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[Rovia Kanga ou Le président du monde mondial] Le confrère repose à jamais à Oko N’Dranouan (modifié)

Désormais, l'on parlera de Kanga Rovia, au passé

-Difficile séparation !

Arraché à l’affection des siens le jeudi 1er février, suite à son accident du 19 janvier 2018, Rovia Kanga, directeur de publication du quotidien ivoirien ‘’Le Mandat’’, par ailleurs 1er vice-président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), repose depuis le samedi 10 mars, à jamais à Oko N’Dranouan, son village natal sis à 13 km de Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire).

Le vendredi 9 mars 2018, certains visages baissés, d’autres pleins de larmes, traduisaient, dans la salle Félix Houphouët-Boigny de l’entreprise de pompes funèbres (Ivosep) de Treichville à Abidjan, l’affection que le monde avait pour Rovia Kanga, au moment de l’oraison funèbre.

De l’Ivosep à son village, la séparation était difficile et pénible

La directrice de la communication de la présidence de la République de Côte d’Ivoire, Mme Masseré Touré, représentait au plus haut niveau, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Comme un seul homme, les représentants des institutions de la république, des ministres, des présidents de la société civile, amis, connaissances, et surtout sa famille du corps de métier, les journalistes sont venus pour lui dire un dernier au revoir.

L’émotion, la douleur longtemps retenues par toutes ses personnes vont se transformer en larmes chaudes quand les transporteurs du cercueil  vont le déposer dans le corbillard. Le départ sans retour venait de sonner. Représentants des institutions, ministres, journalistes, fondent en larmes. « C’est maintenant que je me rends compte que Rovia Kanga nous a quittés », lance en sanglot le journaliste-correspondant du quotidien ivoirien ‘’L’expression’’, Yacouba Diarra Traoré, venu de Yamoussoukro pour lui rendre un dernier hommage. Il a fait le déplacement avec son épouse et son enfant de trois ans, avec lequel, le défunt partageait une histoire qu’il ne veut ignorer. « À la cérémonie traditionnelle de mon mariage, Rovia Kanga était le premier journaliste à arriver sur les lieux à 8 heures. Il a échangé avec mes beaux-parents, fait un don financier à mon épouse et à mon enfant pour la fête de la Noël avant de se retirer. Pour celui qui a fait un tel geste, la seule manière de lui rendre un dernier hommage, c’est d’être du cortège qui va accompagner sa dépouille dans son village. »

Comme le confrère Yacouba, chaque journaliste et tous ceux étaient présents à l’Ivosep ont leurs petites histoires avec Rovia Kanga. « Que la terre lui soit légère !» peut-on retenir de toutes ces personnes, après les premiers bruits du moteur du corbillard.

Un difficile vendredi venait de commencer pour l’Union nationale des journalistes (Unjci), présidée par Traoré Moussa (MT) et le président du comité de l’organisation des obsèques, Lance Touré.

Difficile séparation. Après avoir parcouru 364 km, plus de 300 personnes se sont retrouvées en début de soirée à Oko N’Dranouan dont la majorité a été transportée par quatre cars de soixante dix places (un car loué par la famille, un autre offert à la famille et les deux autres à l’Unjci par la même compagnie des Transports). À ces autocars, il faut ajouter plus d’une trentaine de véhicules appartenant à des particuliers.

Pendant toute la nuit de vendredi au petit matin du samedi 10 mars, la place du village où la dernière veillée s’est tenue était animée de chants, de danses et de prières.

Dans la journée, avant l’ultime séparation, le comité d’organisation a fait le bilan des dons devant les différents représentants des institutions, des hommes politiques et de la famille.

À 12h, à l’annonce du départ de la dépouille au cimetière, les visages ont changé, des serviettes sont sorties des poches, pour se préparer à l’ultime séparation. Pour la dernière fois, le corbillard va ouvrir ‘’son postérieur’’ et ‘’avaler’’ le cercueil.

Sur le chemin du cimetière d’une distance d’environ 1 km, les jeunes du village habillés en tenue de sport ont rendu un hommage par des chants et des cris qui ont noyé les pleurs.

À quelque 100 mètres de la tombe, le corbillard s’éteint. Pendant une trentaine de minutes, le conducteur tente de redémarrer le véhicule funèbre. En vain. Pendant que chacun y va de son commentaire, une dame en transe ( ?) fend la foule, trouble cette atmosphère funèbre très ensoleillée et insupportable par des révélations accusatrices. « Ce sont les journalistes qui ont tué, Rovia parce qu’il voulait être président de l’Unjci. Le corbillard ne bougera pas »,  s’écriait-elle.

Ce cafouillage s’interrompit quand des porteurs (quelques journalistes et parents du défunt) extraient le cercueil du ‘’ventre’’ du corbillard pour la tombe.

Tour à tour, des journalistes, des personnalités ainsi que la famille sont passés pour dire adieu à Rovia Kanga. Là, où il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien si ce n’était sa tombe, son nouveau et dernier domicile et l’accueil des membres de sa famille, qui l’avaient précédé dans l’au-delà.

« Adieu, Rovia, Adieu !» ne cessait de répéter Magloire Diop, l’un des anciens présidents de l’Union nationale de la presse sportive de Côte d’Ivoire (Unpsci) dont le défunt, fut le premier président.

Celui que les journalistes appelaient affectueusement ‘’Le président du monde mondial’’ (un terme qu’il aimait utiliser au cours des cérémonies officielles), laisse dernière lui une famille, tant biologique que professionnelle, inconsolable.

Désormais, la veuve Kanga Adjoa Béatrice, doit continuer à supporter 5 enfants dont l’aîné est Rovia Serges Arnaud, 31 ans et le dernier Rovia Christ Yoan Konan, 8 ans.

Sériba Koné envoyé spécial à Oko N’Dranouan

 

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