Abidjan, le 12-12-22 (crocinfos.net) Debout dans son kiosque à café, Jean Jacques Akéssé, la trentaine, un tablier de cuisine noué à la hanche, fixe la foule massée devant le stade municipal d’Adzopé, où s’est tenu samedi un meeting de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien. « La politique doit nous unir et non nous diviser. Nous devons aller à la paix », lâche-t-il au milieu de ses clients.
Les populations sont sorties…
La visite de Laurent Gbagbo dans la région de la Mé, en pays Akyé, une ethnie du sud-est ivoirien, réputée proche de l’opposition, a bien failli ne pas se tenir. Ce, par la faute à de certains individus qui, dans une vidéo sur les réseaux sociaux, se sont opposés à la visite de l’ancien président ivoirien.
‘’C’est dommage qu’après tout ce que le pays a vécu (guerre civile et crise postélectorale), des personnes utilisent la violence. La Côte d’Ivoire a besoin de paix, de tranquillité. Nous devons tirer les conséquences du passé et aller de l’avant’’
Ces individus reprochent à M. Gbagbo de ne pas avoir suffisamment entrepris des actions de développement dans la région lorsqu’il était au pouvoir (2000 à 2011). Ils ont appelé au boycott. Dans d’autres vidéos, des personnes ont déchiré des affiches et des pancartes annonçant la visite qui s’est déroulée du 9 au 10 décembre à Adzopé, chef-lieu de la région de la Mé.
« Ce sont des réactions puériles. Ça ne donne pas une bonne image du pays, de la région », déplore Ange Adiko, la vingtaine, militant du Parti africain des peuples (PPA-CI), la formation politique de Gbagbo. « Chaque Ivoirien a le droit d’aller partout sur le territoire », ajoute-t-il.
Comme Ange Adiko, des milliers de militants et sympathisants du PPA-CI se sont rassemblés, dont certains portaient des tee-shirts et badges à l’effigie de Laurent Gbagbo. C’est le cas de Patrick Acho qui dit ne pas avoir de ‘’la colère’’ contre ‘’ceux qui veulent empêcher’’ l’ancien président de se rendre à Adzopé.
‘’ Le ciel n’est pas tombé sur Adzopé’’
« Ce qui nous rassemble, c’est la Côte d’Ivoire. Le plus important, c’est la paix. Nous devons aller à la réconciliation, à la paix. Laurent Gbagbo leur tend la main, la Côte d’Ivoire leur tend la main. Ça ne sert à rien de se fâcher », dit-il, après avoir pris sa serviette pour s’essuyer le visage.
…massivement pour apporter leur soutien à Laurent Gbagbo. Ph. Dr.
À moins de 500 mètres du stade municipal, au siège parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), c’est une autre ambiance. Le portail d’entrée est fermé, de même que les fenêtres.
‘’C’est dommage qu’après tout ce que le pays a vécu (guerre civile et crise postélectorale), des personnes utilisent la violence.’’
En face, une dizaine de policiers sont postés. Sur la voie, des traces d’un pneu incendié sont visibles. Selon des témoins, des ‘’gens’’ l’ont fait pour manifester leur mécontentement à la visite de Laurent Gbagbo. Le Premier ministre Patrick Achi, est originaire d’Adzopé et Akyé.
« C’est dommage qu’après tout ce que le pays a vécu (guerre civile et crise postélectorale), des personnes utilisent la violence. La Côte d’Ivoire a besoin de paix, de tranquillité. Nous devons tirer les conséquences du passé et aller de l’avant », conseille Ousmane Traoré, ferronnier, installé aux abords de la voie principale de la ville d’Adzopé.
Annoncée à 14h (heure locale GMT), le meeting au stade municipal a débuté à 16h, soit deux heures e retard. Devant des militants acquis à sa cause et durant deux heures d’horloge, Laurent Gbagbo s’est dit ‘’attristé’’ pour les personnes qui veulent l’empêcher de se rendre à Adzopé. Il les a invités à ne pas avoir ‘’peur’’.
« Aujourd’hui, Gbagbo a fait son discours. Il s’en va. Rien n’a changé. Le ciel n’est pas tombé sur Adzopé. La famille reste la famille, nous devons aller de l’avant et dans la paix », affirme Jean Jacques Assi, avant de prendre la commande d’un client.
Source : https://www.alerte-info.net