-« Le président Alassane Ouattara doit nous cautionner auprès des banques comme Houphouët l’a fait »
Abidjan, le 23-10-2021 (crocinfos.net) Le président des transformateurs de riz de Côte d’Ivoire, par ailleurs vice-président de l’Organisation interprofessionnelle agricole de la filière riz (OIA riz), Dr Diabaté Mory était l’invité du comité de l’agriculture de la Chambre américaine de commerce de Côte d’Ivoire (AmCham CI) sur le thème : « Les clés du succès de la production rizicole en Côte d’Ivoire dans les années 1970 », à l’Hôtel Villa Lepic le mercredi 20 octobre 2021.
D’entrée de jeu, le PDG du groupe Many SA, Tiahmo Rauf a rappelé à tous les invités (banquiers, producteurs, usiniers etc.) que la Côte d’Ivoire a organisé son développement économique autour de l’agriculture qui représentait dès les premières années d’indépendance 44,5% du PIB, « mais ces cultures agricoles étaient dominées par le binôme café-cacao ». Par la suite, a-t-il poursuivi, « la politique de diversification agricole fut initiée pour réduire la dépendance de l’économie vis-à-vis des cultures d’exportation et en même temps assurer la promotion des cultures vivrières comme le riz. »
C’est l’histoire autour de cette précieuse céréale dont le succès, d’alors s’est confondu avec le nom du premier président de la République de Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët-Boigny, que le président des transformateurs de riz de Côte d’Ivoire, Diabaté Mory, a fait sa conférence.
De la mise sur pied de treize usines de riz dans les années 80, pour promouvoir et développer le riz, seule l’usine de Bongouanou qui l’appartient aujourd’hui, a su résister aux différentes crises que le secteur du riz a traversées. « Il y a eu des étapes successives qui n’ont pas permis ce développement, nous sommes en train de faire la relance actuellement pour achever le vœu du président Houphouët-Boigny », a indiqué Diabaté Mory, président du groupe AMC (Agriculture and management company).
À en croire, le président des transformateurs de riz de Côte d’Ivoire et vice-président de l’OIARIZ, « le succès du riz en Côte d’Ivoire, c’est Félix Houphouët-Boigny qui croyait en sa chose et a mis en place, des outils nécessaires pour que le riz puisse se développer. Il faut pouvoir travailler sur cette relance là en faisant une stratégie de développement de la riziculture qui tient compte de notre contexte » a-t-il conseillé.
Les clés pour le succès en production de riz
Cette stratégie pour le développement de la riziculture doit tenir compte du riz pluvial qui représente 80% de nos productions. Pour pallier cet état de fait, propose la semence en conséquence, l’organisation des producteurs en conséquences pour permettre aux Ivoiriens d’arrêter d’importer du riz. « Nous faisons 1.500 000 tonnes de riz d’importation/an. C’est énorme. Ce pays est bien arrosé pour que nous puissions arriver à ce stade de gros importateurs d’autant que le monde extérieur, ceux qui nous vendent le riz ne sont plus prêts à le faire du fait de la Covid-19 et du dérèglement climatique », a plaidé le conférencier.
Le succès de la production du riz demande de moyens, surtout beaucoup de résilience. Il a relevé qu’il y a eu beaucoup de progrès qui ont démarré et qui n’ont pas abouti. Aujourd’hui, grâce à ‘’la vision’’ éclairée du président Alassane Ouattara, il souhaite que les choses avancent et que rien ne s’arrête. «Il faut qu’on soit plus déterminés et qu’on fonce, qu’on soit guidé par l’obsession de la réussite » a renchérit M. Diabaté.
À sa suite, Dr Amadou Moustapha Bèye, généticien, directeur général de la société MANY, une société agroindustrielle privée basée à Abidjan, qui a des sites à Dabakala, Daloa, Marabadiassa a rappelé toute la politique qu’il y avait derrière cette vision de feu Félix Houphouët-Boigny. « La Côte d’Ivoire a pu atteindre l’autosuffisance en riz, elle a pu exporter du riz dans les pays limitrophes, notamment au Mali, au Burkina-Faso et en RDC (le Zaïre en son temps). C’était vraiment les temps forts de la riziculture ivoirienne et c’était important pour nous de revenir sur ces temps forts parce que nous parlons de révolution agricole ». Il a montré aux invités et à la classe politique ivoirienne que c’est faisable parce qu’il y a eu une expérience positive en Côte d’Ivoire.
Des importations de riz de trop
Il a parlé de ce qu’il qualifie de révolution agricole sur la base de ce qui a été fait, malgré les difficultés. « À ce jour, les importations ne cessent de grimper et tournent autour de 1 300 000 à 1 500 000 tonnes. Cela coûte environs 250 à 300 milliards Fcfa, ce qui représente de l’argent décaissé au profit des pays fournisseurs notamment l’Inde, la Chine… », s’est-il indigné.
Ce manque à gagner pour les populations peut, selon lui, servir à créer de l’emploi pour au moins 200 000 jeunes par année.
Dr Amadou Moustapha Bèye a, aussi expliqué comment on peut à arriver à cette révolution agricole et comment on peut atteindre cela au bout de 4 à 5 ans. Il a montré comment il fallait le faire, mais également déboucher sur la révolution alimentaire, parce que les deux sont liées. « Il y a eu la révolution agricole donc, il y a eu plus d’aliments, des standards de recettes pour avoir des coûts beaucoup plus faibles, et cela a bien sûr montré le côté négatif de la standardisation parce les gens consomment plus dehors qu’à la maison », a-t-il indiqué.
Le nœud gordien de la réussite de la révolution agricole en riz demeure le financement par les banques des différents projets concernant le riz. « Il faut la caution du président de la République pour mieux accompagner sa vision de l’autofinance en riz ou la révolution agricole comme l’a fait Félix Houphouët-Boigny par le passé», ont plaidé les conférenciers et intervenants.
Kpan Charles