malade. Depuis 2016, je souffre d’une hernie. Je ne peux grader de Pipi…

Président du tribunal: Suspension de séance. Reprise dans 10 mn.

Propos recueillis par Fernand Dédeh

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