Abidjan, le 26 juin 2023 (crocinfos.net) Lors de la dernière réunion du conseil municipal qui s’est tenue le 30 avril 2023, les conseillers municipaux ont été informés de l’état d’exécution des travaux communaux. Mais ce document comporte plusieurs failles et traduit un bilan globalement truqué de la gouvernance de l’équipe sortante.
Avec les élections municipales qui approchent à grands pas, la pression se fait sentir sur les équipes dirigeantes sortantes, notamment à la mairie du Plateau. Cependant, le maire a trouvé un moyen de rendre son bilan inattaquable.
Lors du dernier conseil municipal qui s’est tenu le 30 avril 2023, un document a été présenté au conseil, récapitulant l’ensemble des travaux communaux budgétisés ainsi que leur état d’exécution. Cependant, ce document est trompeur à bien des épreuves.
Par exemple, dans le chapitre “dotation en carburant”, le document mentionne qu’un montant net de 250 millions FCFA a été entièrement payé à l’entreprise Shell pour permettre aux différents services d’exécuter leurs tâches. Mais, des responsables de services affirment n’avoir reçu du carburant que pendant cinq mois. Où est donc passé le reste du carburant ? Il est difficile d’y voir plus clair étant donné que le conseil municipal ne pose généralement pas de questions et se contente des documents produits par les services du maire.
La plupart des conseillers sont d’ailleurs assujettis au maire de manières différentes, ce qui lui permet de retirer ou d’augmenter les subventions auxquelles ils ont droit. Dans ces conditions, il est préférable de fermer les yeux pour ne pas parfois compromettre leur position. Par conséquent, très peu de conseillers songent à vérifier la véracité des déclarations du maire, ce qui explique les écarts entre celles-ci et la réalité des réalisations.
Par exemple, n’importe lequel d’entre eux aurait su que, en dehors de la cité Esculape, la mairie n’a pas intégré d’aires de jeux supplémentaires dans la commune. Pourtant, le document avance que 60% de ces aires de jeux ont été réalisés, nécessitant un investissement total de 54 millions FCFA.
Il en va de même pour la fourrière municipale, que nous avons cherchée partout dans le cadre de notre information. Cette fourrière municipale aurait coûté environ 26 millions FCFA aux contribuables et aurait été censée être versée en quatre mois par la société RSSA Group.
Ces irrégularités budgétaires, qui sont autant de voies de détournements financiers, présentent surtout l’existence d’un circuit de financement occulte permettant au maire de s’assurer le soutien des autorités de contrôle et des hommes politiques, assurant ainsi sa survie à la tête de la commune.
Signe des temps, le week-end dernier, Jacques Ehouo a fourni le soutien de l’ancien maire du Plateau, Noël Akossi Bendjo, avec qui on le disait en conflit. Mais, selon des sources vraisemblables, les deux hommes se sont rapprochés ces derniers mois. Cependant, avant cela, le maire sortant a dû se montrer généreux et soulagé son ancien patron politiquement affaibli depuis son retour d’exil.
Afin d’avoir un contrôle total sur les finances de la commune, le maire a décidé de ne rien déléguer. Par exemple, le service technique chargé de la conception et de l’exécution des travaux communs “découvre ces travaux comme tout le monde”, selon notre source.
C’est le cas du projet de réhabilitation des bâtiments administratifs de la mairie, facturé à environ 1,3 milliard de FCFA. À ce jour, seule la salle de réunion de la mairie a été réhabilitée. De plus, les travaux de peinture sont visibles à l’extérieur du bâtiment du cabinet du maire, du secrétariat général et du bureau du conseil municipal.
La même situation s’applique à la salle panoramique de la mairie, qui devait comporter une salle de spectacles avec toutes les commodités. Les problèmes de financement de ces travaux ont incité les services du maire à ne pas les inclure dans la liste. Il en va de même pour le parking de Sylo, qui n’a pas évolué depuis son inauguration.
Malheureusement, malgré l’existence de ces documents et leur exposition, les services de contrôle de l’État ne réagissent pas. Les populations se demandent donc ce qu’elles auraient pu faire dans une situation où des services de contrôle affirmés se sont révélés si impuissants.
BIENVENUE RAYMONDE KWADO