-Le Ramede-Ci interpelle l’Etat de Côte d’Ivoire
L’année 2017 a fini avec de grandes avancées pour la situation des droits de l’enfant en Côte d’Ivoire, avec la nouvelle constitution qui légalise l’école obligatoire, la construction de nombreuses classes qui a desserré l’étau de l’entrée en sixième diminuant par conséquence le taux de déperdition de milliers d’élèves. A cela il faut ajouter la constitutionnalisation de l’interdiction du travail des enfants dans le pays.
Nous notons en effet avec satisfaction, entre autres acquis, la mise sur place du Conseil National de Famille, la création du Comité National de Surveillance des Actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants présidé par la Première Dame Madame Dominique OUATTARA. Celle-ci, sous son leadership, a donné un coup d’accélérateur à la lutte contre le travail et l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire et dans la sous région ouest africaine.
Ajoutons à ces acquis, l’élaboration d’une Politique Nationale de Protection de l’Enfant et d’une Politique nationale de protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, la création de la direction de l’assistance aux pupilles de l’Etat, pupilles de la nation, la mise en place des lignes 116,107 et d’un code de conduite pour les enseignants, le décret pour l’établissement exceptionnel des extraits de naissance des enfants nés pendant la crise, l’augmentation du volume horaire de l’enseignement primaire, la prise de 2 circulaires relatives à la répression du viol et à la réception des plaintes consécutives aux violences basées sur le genre et la soumission du rapport initial sur la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’enfant (CADBE) en 2015, etc. Toutes ces mesures contribuent à apporter des réponses aux exigences de la Protection de l’Enfant en Côte d’Ivoire. (Ce tableau est quelque peu assombri par le phénomène des enfants en rupture de banc avec la société et le regain de la violence dans nos écoles. Nous y reviendrons).
Malheureusement, depuis l’entame de l’année 2018, c’est par dizaine que des avis de disparition d’enfants en Côte d’Ivoire sont diffusés sur les réseaux sociaux numériques et dans la presse écrite. Cette situation éveille, en chacune des familles vivant sur le territoire ivoirien, le douloureux souvenir des enlèvements massifs suivis d’assassinats d’enfants dans le district d’Abidjan et dans certaines contrées du pays pendant le premier trimestre de l’année 2015.
A l’époque, les actions combinées des acteurs Etatiques, des Organisations de la société Civile, des medias entre autres, avaient permis d’estomper ce phénomène.
Mais, depuis le début de cette année 2018 , l’on semble, à la lumière des différentes publications d’avis de disparition d’enfants sur les réseaux sociaux et dans les journaux, assister à une résurgence de ce fléau .
Face à cette situation plus qu’inquiétante, dont les causes profondes demeurent inconnues et les commanditaires et auteurs restent tapis dans l’ombre, le Réseau des Acteurs de Medias pour les Droits de l’Enfant en Côte d’Ivoire, en abrégé (RAMEDE-CI), voudrait marquer son indignation et :
– Encourage les parents et les tuteurs légaux des enfants à redoubler de vigilance dans la garde des enfants qui sont sous leur responsabilité. Il est triste de constater que de milliers d’enfants d’école primaire, prennent la route de l’école aujourd’hui sans accompagnement, avec tous les risques que cela comporte.
– Demande aux medias exerçant en Côte d’Ivoire de faire figurer au nombre de leurs priorités la diffusion des informations faisant cas de disparition d’enfants sans tomber dans le piège de la manipulation.
– Engage les medias à œuvrer dans le cadre de la dénonciation de ces actes ignobles et de la sensibilisation des populations sur la nécessité de renforcer les mesures de surveillance des enfants.
– Encourage particulièrement la télévision ivoirienne, à travers sa chaine RTI1 , à ouvrir un espace gratuit sur ces antennes, afin de relayer les messages des parents à la recherche de leurs progénitures portées disparues.
-Invite le Groupement des éditeurs de presse en Côte d’Ivoire(GEPCI), au nom de leur responsabilité sociale et sociétale, à bien vouloir diffuser les avis de disparition gratuitement dans leurs colonnes.
– Prie les organisations de la société civile ivoirienne à conjuguer leurs efforts à travers des actions concrètes et de sensibilisations pour aider l’Etat à éradiquer ce fléau qui touche aussi l’intérieur du pays.
-Interpelle les autorités judiciaires et policières sur la pressante nécessité pour elles de prendre toutes les dispositions légales afin de mettre la main sur les responsables de ces actes inqualifiables afin que ceux-ci subissent la rigueur de la loi.
Par ailleurs, s’appuyant sur le fait que l’Etat de Côte d’Ivoire a ratifié la Convention Internationale relative aux droits de l’Enfant ( CDE) le 04 février 1991 et fait donc siens ses Articles 4 et 41 qui engagent la responsabilité des Etats parties à prendre les mesures pour garantir les droits de l’Enfant, le RAMEDECI voudrait :
– Attirer l’attention de l’Etat de Côte d’Ivoire sur le danger qui plane sur la vie de millions d’enfants, du fait de l’existence, voire de la multiplication d’actes d’enlèvement d’enfants pour la paix sociale.
Fail à Abidjan le 22 /02/ 2018
Pour le RAMEDE-CI
DOUMBIA MAMADOU
Président du Conseil d’Administration