Abidjan, Côte d’Ivoire, 31-5-2024 (crocinfos.net)—Les militants des partis politiques de mon pays sont formidables ! Ils s’aiment ! Ils aiment le bonheur des autres. Comment peut-il en être autrement pour ce pays très croyant où les pèlerins prient pour le chef de l’État et le pays avant de prier pour eux-mêmes ? Ils ont bien compris le message : « Aimez-vous les uns les autres comme le Seigneur vous a aimés. »
Alors, quand un parti politique choisit son candidat, les militants d’en face que ce candidat va croiser lui disent “votre candidat n’est pas l’idéal qui va compétir contre nous, il est préférable de choisir tel ou tel autre”.
Tout dernièrement, les dirigeants d’un parti ont réfléchi, choisi leur candidat et l’ont investi devant leurs militants dans une salle comble. Ceux-ci ont approuvé le choix dans une joie indicible.
Les minutes qui ont suivi, les militants d’en face ont trouvé le candidat fatigué, qui n’a sans doute plus la capacité de faire campagne et de compétir. Un malparleur de ce pays, destructeur depuis un moment, est allé plus loin pour dire qu’il “fait pitié”. Ils ont alors demandé que le parti choisisse un autre cheval.
Les gens aiment vraiment les gens !
De leur côté, les militants du parti au pouvoir clament, hurlent, crient à toutes les tribunes qu’ils ne changeront pas de candidat. Il est “naturel”, et puis, son leadership, sa vision, son esprit développeur et, surtout, la stabilité qu’il incarne ne sont plus à démontrer. Il n’a encore rien dit quand ceux d’en face hurlent qu’il faut du sang nouveau, qu’il ne doit pas faire un 4e mandat et que, d’ailleurs, s’il se présente, il sera battu. Ils le supplient donc de partir dans les honneurs. Vous voyez encore une fois que les Ivoiriens s’aiment vraiment ?
J’allais oublier : aussitôt que le premier candidat a été investi, et qu’il a pris le micro, il a dit implicitement aux partis qui seraient tentés de porter leur choix sur des banquiers d’y renoncer car la politique n’est pas la banque.
Les Ivoiriens sont formidables ! Ils ne se réjouissent pas du mauvais choix du candidat “fatigué”, du “banquier” ou du “vieux sang” qu’ils peuvent battre sans coup férir, ils demandent plutôt des adversaires coriaces parce qu’‘’à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire’’, sans doute.
Par Pascal Kouassi