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[Scandale du tunnel d’Abobo] Le ministère se désengage et pointe du doigt les citoyens

Une vue des déchets sortis du caniveaux. Ph. Dr

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 9-4-2024 (crocinfos.net)—Suite à une publication largement diffusée sur les réseaux sociaux le lundi 8 avril 2024, aux environs de midi, mettant en lumière l’inondation du tunnel de la commune d’Abobo, le ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier se désengage de toute responsabilité et porte des accusations.

En réponse, dans un communiqué émis par le ministère accusé et également abondamment partagé sur les réseaux sociaux ce même lundi, le mis en cause se défend en déclarant : “L’inondation qui a suivi la pluie diluvienne de ce jour est malheureusement la conséquence d’actes d’incivisme de la part de certains de nos concitoyens.”

Ces propos sous-entendent que ledit ministère néglige l’aspect de l’entretien routier, ou bien que les caniveaux ne sont pas inclus dans ce domaine. En effet, le ministère se dégage totalement de sa responsabilité en déclarant : “Les regards destinés à l’évacuation des eaux pluviales ont été obstrués par les déchets jonchant la chaussée, comme le prouvent les images accompagnant cette publication.”

Le travail réalisé par l’équipe du ministère. Ph. Dr

Les Ivoiriens ainsi que l’opinion publique se questionnent sur les différentes responsabilités : Qui est chargé de l’entretien de cet ouvrage ? Le nettoyage des caniveaux fait-il partie intégrante de cet entretien ? Existe-t-il un plan spécifique à cet effet ? Autant d’interrogations parmi tant d’autres auxquelles le ministère se doit de répondre afin d’éclairer l’opinion publique sur ce scandale environnemental, d’autant plus préoccupant alors qu’Abidjan ne dispose que d’un seul tunnel.

‘’ Le ministère de l’Environnement est-il impliqué dans ce plan d’entretien, et à quel niveau ? Quel est le rôle de la Brigade de salubrité et de l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) ?’’

Les images diffusées montrent des agents d’entretien retirant des déchets solides des caniveaux. Le ministère de l’Environnement est-il impliqué dans ce plan d’entretien, et à quel niveau ? Quel est le rôle de la Brigade de salubrité et de l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) ? Le Fonds d’entretien routier est muet comme carpe sur le sujet. Que dire de l’Agence de Gestion des Routes (Ageroute) dont les missions se déclinent en 5 points essentiels ?:

– la surveillance du réseau routier ;

– la programmation des travaux d’entretien routier ;

– la gestion des projets (identification, préparation, contractualisation, coordination et supervision) d’investissement et d’entretien ;

– l’assistance et le conseil aux maîtres d’ouvrage ;

– la gestion de la Banque de données routières (BDR).

Cependant, le ministère rassure que “contrairement à ces affirmations, cet ouvrage, tout comme toutes nos infrastructures, est conçu et réalisé avec une expertise garantissant sa solidité et sa fiabilité.”

Le site gouvernemental entretienroutier.gouv.ci fournit davantage de précisions concernant la mission dévolue à ce ministère : “Le ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier, régi par le décret n° 2018-648 du 1er août 2018, est chargé de mettre en œuvre et de suivre la politique gouvernementale en matière d’équipement du pays en infrastructures dans le domaine des travaux publics. À ce titre, et en coordination avec les différents départements ministériels concernés, il est responsable des actions suivantes :

En ce qui concerne les routes et les ouvrages d’art : la maîtrise d’ouvrage, le suivi de la conception et de la réalisation des infrastructures du réseau routier, ainsi que leur entretien, et la réglementation de leur gestion.”

Les actes d’incivisme de la part de certains citoyens ne sont malheureusement pas un phénomène nouveau. Malgré les campagnes de sensibilisation, les moyens mis en place restent insuffisants (bacs à ordures, poubelles, etc.). De plus, même lorsqu’ils sont disponibles, ces conteneurs peuvent demeurer plusieurs jours, voire des semaines, sur les voies principales des communes sans être vidés.

Les travaux relatifs à l’échangeur du rond-point de la mairie d’Abobo ont consisté en la construction d’un tunnel de 200 mètres de long, accessible par deux rampes d’accès de 180 mètres chacune. D’un coût global de 83 milliards de francs CFA, ce tunnel, dont les travaux ont débuté en août 2021, est composé d’une chaussée à trois voies dans chaque direction, avec une hauteur libre de 4,82 mètres.

Le ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier se doit d’endosser la responsabilité de ce scandale en proposant des solutions pérennes, plutôt que de pointer du doigt l’incivisme des citoyens.

Kpan Charles

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